Rapport Champsaur-Cotis:introduction
La crise économique que traverse notre pays est certes une crise mondiale, mais elle affecte
d’autant plus fortement nos finances publiques qu’elles étaient déjà fragilisées par plus de
trente années de déficit ininterrompu et par une dette publique progressant à un rythme
significativement plus élevé que celle de nos principaux partenaires. L’encours de cette dette
a été multiplié par 18 entre 1978 et 2008 ; sur la même période, sa part dans le produit
intérieur brut (PIB) est passée de 21,1 % à 67,4 %. Les difficultés économiques actuelles sont
venues aggraver encore ces déséquilibres budgétaires, avec un déficit public de 7,5 % du PIB
et une dette au sens de Maastricht de 77,6 % du PIB en 2009.
Voir cette étude de la dette que j'ai effectuée en liaison avec André Jacques Holbecq (lien)
La France se trouve donc aujourd’hui confrontée à des déséquilibres macroéconomiques et
budgétaires de grande ampleur, qui ne se résoudront que dans la durée et au prix d’une très
grande continuité de nos politiques publiques.
Le présent rapport comprend quatre parties :
- la première partie retrace l’évolution de nos finances publiques de 1978 à 2008, qu’il
s’agisse de solde public et de dette. Elle analyse les composantes par nature de la
dépense publique et les grandes lignes de nos politiques en matière de prélèvements
obligatoires. Elle suggère que la dégradation de nos finances publiques est tout autant
due à une maîtrise insuffisante de la dépense qu’à des allègements de prélèvements
obligatoires décidés parfois à contretemps ;
- dans une deuxième partie, sont détaillées les évolutions propres à chacun des soussecteurs
des administrations publiques : État et organismes divers d’administration
centrale, administrations de sécurité sociale et administrations publiques locales. Cette
analyse met en évidence les dynamiques spécifiques de dépenses et de recettes par
sous-secteurs, ainsi que leurs fortes interactions, notamment – mais pas uniquement –
par le biais des transferts financiers entre administrations. Elle souligne aussi, en cette
période de grandes difficultés, le défaut de coordination entre les différents acteurs de
la dépense publique faute d’instruments appropriés permettant de l’assurer ;
- la troisième partie se veut prospective : elle vise à identifier les risques de dérive de nos
finances publiques au sortir de la crise financière, dans un contexte où l’impact du
vieillissement se fera fortement ressentir. À titre illustratif, sont évalués les efforts à
accomplir pour stabiliser la dette publique à un niveau de 90 % du PIB à l’horizon de
2020. Même dans un scénario macroéconomique favorable et à l’horizon considéré, ces
efforts dépassent ceux nécessaires pour rééquilibrer les seuls régimes de retraite ;
- la quatrième partie aborde l’impact des finances publiques sur nos perspectives
économiques. Elle s’attache notamment au risque d’insoutenabilité de la dette publique
et à ses conséquences sur la croissance. De ces analyses, il ressort que pour retrouver
une croissance économique soutenue, le retour à des finances publiques maîtrisées est
indispensable.
Mis en ligne le 08/08/2011