La société est infiniment complexe.

Elle est faite d'abord d'individus libres - hommes et femmes de toutes conditions et de tous âges et de tous temps - qui agissent en vue de parvenir à des fins - le bonheur et la prospérité pour eux et leur progéniture, en utilisant leur intelligence, l'action et tous les moyens de leur temps à leur disposition. En agissant ainsi, ils rencontrent d'autres individus qui ont les mêmes inclinations. Ils se comportent alors, par l'échange, de manière à ce que leurs relations soient un succès partagé. Les individus se rassemblent en familles à partir du noyau familial formé par le couple homme-femme et la venue d'enfants, résultat de l'acte de procréation et de l'échange sexuel.




Les individus se rassemblent dans des corps sociaux organisés que sont des institutions, créés développés et entretenus par eux, mais qui exercent sur eux une force de coercition intellectuelle par les idées, et physique par l'exercice de la force. Les institutions ont pour but d'agir afin d'atteindre des objectifs communs, qui accroissent les satisfactions individuelles et collectives, ce qui constitue pour les divers corps sociaux organisés - les institutions, et les individus qui les composent, le succès. Comment les institutions assurent la paix et la prospérité de tous? Plus d'un tiers des habitants de la planète vivent actuellement dans la pauvreté et la souffrance. Environ 26 pays sont actuellement en guerres civiles, avec des souffrances constantes de leurs peuples. Pour que les pays soient en paix et assurent la prospèrité de leurs habitants, il doit exister des institutions qui assurent à tous les groupes sociaux de participer et de bénéficier des richesses produites. Les institutions doivent veiller à ce que les dirigeants politiques soient tenus responsables des résultats de leurs décisions, de celles qui sont bénéfiques comme de celles qui sont néfastes. De telles institutions sont "inclusives" par opposition à des institutions "extractives", c'est à dire au bénéfice de groupes sociaux restreints.


Les idées des individus et des institutions sont la base de l'organisation sociale de toute société. La première contrainte sociale d'une société est sa langue par laquelle s'expriment toutes les idées. Il est très difficile pour un individu isolé de modifer voire d'influer sur le corps des idées qui font la société. Seuls quelques uns y parviennent. Comme disait le philosophe allemand Arthur Schopenhauer (1788-1860), "Toute vérité franchit trois étapes. D'abord, elle est ridiculisée. Ensuite, elle subit une forte opposition. Puis, elle est considérée comme ayant été une évidence." C'est comme cela depuis toujours, notamment depuis Aristote.

Les corps sociaux et les institutions qui veulent imposer une organisation forcée qui se révèle nuisible à la liberté des individus et à l'efficacité de la société, sont honnis. Il en est ainsi de l'État et quand certaines institutions dépassent les limites de respect des libertés individuelles: des syndicats, des partis politiques, et des associations. Toutes les révolutions issues de corps sociaux organisés autoritaires ont échoué ou sont vouées à être rejetées. Les institutions doivent évoluer au cours du temps pour s'adapter aux changements continuels de la société. Il en a été ainsi de l'empire romain, de l'église catholique et de la papauté; il en sera ainsi des institutions qui sont la société d'aujourd'hui.

La société est en perpétuelle évolution mais la plupart des penseurs en ont une vision statique plutôt que dynamique. Une société statique est une société où la population n'évolue pas en effectifs et se renouvelle de génération en génération sans changement dans le nombre, la qualité et les fonctions des individus. Peu de sociétés humaines aujourd'hui sont comme cela; je pense au système des castes indien, aux pygmées, aux boshimans, aux amazoniens, aux papouasiens. Nos sociétés modernes sont dynamiques mais il y a deux sortes de dynamique. Une dynamique rythmée caractérisée par des cycles au dessus et en dessous d'un état plus ou moins stable. Une dynamique de progrès ou de déclin qui peut aussi avoir des cycles. Nous avons connu, depuis la révolution industrielle commencée il y a deux siècles, une dynamique de progrès continu avec des cycles, grâce à l'énergie facile à atteindre , peu coûteuse à extraire et à distribuer.

L'énorme réservoir de connaissances distribuées dans les cerveaux de tous les individus vivants et morts depuis Aristote et bien avant, commence à être disponible à tous et peuvent être échangés par l'internet, les réseaux sociaux, le smart phone, le cloud. Il est impossible à un individu et un corps social d'avoir en tête toutes les connaissances accumulées par l'humanité sur quel que sujet que ce soit. Il est impossible d'organiser toutes ces connaissances de manière "rationnelle" dans un plan directeur et de l'imposer comme une doctrine devant être adoptée par tous par coercition. Chacun doit seulement acquérir les connaissances nécessaires pour agir, afin d'atteindre ses objectifs de bonheur et de prospérité, et continuer ainsi toute la vie durant. La vie est une succession de succès et d'échecs, de réussites et de frustrations, une succession de circonstances continues, seconde après seconde, minute après minute, heure après heure, jour après jour, année après année.... de la naissance à la mort.

Nous sommes peut-être au début d'une dynamique de déclin car nous devons nous adapter aux changements que nous avons créés par nos techniques et notre nombre - beaucoup d'indicateurs tendanciels en France, en Europe, États-Unis, Japon et dans le reste du monde le suggèrent. L'époque de l'énergie facile que nous avons connue est terminée; nous devons nous adapter en retrouvant de l'énergie facile, ou sinon changer de mode de vie.


Created on ... mars 06, 2025