La capitulation de François Hollande

Courrier International 25 nov 2005

Quelques jours après la réconciliation des divers courants au sein du Parti socialiste (PS) français, et alors que François Hollande a été réélu premier secrétaire par les militants avec environ 80 % des suffrages exprimés, la Frankfurter Allgemeine Zeitung publie un éditorial au vitriol contre ce parti et sa direction, présentés comme des utopistes de plus en plus éloignés de la réalité et pris en otage par l'extrême gauche.

"Il ne reste plus rien du courage dont Hollande avait fait preuve en défendant le Traité constitutionnel européen. Au Mans, il a enterré la Constitution sous les applaudissements des délégués", s'inquiète l'éditorialiste. "Les socialistes ne se posent pas la question de savoir si les autres Européens pensent, comme eux, que l'Europe doit prendre un nouvel élan exclusivement français. En tant que 'vrais Européens', ils prétendent savoir mieux que quiconque ce qui est bon pour l'Union européenne."

Certes, le PS prône une Europe fédérale, mais celle-ci serait à l'image de la France d'autrefois, explique l'article. "Un gouvernement économique européen est censé imposer à tous les pays membres les recettes de croissance franco-socialistes ; la Banque centrale européenne doit devenir, comme jadis la Banque de France, un simple instrument entre les mains des responsables politiques. Seule la question de la faisabilité, qui avait déjà été négligée lors de la campagne du référendum par les adversaires de la Constitution, reste taboue", observe la FAZ.

Aux yeux de la gauche européenne "qui exerce les responsabilités gouvernementales, comme en Allemagne ou au Royaume-Uni", les socialistes français, naguère fer de lance de la politique d'intégration, "se sont disqualifiés en tant qu'interlocuteurs sérieux. Leur planète s'est réduite à la France."

Revenant sur les dissensions internes au PS, le journal constate que "c'est le démagogue en chef Laurent Fabius qui a gagné" lors du congrès du Mans. "Il est depuis longtemps convaincu qu'une alternance n'est possible qu'en séduisant les électeurs d'extrême gauche. Cette idée a déterminé sa stratégie pendant la campagne du référendum. Maintenant, il a réussi à l'imposer à l'ensemble du parti, premier secrétaire compris."

La dérive idéologique du PS n'est évidemment pas sans conséquences sur la politique française, estime l'éditorialiste. "Avec leurs promesses malhonnêtes, les socialistes augmentent la pression sur le camp de la droite qui, de toute façon, est engagée dans une stratégie d'endormissement des électeurs. Avant les élections de 2007, on entendra toute une série de propositions impossibles à financer." Cette course à la démagogie "aura des conséquences désastreuses pour les finances publiques françaises", conclut le journal.