Profession : gagnant; les business angels américains

exemples de créations d'entreprises d'innovation

La réussite en partant de rien n'est pas un mythe outre-Atlantique. Avec une bonne idée, un « business angel » et beaucoup de ténacité, voici cinq entrepreneurs qui ont fait fortune. Et qui ont contribué à la croissance du PIB et de l'emploi.

1. André Guéziec : le logiciel anti-bouchons

C'est en regardant la météo à la télé qu'André Guéziec en a eu l'idée. Pourquoi ne pas créer le même type d'animation en 3D pour montrer l'état de la circulation ? En 2001, ce Français, centralien, est licencié de sa start-up dans la Silicon Valley. Il lance alors, à 34 ans, BeatTheTraffic, un logiciel en 3D qui visualise en temps réel la circulation, à partir d'information obtenues de différentes sources comme la police des autoroutes. Moyennant 20 dollars par an, BeatTheTraffic détermine aussi le temps de vos trajets, la meilleure route, et vous alerte, en cas de bouchon, sur votre portable. Mieux, le logiciel anticipe les embouteillages sept jours à l'avance ! En effet, il calcule le pic toujours changeant des heures de pointe. L'entreprise, qui s'est financée en s'endettant et grâce à une subvention de la National Science Foundation, dégage aujourd'hui du profit. Elle a vendu son logiciel à plusieurs chaînes de télé et sites Internet. Le rêve américain ? « Pas encore, plaisante le Français. La banque possède toujours ma maison. »

2. Luke Skurman : le « Who's Who » des facs américaines

En 1998, Luke Skurman, élève de terminale, se retrouve devant un choix cornélien. Comment sélectionner la fac idéale alors qu'il existe si peu d'informations sur les différents campus ? D'où l'idée de créer des guides qui seraient écrits par les étudiants de chaque université. Un projet qu'il peaufine en dernière année de fac. Il crée College Prowler avec quatre copains et 2 250 dollars en poche. Hébergés par un de leurs profs, ils se lancent... Les premiers guides passent tout en revue : restos, sorties, enseignement... Ça marche, mais il leur faut des capitaux pour grandir. Or les investisseurs rechignent à investir dans le projet d'un étudiant de 23 ans. Luke lève péniblement 100 000 dollars en deux ans. Le salut vient du président de sa fac, Carnegie Mellon. Il le met en contact avec un « business angel » qui débourse 500 000 dollars ! La société compte aujourd'hui 15 employés, publie plus de 200 guides et devrait dépasser les 2 millions de dollars de revenus. Un bon départ pour réaliser les prochains objectifs de Luke Skurman : être millionnaire à 30 ans et milliardaire à 60 !

3. Rishi Kacker et Matt Pauker : cryptage en sous-sol

En 2002, Rishi Kacker et Matt Pauker, étudiants à Stanford, planchent sur une étude pour leur cours d'informatique. A partir des découvertes mathématiques de leur prof, ils créent un système qui simplifie le cryptage des documents, en le rendant plus rapide et moins cher. Ils remportent le concours du meilleur projet d'entreprise à Stanford. Et décident, à 21 ans, de lancer leur start-up, Voltage Security. Pendant près d'un an, associés à un troisième larron, entassés dans un sous-sol, ils développent leur invention. La sécurisation des données les passionne. Kacker et Pauker rassurent les investisseurs : ils laisseront à plus expérimenté le management de la société. Ils réussissent à lever 30 millions de dollars et affichent une belle liste de clients, banques, assurances, service public. « C'est incroyable d'avoir créé une société de 80 personnes », s'extasie Rishi. Qui n'a pas la grosse tête pour autant. « Nous avons gardé une mentalité de sous-sol ! » s'amuse-t-il.

4. Shreyans Parekh : mariages en ligne

Shreyans Parekh crée sa première entreprise à 16 ans. Ce fils d'immigrés indiens d'Afrique de l'Est a lancé en 2003, avec son frère Sheetal, Koyal Wholesale, une société de vente en ligne d'articles de gros pour les mariages. A force d'assister à des noces et d'entendre les plaintes des futures mariées, toujours à la recherche du produit miracle, Shreyans se dit qu'il y a une place à prendre. Les deux frères commencent depuis la maison familiale, près de Los Angeles. Chargé du marketing, Shreyans travaille le soir, après les cours. C'est un tel succès qu'en moins d'un an ils achètent un entrepôt de 1 000 mètres carrés pour de la vente directe. Depuis, Koyal ne cesse de croître ! Elle a affiché l'an dernier 400 000 dollars de chiffre d'affaires. Shreyans, entre-temps, a intégré l'université de Pennsylvanie, mais continue à s'occuper des ventes en ligne. « Je réalise le rêve de mes parents. Ils sont venus aux Etats-Unis pour donner une chance à leurs enfants. » Son premier salaire, il l'a offert à sa mère. Le reste sert à payer la fac. Mais il compte bien un jour s'offrir une Porscheh. v.