Réponse à un sceptique sur le changement climatique

Pas de haro sur les "écolos". Les "écolos" sont des gens comme vous et comme moi qui voient les signes du réchauffement climatique, comme nous en informent à longueur d'année maintenant, le GIEC et les 2500 scientifiques de toutes disciplines qu'il coordonne. Vous exprimez le point de vue de sceptiques. Le climat a toujours changé... exemples les Vikings au Groënland, la période chaude du début du 2è millénaire, le petit âge glaciaire du 16è et 17è siècles... Sceptiques qui nous disent qu'on peut continuer de faire comme si de rien n'était, le "business as usual" des anglais. Le petit âge glaciaire c'est du passé et c'était avant la révolution industrielle et sa formidable explosion depuis 5 décennies.

Ce qui a changé, c'est que nous émettons 7.8 milliards de tonnes de carbone (2007) - 28.6 milliards de tonnes de CO2 - dans l'atmosphère en brûlant charbon, pétrole et gaz accumulés dans les sédiments pendant des millions d'années et que cela augmente d'année en année. Ces 28.6 milliards de tonnes de CO2 sont absorbés par les puits que sont la biomasse terrestre et les océans, selon le schéma simplifié que voici; mais les scientifiques qui étudient le bilan carbone de la planète nous disent que chaque année une partie des 28.6 milliards de tonnes de CO2 n'est pas absorbée par les puits et que chaque année nous ajoutons 3.2-3.5 milliards de tonnes de carbone à l'atmosphère. Là est l'observation factuelle avec les connaissances scientifiques du moment. Ceux d'entre nous qui nous en sont convaincus - et c'est la grande majorité actuellement, n'en déplaise aux Claude Allègre, Laurent Cabrol, Michael Spielberg et autres sceptiques - disent: il faut s'adapter ce qui veut dire réduire notre dépendance à l'égard des combustibles fossiles et augmenter les efforts de recherche.

Chaque pays doit prendre sa part de l'effort car nous sommes tous interdépendants, par delà les notions traditionnelles de nations et de frontières artificielles.

Là où je suis d'accord avec vous et que je fustigerai certains aspects "écolos" c'est qu'il ne faut pas se tromper de cibles pour réduire notre consommation d'énergie. Mais avant cela, relativisons le nucléaire: la France consomme 176 millions de tonnes équivalent pétrole par an sous toutes formes; et 70% de cette de énergie (123.2Mtep) provient du pétrole et gaz - il y a encore 1.8% de charbon importé notamment pour les centrales thermiques du Havre et de Cordemais, 20% de l'électricité (35.2Mtep) et 10% (17.6Mtep) d'énergies renouvelables. Sur les 20% d'électricité 78% sont produits par la filière nucléaire; donc le nucléaire ne représente que 16% de la consommation d'énergie totale. Si la France est bien placée en électricité nucléaire ce qui réduit les efforts à faire pour diminuer notre consommation d'énergie, on ne va pas faire basculer toute la planète dans notre système. La raison principale en est - au delà des aspects sûreté nucléaire et de la crainte des populations - que les réserves d'uranium naturel sont très limitées. Les centrales utilisent de l'uranium enrichi à 5% appelé Yellow cake; si on voulait s'affranchir de cette contrainte il faudrait enrichir à 95% ce qui exige une technologie très avancée qui n'est pas accessible à tout les pays, mais alors on tombe dans une matière qui peut servir à faire des bombes atomiques. Or la communauté internationale, à travers le watchdog qu'est l'AIEA s'efforce d'empêcher cette évolution. Bref, l'extension du nucléaire au monde entier n'est pas envisageable et de toute façon cela ne concerne que 16% (pourcentage du monde, publié par l'AIE) de l'énergie consommée dans le monde sous forme d'électricité.

Cela étant dit, revenons aux cibles. Ce n'est pas par l'extinction des veilles de TV ou les lampes à faible consommation - qui au passage consomment plus d'énergie à fabriquer que les lampes à incandescence - ou par le photovoltaïque le solaire et l'éolien que nous allons diminuer dramatiquement notre consommation d'énergie fossile. Tous ces moyens, notamment les derniers contribuent mais de manière marginale. C'est dans trois domaines que nous devons agir: le chauffage des bâtiments, les transports routiers, maritimes et aériens, et les produits manufacturés. Ces 3 postes sont 70% de notre consommation d'énergie. A chacun de voir de manière responsable ce qu'il peut contribuer aux économies nécessaires: par la modération et la frugalité. Il est vrai que l'énergie pétrole abondante et bon marché, supposée sans impact sur l'environnement nous ont conduit à adopter le mode de vie que nous avons aujourd'hui ce qui a commencé après les années 60; la voiture est devenue indispensable à tout le monde, plus personne ne peut s'en passer. Les produits manufacturés sont devenus indispensables à tout le monde, y compris ceux qui viennent par avions cargo d'extrême orient ou d'amérique latine... Mais c'est précisément là qu'est le dilemme. Et les "écolos" et les "altermondialistes" se demandent si cela va durer éternellement d'autant que tous les gouvernants nous incitent à croire que oui et qu'il faut continuer de croître indéfiniment de manière exponentielle.

Le mouvement "écolo" est en pleine activité sur la planète avec les nombreux sites et associations qui s'emploient à exprimer leur vue des choses sur le changement climatique et ses conséquences pour la planète et l'espèce humaine. Ce sont les WWF, Greenpeace, SOS planète, Terre sacrée, Nicolas Hot, Mann Anthus Bertrand et bien d'autres encore. En revanche, le mouvement altermondialiste paraît un peu essoufflé ou rechercher un nouveau souffle. C'est parce qu'il a souvent été accompagné de violences extrêmes, comme à Seattle et à Gènes, que le mouvement altermondialiste a été discrédité par les média et les neolibéraux et ce pour continuer le "business as usual". Mais le changement des mentalités est le plus souvent impulsé par des mouvements qui commencent par être "minoritaires" avant que leurs idées se diffusent à travers la société et la civilisation toute entière.


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Mis à jour le 11/10/2016 pratclif.com