Dolly, c’est l’application d’une méthode de sélection vieille de deux siècles, ce coup-ci
aux mammifères. La dynamique doublement mortifère de l’industrialisation du vivant et de sa
privatisation se poursuit. Quelle nouveauté !
III. La poursuite des mystifications scientifiques : l’agriculture et l’alimentation
transgéniques du XXIè siècle
Le débat sur les Ogm montre que les mêmes mystifications scientifiques sont en cours,
mais dans un contexte autrement inquiétant.
Hallett, le fondateur, est remplacé par un puissant complexe génético-industriel qui
concentre le pouvoir économique, financier, scientifique, commercial et de propagande. Ses
Organismes génétiquement modifiés sont en réalité des chimères génétiques (des assemblages
de gènes provenant d’ordre, de règnes, d’espèces différents) et ces chimères sont brevetées.
La trans-génèse constitue une « rupture », terme dont l’Académie des Sciences
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se garde
bien de tirer la conséquence logique : ces chimères sont avant tout ignorance et interrogation.
Ces techniques « titanesques »
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n’ont pas grand chose à voir avec la sélection
conventionnelle qui utilise la variabilité génétique filtrée par la reproduction sexuée à
l’intérieur d’une même espèce et plus rarement en croisement avec des espèces voisines. Le
seul moyen de savoir à quoi ressemblera la planète transgénique du cartel des agrotoxiques est
de la faire. Notre planète est leur champ d’expérience et nous sommes leurs cobayes – comme
pour leurs pesticides.
Les techniques ont, comme d’habitude, des décennies d’avance sur les connaissances
scientifiques. Les Hallett modernes se targuent d’un savoir scientifique qu’ils n’ont pas pour
confondre connaissance scientifique et propagande lucrative. Et ce savoir certain, ils ne
l’auront jamais car les êtres vivants vivent, donc se transforment et changent de façon
inattendue et imprévisible.
Des produits instables, susceptibles de recombinaisons imprévisibles, entrent de façon
massive et sans test dans l’alimentation de centaines de millions de personnes et demain de
l’humanité toute entière avec pour conséquence une montée inouïe des dangers.
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Le clonage
transgénique accélère encore la destruction de la biodiversité qu’il est urgent protéger.
Et deuxième rupture, ces chimères sont brevetées. La roublardise juridique prétend que
seule la technologie est brevetée, mais pas l’organisme dans lequel elle a été introduite. Le
brevet permet d’interdire légalement à l’agriculteur de semer le grain récolté. Les
investisseurs – les fabricants d’agrotoxiques - touchent enfin au but : se faire confier l’avenir
biologique de notre planète.
Ces chimères génétiques brevetées (CGB) sont donc l’aboutissement du mouvement
mortifère bi-séculaire d’industrialisation et « d’enclosures » du vivant. C’est là la première
vraie continuité. La deuxième est celle des mystifications destinées à en masquer la poursuite.
Ainsi, le terme « Ogm ». Les êtres vivants étant constamment “génétiquement modifiés",
c’est un non-sens Les scientifiques utilisaient le terme “chimère génétique" au début des
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« Déclaration d’un groupe de membres de l’Académie des Sciences sur les essais d’Ogm en champs »,
Académie des Sciences 22 novembre 2002.
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Terme qu’utilise Gunther Anders à propos du nucléaire. Cf. De l’obsolescence de l’Homme, Paris, Editions de
l’Encyclopédie des Nuisances, 2001.
18
Voir Tibon-Cornillot Michel, A propos du naufrage des sciences de la vie, L’Ecologiste, n°3.
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