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Vieillissement et dépopulation

Le monde est en train de connaître un problème démographique sans précédent dans l'histoire de l'humanité, la conjugaison d'un vieillissement de la population et la diminution de la population de certaines nations. Les démographes européens sonnent l'alarme depuis plus de 30 ans sur la possible diminution de la population des pays industrialisés. Mais le problème ne résonne dans les discours publics que depuis quelques années seulement.

Beaucoup d'experts non démographes de ces pays étaient conscients que leurs populations vieillissaient, mais ils ne faisaient pas la relation entre le vieillissement et la dépopulation.

Au cours des années récentes, la prise de conscience d'une possible diminution de la population a augmenté, en grande partie à cause de rapports qui suggèrent que les populations de nombreux pays d'Europe et le Japon diminueraient de façon importante au cours des 50 prochaines années, et à cause de la publication de chiffres de population en baisse en Espagne, Italie, et Russie et autres pays d'Europe.

La carte suivante montre la répartition géographique de la population âgée de 65ans et plus dans le monde en 2000.

Les projections démographiques faites jusqu'en 2030 suggèrent que 11 pays perdront au moins 1 million d'habitants au cours des 30 prochaines années. La Russie est la plus touchée avec une baisse de sa population de 12 millions (-8.2% par rapport à 2000), (Voir rapport Eurostat). suivie par le Japon avec 11 millions (-8.7% par rapport à 2000). Les populations de la Russie et du Japon en 2000 sont respectivement de 146.7 et de 126.7 millions.

Les projections de diminution de la population ne résulteront pas uniquement de déclins de la fécondité des femmes. En Afrique le taux de fécondité reste élevé, de l'ordre de 5.5 enfants par femmes, contre 2.4 déjà en Asie et 2.1 en Europe. C'est la persistance de mortalité élevé, et notamment le Sida qui provoquera une baisse des populations. En Afrique du Sud, la projection est une baisse de 10 millions en 2030 (-22.7% par rapport à 2000) à cause principalement du Sida. La population de l'Afrique du Sud est de 44.07 millions en 2000.

Cela étant, le vieillissement et la dépopulation seront néanmoins un phénomène des pays développés. Mais il est possible que le phénomène gagne de plus en plus de pays de la planète, notamment la Chine.

La persistance de taux de fécondité en dessous du remplacement des générations peut-elle être arrêtée? Doit-on encourager l'immigration pour arrêter le vieillissement de la population et le déclin démographique?

Il n'existe pas de réponses nettes à ces questions. Un certain nombre de théories tentent d'expliquer les raisons des faibles taux de fécondité du monde moderne; ces théories mettent l'accent sur le refus des risques, les valeurs matérialistes, et l'égalité des sexes. (1)

Une étude conduite sur plusieurs pays à faible taux de fécondité a mis en évidence le fait que dans très peu de pays le taux de fécondité se stabilise au dessus de 2 enfants par femme. (2)

Un tel équilibre nécessiterait une plus grande fréquence de familles à 3 enfants et plus. Mais les familles de 3 enfants et plus sont de plus en plus anachroniques dans les pays industrialisés.

La conclusion de ces études serait que le taux de fécondité serait peu susceptible de remonter de manière significative; mais il faut se rappeler que peu de démographes avaient anticipé le baby boom d'après la deuxième guerre mondiale, dont les effectifs vont encore accélérer le vieillissement des populations des pays industrialisés.

Les gouvernements des pays à faible fécondité ont mis en oeuvre différents dispositif pour augmenter la fécondité, notamment des incitations financières aux naissances supplémentaires (France), des réductions d'impôts, ou d'avancement de l'âge de départ en retraite ou de majoration de son montant, ou encore des avantages comme l'accès à des logements subventionnés. Il y a aussi des dispositifs de congés maternité ou paternité (Suède) et des systèmes de garde d'enfants. Sans oublier la législation sur l'égalité des sexes en matière de droit du travail et de rémunération.

Ces politiques ont eu des impacts faibles dans les états autoritaires comme le Russie, l'ex Allemagne de l'Est, et des impacts réels mais limités dans les démocraties libérales comme la France ou la Suède. (3)

En l'an 2000, une étude des Nations Unies a conclu que l'immigration n'était pas une solution suffisante pour éviter le vieillissement et la diminution de la population. (4) Les experts des Nations Unies ont trouvé que l'immigration ne pouvait atténuer l'impact du vieillissement que si elle était associée à d'autres mesures pour encourager la hausse de la fécondité et/ou augmenter le taux d'emploi, notamment celui des femmes.

On trouve ici le tableau vieillissement et prévisions 2009-2050 publié par les NU Division population sur les bases de statistiques 2009. Cliquer.


Références

1. Peter McDonald, “Sustaining Fertility Through Public Policy: The Range of Options,” Population 57, no. 3 (2002): 417-46.

2. National Research Council, Beyond Six Billion: Forecasting the world’s Population, ed. John Bongaarts and Rodolfo A. Bulatao (Washington, DC: National Academies Press, 2000).

3. Michael S. Teitelbaum, “Long-Range Demographic Projections and Their Implications for the United States,” in United Nations Expert Group Meeting on Policy Responses to Population Ageing and Population Decline, ed. United Nations (UN) Population Division,
ESA/P/WP.163 (New York: UN, 2000): 17/1-11.

4. UN Population Division, United Nations Expert Group Meeting on Policy Responses to Population Ageing and Population Decline.


Mis à jour le 23/02/2010 par Pierre Ratcliffe. Contact: (pratclif@free.fr)


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Mis en ligne le 21/07/2010 par Pierre Ratcliffe.