Finance : la crise et ses conséquences


Sandra Moatti
Alternatives Economiques n° 261 - septembre 2007

Absence de régulation, opacité du système bancaire… ont déclenché un tsunami sur les marchés financiers. Il pourrait dégénérer en crise économique.

Pendant que les vacanciers se gelaient sur les plages, il a fait très chaud cet été sur les marchés financiers. Parti d'un foyer en apparence restreint, le marché américain des crédits immobiliers aux ménages les moins solvables (ou crédits subprime), l'incendie a embrasé l'ensemble des marchés financiers: sur les marchés de dettes, la rémunération du risque a flambé; les marchés d'actions ont plongé, effaçant parfois en quelques jours leurs gains de l'année; les marchés des changes ont eux aussi été fortement chahutés. Ces remous ont affecté des institutions financières aux quatre coins du monde, et pas seulement celles qui s'étaient commises à financer ces achats immobiliers hasardeux. La méfiance a fait tache d'huile au point que les banques centrales, et au premier chef la Banque centrale européenne (BCE), ont dû inonder le marché monétaire de liquidités pour éviter la paralysie complète du système bancaire.

Pour beaucoup d'observateurs, cette secousse - la troisième en moins d'un an - est au fond salutaire: il s'agirait en effet d'une nécessaire "réappréciation du risque", selon la formule de Jean-Claude Trichet, le président de la BCE, après les excès spéculatifs de ces dernières années. Que la rémunération du risque remonte un peu, que le cours des actions chute de quelques pour-cent n'a a priori rien de catastrophique. L'économie peut encaisser la faillite de quelques petits établissements financiers ou la liquidation de quelques fonds de gestion. Reste que le retour à la normale s'opère rarement en bon ordre sur les marchés financiers. Et ce d'autant plus que l'opacité est forte sur la situation réelle des différents acteurs.

Cette situation résulte à la fois de la complexité croissante des produits financiers et du rôle central que jouent désormais dans la finance mondiale des paradis fiscaux échappant largement à toute régulation. Et, du coup, quand des banques ou des fonds importants se retrouvent en difficulté, c'est l'ensemble du financement de l'économie qui peut vaciller. Les banques, qui sont toutes plus ou moins touchées par la crise, pourraient bien refermer le robinet du crédit, si généreusement ouvert ses dernières années. Ce serait alors l'économie tout entière qui risquerait de manquer d'oxygène.

  • La mécanique de la crise
  • Crédit trop facile, titrisation, fonds spéculatifs, aveuglement des agences de notation… Les causes d'un fiasco.

  • Après la finance, l'économie ?
  • Il est plutôt sain que les acteurs financiers prennent moins de risques. Le krach financier pourrait cependant entraîner une crise économique.


Sandra Moatti
Alternatives Economiques n° 261 - septembre 2007

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