Démographie: étude de la dynamique et de la géographie des populations (2/4)

La population mondiale est constituée des populations continentales, régionales et à l'intérieur de celles-ci de sous-divisions nationales. Toutes ont leurs cultures lesquelles sont imbriquées les unes aux autres. Depuis une époque plus récente, on s'intéresse à l'évolution de la population de l'homme moderne que nous sommes, ou "Homo.sapiens.sapiens" à travers les âges, depuis les temps préhistoriques et les temps historiques, jusqu'à nos jours, et aux perspectives pour le futur. En effet, on observe depuis la fin de la révolution industrielle et surtout depuis les années 1950, une véritable explosion de la population mondiale. 1.65 milliards au début du 20è siècle, 2.5 milliards en 1950, 6.5 milliards en 2006, 8 milliards prévus en 2030, et plus prospectif encore 9 milliards en 2050. Voir ce graphique. La planète pourra-t-elle supporter encore longtemps cette croissance de notre espèce, surtout avec la croissance de consommation matérielle et de niveau de vie qu'on observe en même temps. Car c'est la conjugaison de la croissance de la population et de la consommation de ressources par habitant qui est le fond de la question. Voir prospective jusqu'en 2050.

Il est intéressant de noter que dans les années d'avant la 2è guerre mondiale où on ne disposait pas de statistiques mondiales par pays, la théorie était que les pays européens avaient une population croissante et que les pays du Sud avaient une population stagnante. Les européens "blancs" devaient peupler les pays du sud par la colonisation et leur apporter les bienfaits de la "civilisation". Ces thèses étaient développées par les démographes anglais David Class et Carr-Saunders. Après la guerre, c'est le contraire qui prévalut cad. la stagnation des pays développés et l'explosion des pays non développés.

Mais d'abord une réflexion sur l'espèce humaine. Nous sommes aujourd'hui en 2007 6.6 milliards sur la planète et, au rythme d'accroissement actuel, notre nombre continue d'augmenter de 77.8 millions chaque année, soit l'équivalent d'une Turquie tous les ans (+1.2% d'accroissement naturel). En de multiples endroits du monde, la population exerce une pression de plus en plus grande sur les ressources disponibles; l'eau, les forêts, les terres arables, les ressources naturelles. C'est toujours plus de combustibles fossiles à extraire et à brûler; toujours plus de CO2 dans l'atmosphère, lié au changement climatique, (voir distribution des teneurs en CO2 selon satellite de la NASA), toujours plus de déchets, de polluants toxiques, etc. Voir les problèmes planétaires liés à la croissance de la population.

Sans les caractères qui font de nous une espèce unique dans l'histoire géologique et de l'évolution de la vie au cours des 4.5 milliards d'années de la planète, nous serions comme nos cousins les chimpanzés, avec qui nous partageons 98.5% de nos gènes, une toute petite population quelque part en Afrique, de la taille d'une petite ville de province. Voir origines d'Homo.sapiens.sapiens. Mais les 1.5% de gènes différents ont fait de nous des hommes 100% modernes. Bipèdes, les mains libres, dotés de la capacité du langage articulé et d'un cerveau, nous nous sommes libérés de la machine de l'évolution Darwinienne, la sélection naturelle, et nous avons suivi notre propre processus de développement, unique parmi toutes les formes de la vie: l'évolution culturelle. Croissez, multipliez vous, dominez la terre et les animaux, nous disait la bible naguère. Avec tout cela, nous avons progressivement peuplé la planète entière, ce qu'aucune forme de vie n'a pu faire et nous sommes 6.8 milliards en Juillet 2010 (une estimation bien sûr); serons nous 8 milliards en 2030, plus de 10 milliards en 2050? est-ce possible? Quand je suis né en 1935, nous étions 2.0 milliards. Voir les estimations de la division population des Nations Unies révisées 2008 (série 1950-2050 100 ans) (lien , parcourir pays par pays et en bas les aggrégats):

NB: hypothèses - médian, haute et basse - avec évolution de la fécondité et hypothèse avec maintien de la fécondité.

Affranchis de la "sélection naturelle"? Les biologistes moléculaires et les généticiens nous le disent (lire Steve Jones "The language of genes") car nous avons quasiment vaincu les maladies infectieuses qui tuaient 50% de nos petits avant la 5è année, nos chances de dépasser 20 ans sont quasi 100% et nos chances de dépasser 80 ans très grandes; nous mourrons maintenant de maladies dégénératives, dues à nos gènes ou à des mutations de ceux-ci; et le processus de spéciation, qui dépend de l'isolement des populations et de leur séparation génétique, n'existe plus; au contraire le mélange des populations et des pools génétiques est devenu la règle. Lire de Ian Tattersall "the fossil trail".

Pour entrer plus dans les détails sur nos origines, on peut préciser l'opinion aujourd'hui de la plupart des paleoanthropologues et des généticiciens spécialistes en matière d'origine des populations. Notre espèce humaine appelée homme moderne, serait apparue il y a environ 120 000 ans dans la partie Est de l'Afrique, au niveau du rift et des grands lacs, au cours de la dernière grande glaciation du quaternaire.

Les scientifiques, géologues, anthropologues, aidés par les physiciens pour les méthodes de datation radiomètrique, étudient depuis 150 ans les fossiles d'hominidés que l'on trouve dans divers endroits de la planète. Morceaux de crane, ou d'os trouvés éparpillés dans le reg, ou dans des grottes, dans l'Est de l'Afrique. Ils tentent de classer les débris ainsi trouvés selon la forme des cranes, la taille des os. Des désaccords nombreux subsistent quant à la classification adoptée et au rangement de tel ou tel fossile dans telle ou telle catégorie.

Le diagramme suivant montre ces classifications. Elles témoignent de l'évolution qui aurait conduit jusqu'à nous par un long processus de 7 millions d'années avec différentes branches; le résultat de cette évolution aujourd'hui est indiqué comme suit.

Un de nos ancêtres "homo erectus" , serait apparu, il y a 1.5-1.8 millions d'années également en Afrique pendant l'époque glaciaire. Le niveau des mers était alors 80-100m plus bas qu'aujourd'hui et les glaces descendaient du pôle nord jusqu'au bord de la méditerrannée actuelle, laissant quelques "refuges" où la vie pouvait subsister.

A mesure que le climat a évolué, avec le réchauffement de la planète et le retrait des glaces vers le nord, Homo.erectus, aurait essaimé vers l'Asie et l'Europe comme en témoignent les fossiles découverts dans de nombreux sites, notamment à Java et en Chine. Le livre de Ian Tattersall "the fossil trail" donne une remarquable histoire de toutes ces découvertes, et des discussions entre les scientifiques pour les classer en espèces.

Les scientifiques français les plus éminents dans ce domaine sont Yves Coppens et Pascal Picq, qui ont publié le livre "de l'apparition de la vie à l'homme moderne"

Les conditions environnementales (climat, habitat et ressources alimentaires) n'étaient guère favorables à la croissance numérique ni à la dispersion des individus "Homo sapiens" à l'échelle continentale et encore moins planétaire; ces conditions ne permettaient qu'une dispersion régionale. Au début, Homo sapiens vivait en petits groupes préfigurant nos communautés ethniques et culturelles actuelles. C'est sans doute à cause de variabilité génétique naturelle que sont apparues les "races", simples variations de traits apparents - les génotypes - tels que couleur de peau liée à la proportion plus ou moins grande de mélanine, la couleur et la texture des cheveux, la forme du visage et des yeux... Selon le principe, qui se ressemble s'assemble, les individus aux traits apparents semblables se seraient groupés en petites communautés, s'isolant les unes des autres par la géographie, se reproduisant et créant ainsi un pool génétique homogène. Il en serait allé de même par la suite pour le langage, et pour les pratiques culturelles les plus marquantes comme la religion, la crainte de la mort, le traitement des défunts, le culte des ancêtres, la fabrication d'outils de pierre taillée.... Voir ce document important de Claude Levi-Strauss sur "Races, histoire et culture".

La carte suivante montre les migrations d'Homo.sapiens résultant d'études scientifiques de la distribution du chromosome Y transmis par les hommes (carte du livre de Stehen Oppenheimer "out of Eden". La carte suivante montre ces migrations résultant d'études scientifiques de l'ADN mitochondrial transmis par les femmes. Les différents points alpha indiqués correspondent à des sites où ont été découverts des fossiles d'Homo.sapiens.sapiens.

Ce sont là les premières migrations qui ont caractérisé notre évolution; migrations qui n'ont pas rencontré de barrières sociales, politiques et économiques comme aujourd'hui.

Aujourd'hui, après 120 000 ans, nous formons, génétiquement, une seule espèce cad. que tous les individus sont interféconds. Grâce à l'évolution culturelle et aux sciences et techniques que nous avons développées, nous nous mélangeons de plus en plus par nos cultures et la divesrité des cultures est une richesse qui contribue au succès de l'espèce humaine (lien) . La séparation en petits groupes isolés où la sélection naturelle pourait opérer est donc devenue impossible. Ce qui fait dire à certains scientifiques que notre évolution s'arrête.

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Mis à jour le 15/05/2021 pratclif.com