La charge de Claude Allègre contre le climatiquement correct 02/2009

Valeurs actuelles jeudi, 25/02/2010: Entretien réalisé par Eric Branca et Josée Pochat. L’ancien ministre poursuit son combat contre le catastrophisme écologiste dans son livre "l'Imposture climatique".
Dans son dernier ouvrage, "L'Imposture climatique ou la Fausse Ecologie", Claude Allègre démonte le mythe de la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique.

Le climat n’est pas à la botte des Verts. Certains de nos lecteurs se souviennent peut-être de cette phrase, écrite par notre ami André Bloch dans notre numéro du 15 août 2003, au coeur de la pire vague de chaleur que la France ait connue depuis les années cinquante. Loin de sous-estimer les conséquences dramatiques de cet épisode, André Bloch expliquait au contraire que le réchauffement climatique était un fait… Mais qu’il n’était qu’une péripétie de plus – courte ou longue, qui peut le savoir ? – dans la longue histoire d’un climat qui aura connu ses pires variations (lesquelles furent parfois des cataclysmes) quand l’homme et a fortiori l’industrie n’existaient pas !

Prudent, notre collaborateur avertissait toutefois : « La raison, qui doit se méfier des millénaristes de tout poil – en l’occurrence l’intégrisme vert –, doit aussi prendre en compte l’intérêt des générations futures en refusant de faire comme si tout devait, toujours, aller pour le mieux. »

N’est-ce pas très exactement ce que fait Claude Allègre, dont la démarche de scientifique, qui se refuse à toute caricature, pointe du doigt les vraies questions – celles sur lesquelles l’homme peut et doit agir, à savoir l’accès à l’eau, et la faim dans le monde ?

« Toutes les six secondes, rappelle-t-il, un enfant meurt de faim. Et chaque jour, dix mille personnes, par manque d’eau potable. » Pourtant, rappelle-t-il, « pas un seul chef d’État ne s’est déplacé au sommet sur l’eau ». Mais pas un seul, de fait,ne manquait à l’appel, en décembre dernier, au sommet de Copenhague sur le climat où il était de bon ton de se montrer, puisque, de Daniel Cohn-Bendit à Al Gore en passant par Nicolas Hulot, les arbitres de l’élégance écologique l’avaient recommandé…

Déjà, pourtant, l’édifice médiatique construit sur le postulat d’une responsabilité de l’homme dans le dérèglement climatique commençait à se fissurer : en novembre dernier, le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) était pris en flagrant délit de manipulation des données par des indiscrets ayant eu accès à ses courriels. Ce fut le début de ce que, outre-Atlantique, on appelle désormais le “climategate”. Où s’arrêterat- il ? Le 23 janvier, le Giec revenait sur l’une de ses prévisions les plus apocalyptiques concernant la fonte des glaciers de l’Himalaya. Et le 14 février, il admettait avoir péché par « imprécision » à propos de la superficie du territoire hollandais menacée de submersion par la hausse du niveau de la mer.

Que penser, en outre, de la démission spectaculaire du Néerlandais Yvo de Boer, chargé de ce dossier au sein de l’Onu, que ses amis présentent comme une coïncidence, mais qui pourrait être liée aux doutes croissants qu’inspire sa doctrine ?

Géochimiste, membre de l’Académie des sciences, titulaire, en 1986,du prix Crafoord (équivalent du prix Nobel dans sa discipline) et, en 1994, de la médaille d’or du CNRS,Claude Allègre, lui,n’a jamais varié. Ce qu’il nous dit ici n’en a que plus de valeur.

Pour l’ancien ministre socialiste, les politiques, de droite comme de gauche, sont tombés dans le piège des écologistes,qui imposent une idéologie dangereuse, inefficace pour l’environnement et handicapante pour l’économie. ÉRIC BRANCA

Valeurs actuelles : Quelles sont les conséquences des discours expliquant que la planète est en danger, auxquels vous ne croyez pas ? On nous prédit un bouleversement climatique dans un siècle. Que sont devenues les grandes prédictions de cette veine ? Claude Allègre : La météo nationale nous promettait un hiver méditerranéen, et il fait particulièrement froid. Après la canicule de 2003, on a entendu que c’était la première d’une longue série. Depuis, les étés sont normaux. Ces prévisionnistes mériteraient d’être poursuivis. C’est comme si l’Institut de physique du globe de Paris annonçait que toute la région autour de Menton risquait de subir un gros tremblement de terre. Immédiatement, le prix du foncier baisserait. On ne peut pas jouer avec ces sujets lourds de conséquences. Le moral des Français et des Européens est au plus bas. Au lieu d’avoir l’esprit d’entreprise, d’aller de l’avant, nous sommes, au nom de toutes ces peurs, dans le repli sur soi.

Quels sont les effets de ce moral en berne ? Le moral d’un pays est un facteur essentiel de son dynamisme économique. L’une des grandes forces des États-Unis, c’est que chaque Américain, aujourd’hui encore,se pense capable de changer le monde. En Europe, nous avons fabriqué une population de craintifs. On l’a bien vu très récemment lors de l’épidémie de grippe H1N1. Et rappelons-nous le grand bug de l’an 2000,quand on nous expliquait que les banques ne fonctionneraient plus,que les avions resteraient cloués au sol. Nous avons dépensé des sommes folles pour contrer ce soi-disant bug. J’étais ministre à l’époque, j’ai dû participer à trois Conseils ministériels où l’on me décrivait l’apocalypse à venir. Autre exemple, avec l’épisode de la vache folle, où l’on a quand même exécuté trois cent mille vaches. Un pays qui n’assume pas l’idée du risque n’avance plus. Le risque, c’est la vie.

Nous avons au contraire le culte du risque zéro. En Europe, la courbe de suicide des jeunes a considérablement augmenté. Dans ma génération, elle était marginale. Les jeunes se suicident parce qu’ils ne croient plus en l’avenir. C’est pourquoi je combats ces fausses peurs.

Les politiques, jusqu’à la droite, ont fini par adhérer aux thèses écologiques… Malheureusement. En entraînant les politiques dans cette croyance du réchauffement climatique, on a négligé les vraies priorités : l’eau, la faim dans le monde.Toutes les six secondes,un enfant meurt de faim dans le monde. Chaque jour, dix mille personnes meurent par manque d’eau potable. C’est terrible. Et pas un seul chef d’État ne s’est déplacé au sommet sur l’eau à Ankara. Ils n’ont même pas réussi à faire voter le principe du “droit à l’eau”.

À la place, on instaure la taxe carbone, qu’en pensez-vous ? Je pense que cette taxe, pour la France seule, ne sert à rien et n’aura aucun effet sur le climat. On réussira seulement à handicaper un peu plus nos entreprises. Maintenant, si l’on réussissait à faire une taxe carbone dans toute l’Europe en la réinvestissant dans le développement des économies d’énergie et des énergies nouvelles, ce serait positif. La taxe carbone aux frontières serait un moyen de taxer les importations. Ce sont des méthodes cachées pour retrouver un peu de protectionnisme. Car il faut appeler les choses par leur nom.

Iriez-vous jusqu’à dire que le Grenelle de l’environnement était inutile ? L’idée était bonne mais le projet n’a pas été bien mené, parce que le gouvernement s’est mis sous la coupe des écologistes. Ce qui a été fait dans l’habitat, en proposant des déductions fiscales à ceux qui isolaient leur logement, est à mon sens positif. En revanche, le Grenelle a malheureusement fait l’impasse sur le nucléaire de quatrième génération. La technologie actuelle, qui produit beaucoup de déchets, n’est pas satisfaisante. Rien n’a été dit, non plus, sur la géothermie, pour chauffer les bâtiments. Associée au photovoltaïque, cette technologie permet quasiment de rendre les bâtiments autonomes en matière énergétique. Impasse sur l’eau, encore, et sur les OGM, alors que l’agriculture française est en péril. On demande aujourd’hui aux agriculteurs de respecter des normes sur les pesticides. Pour répondre à ces exigences, les OGM sont nécessaires. Ils consomment moins d’eau et permettent d’éviter les pesticides. Or, on les interdit. Résultat, le Grenelle de l’environnement handicape l’économie française. Les écologistes ont gagné,nous sommes aujourd’hui dans leur idéologie, celle de la décroissance.

Vous allez finir par nous faire croire que les écologistes sont dangereux… Leur grande imposture, c’est d’avoir fait croire que la priorité numéro un était la lutte contre le soi-disant réchauffement climatique. L’être humain s’est toujours adapté aux variations. N’oublions pas que le froid tue plus que le chaud. Il y a deux mois, on n’en a quasiment pas parlé, mais une vague de froid a fait deux cents morts à Varsovie. Depuis le sommet de Kyoto, on multiplie les colloques, les rapports et les réunions, sans agir. Les écologistes, j’en suis persuadé, veulent détruire la société dans laquelle nous sommes. Ils sont effectivement dangereux. Leur idéologie ressemble beaucoup au communisme. L’idée de départ était généreuse et on voit ce qu’elle a donné. Le principe selon lequel il faut s’occuper de la planète est similaire. Qui peut s’élever contre la volonté de sauver la planète ? La fin du communisme a laissé un vide idéologique et tous les protestataires se sont reconvertis dans l’écologie. C’est là que Sarkozy a fait une faute politique majeure en pensant qu’il réussirait à les séduire. Il n’y arrivera jamais. En revanche, en les promouvant, il va probablement assurer la défaite de Valérie Pécresse en Île-de-France.

La gauche n’est-elle pas encore plus enfermée que la droite dans ce discours écologique ? Les socialistes n’ont plus de discours écologique depuis des années, pendant lesquelles ils n’ont ni réfléchi ni travaillé. Maintenant, ils sont coincés dans leur alliance avec les Verts, dont ils ont besoin des voix. Ils ne peuvent que s’aligner. Seul Benoît Hamon a commencé à émettre des doutes sur le réchauffement climatique. Yves Cochet a encore, il y a quelques semaines, milité pour la suppression des allocations familiales après le premier enfant, en expliquant qu’un Français, en terme de pollution, vaut dix Congolais. Selon lui, le développement de la population africaine n’est pas un problème parce qu’elle ne pollue pas. Mais il faut stopper la progression de la population française. On est tombé sur la tête. Heureusement, les Français croient de moins en moins à la thèse du réchauffement. C’est un premier pas vers la raison.

A lire également dans Valeurs actuelles, notre compte-rendu de L'Imposture climatique ou la Fausse Ecologie, de Claude Allègre, Plon, 300 pages, 19,90 €.
Et sur ce site, nos précédents articles sur le catastrophisme écologique :
Arrêtons de nous faire peur et
Réchauffement climatique : ce qu'on ne vous dit pas


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Mis en ligne 28/02/2010 par Pierre Ratcliffe. Contact: Portail: http://pratclif.com  paysdeFayence: http://paysdefayence.blogspot.com   mon blog: http://pierreratcliffe.blogspot.com