Bouddhisme

Extrait de Figaro Magazine 59, 2 septembre 2006
avec annotations en italiques

Le Tibet, toit du monde, par son peuple, sa culture et ses paysages, reste une source d'inspiration et d'espoir pour l'humanité. Certes, il a maintenant atteint cette frontière fluctuante entre tradition et modernité. S'il est capable de maintenir l'essence de ses traditions, de sa culture bouddhique, tout en adoptant les aspects bénéfiques du monde moderne en termes de santé et d'amélioration des conditions extérieures de vie, alors il aura su franchir l'obstacle et continuera à offrir sa contribution au patrimoine mondial. A cette fin, il devra faire face au double défi de résister à la sinisation qui lui est imposée - les chinois veulent éradiquer le bouddhisme du Tibet car il est perçu comme une théocratie archaïque, la population devant entretenir les moines et les monastères avec leurs maigres ressources économiques -, et à la dérive culturelle qui lui ferait adopter les aspects les plus mercantiles de la culture occidentale.

Au fil des siècles, le bouddhisme, et les méditants tibétains en particulier, ont développé une science contemplative dont la qualité et l'efficacité commencent maintenant à être étudiées et reconnues par les meilleurs spécialistes des neurosciences. L'accent qui a ainsi été mis sur l'entraînement et la transformation de l'esprit a conféré une qualité toute particulière à la civilisation tibétaine. Comme le rappelle souvent le dalaï-lama, cet héritage n'est pas seulement celui de six millions de Tibétains, mais celui de l'humanité tout entière. A ce titre, il mérite amplement d'être préservé car il est pertinent, notamment pour le monde aujourd'hui. Voir le site du Dalaï Lama.

Encore faudra-t-il qu'après avoir été conquis de l'extérieur par une puissance étrangère, les Tibétains ne se laissent pas dominer de l'intérieur par les aspects les moins positifs du monde contemporain : la recherche insatiable de l'argent, du pouvoir, de la renommée, et des conditions matérielles qui, à elles seules, ne sauraient assurer un bien-être durable. L'avenir seul dira si le regard de compassion des sages du Tibet saura encore éclairer le monde et si les Tibétains eux-mêmes sauront encore l'apprécier à sa juste valeur.


Voir sur ce site: Le Bouddhisme : est-il religion, philosophie, morale, science?

Découverte du bouddhisme

Site de l'Université Bouddhique Européenne

J'en reproduis ici deux extraits qui me paraissent particulièrement significatifs pour mon propos:

  1. Qui est Bouddha ? "Bouddha" est un titre honorifique attribué à tous les êtres qui, par leurs propres efforts, ont atteint l'Eveil, la "bodhi". Employé de manière absolue, "le Bouddha" désigne un homme en particulier, Siddharta Gautama, dont l'enseignement a donné naissance à ce que l'Occident appelle "bouddhisme" et qu'on connaît en Orient sous le nom de Bouddha-Dharma, "l'enseignement du Bouddha". Siddharta Gautama aurait vécu à la charnière des Ve et VIe siècles avant Jésus-Christ. Sa vie s'articule (comme tous les Homo.sapiens.sapiens) autour de quatre épisodes essentiels : la naissance, l'Éveil, la première prédication, enfin la mort. Selon la chronologie la plus couramment acceptée, il serait né en 566 avant notre ère, près de Kapilavastu (bourgade située sur la frontière actuelle entre l'Inde et le Népal), il aurait obtenu l'Éveil en 531, à Bodhgayâ, aurait donné sa première prédication quelques temps plus tard à Sarnath, près de Bénarès, avant de mourir à l'âge de quatre-vingts ans, à Kusinagara, dans l'Inde du Nord.
  2. Une religion, généralement, s'appuie sur la croyance en l'existence d'un dieu, créateur du monde et de l'homme. Elle fournit une explication "extérieure", que l'homme subit et à laquelle il doit s'adapter. Pour être "sauvé", celui-ci doit entrer en communication avec ce dieu et respecter ses commandements. Le Bouddhisme, lui, présente une explication "intérieure": sa vision du monde et sa propre vie dépendent de chaque homme. L'homme est ainsi seul responsable de son illusion et de sa souffrance, mais aussi seul responsable de son "salut", qui dépend de son engagement et de sa pratique pour échapper à l'illusion.

A la lecture de ce qui précède, le Bouddhisme est une réponse bien différente de celle des Juifs, des Chrétiens et des Musulmans, aux questions existentielles et à la souffrance et la conscience de notre mort individuelle qu'elles entretiennent dans notre cerveau. La réponse est, dans la prise de conscience intérieure et l'observation chez nos congénères, que tout réside dans notre cerveau et dans la manière dont il réagit dans l'environnement géographique, physique et culturel, où chacun de nous est placé. Il s'agit donc de le comprendre et de parvenir ainsi à accepter nos souffrances qui résultent du fonctionnement de notre cerveau aboutissement de millions d'années d'évolution qui ont conduit à notre espèce Homo.sapiens.sapiens.

Comme tous les hommes qui, par leur capacité intellectuelle supérieure aux autres, ont su proposer des réponses aux questions que nous nous posons sur le monde et sur nous-mêmes, Bouddha vivait dans un environnement donné, à une époque donnée et dans une culture accumulée à cette époque par tous ceux qui vivaient en même temps que lui. Il a répondu à sa manière et avec son propre génie à une de nos questions essentielles.

Sa réponse a plu car elle fut jugée pertinente par ses contemporains; après sa mort, ceux qui l'avaient connu ont continué de diffuser cette réponse pertinente, qui est devenue "le bouddhisme". Ce sont les tibétains qui l'ont systématisé le plus. Le Tibet, une des régions du monde où les conditions environnementales sont les plus hostiles à l'implantation et la croissance des sociétés humaines, à l'instar des régions circum-polaires de l'arctique, a dû s'adapter a ces conditions de génération en génération, accepter l'isolement, la faible disponibilité des ressources naturelles. Ces conditions ont fait que le concept de "croissance exponentielle" propre à nos civilisations occidentales, ne pouvait pas être adopté culturellement. C'est pourquoi, le bouddhisme et sa version tibétaine en particulier, est justement une réponse pertinente aujourd'hui, à la question "comment concilier développement économique et développement durable".

D'autres grands hommes ont répondu aux questions de notre espèce. Je cite pêle mêle, Jesus Christ, Mahomet, les prophétes de l'ancien testament, Saint Paul, St Thomas, St Augustin, Aristote, Pythagore, Platon, Diogène, Hippocrate, ... Copernic, Galilée, Descartes, Voltaire, Rousseau, Bacon, Newton, Darwin, Einstein.... ouf je m'essoufle et j'arrête, car il y en a tant d'autres. Tous n'ont pas fondé de religion, mais tous ont contribué à ce que nous sommes culturellement dans nos espaces nationaux, régionaux et planétaire. Personne ne peut enfermer les connaissances dans son cerveau individuel, mais par la diffusion des memes chacun peut contribuer à la progression de l'humanité toute entière.

Il y a forcément dans une idéologie - le Bouddhisme - formulée il y a plus de 2 500 ans des éléments qui relèvent de la croyance non vérifiée par des observations factuelles disons scientifiques. Il en est ainsi de la réincarnation, mais qui n'est pas propre aux bouddhistes. C'est l'idée selon laquelle la conscience - accumulation de savoirs et d'expériences tout au long de la vie d'un individu, intégré dans son milieu naturel et culturel - se réincarne dans un Homo.sapiens.sapiens nouvellement engendré. Voir ce lien sur la réincarnation. L'idée trouve son summum dans la réincarnation du Dalaï Lama. C'est une idée qui, aujourd'hui, paraît plus facile à croire que la résurrection des morts le dernier jour, lorsque Christ viendra juger les vivants et les morts, idée forgée aussi il y a deux mille ans. Entre temps Darwin est passé par là. Il a expliqué comment l'évolution, par la sélection naturelle et la sélection sexuelle, avait conduit à notre cerveau. Par cet attribut unique dans le monde du vivant, nous nous sommes progressivement affranchis des lois de la sélection naturelle, échappant à nos prédateurs, apprenant à nous nourrir avec l'invention de l'agriculture et de l'élevage, puis apprenant à échapper aux épidémies conséquences de l'adoption de l'agriculture et de l'élevage. Par le langage articulé que permet notre cerveau puis l'écriture pour coder ce langage, nous avons porté au summum l'évolution culturelle, transmettant de plus en plus les savoirs et connaissances de générations en générations et transformant toujours plus les ressources naturelles pour notre service. Tout cela s'est accéléré depuis l'époque industrielle il y a deux cents ans, et plus encore au cours de 50 dernières années. De tout cela, il résulte que notre population explose de même que la consommation de ressources par tête et que l'on commence à se demander si l'accroissement de cette population et de ses activités ne menacent pas notre place dans l'équilibre de la planète.


Mis en ligne le 02/09/2007 par Pierre Ratcliffe. Contact: (pratclif@free.fr) sites web http://paysdefayence.blogspot.com et http://pierreratcliffe.blogspot.com