CHOMAGE : C’EST PIRE QU’ON NOUS LE DIT

Deux informations, parues à peu de jours d’intervalle, montrent que la situation de l’emploi en France, qu’on savait très dégradée, l’est en réalité plus qu’on ne le pensait.

Tout d’abord l’INSEE a dû revoir à la baisse les chiffres de création d’emplois déjà publiés pour 2004. L’emploi salarié n'a progressé que de 0.1%, avec la création nette de 17200 emplois. La première estimation, déjà très faible, était de 39000 créations (0.3%). Et ces résultats catastrophiques (alors que la population active continue à augmenter) interviennent après la perte nette de 73000 emplois en 2003, premier recul depuis 1993! Il n’y a eu en 2003 ni croissance, ni baisse du chômage. Et en 2004 une faible croissance, toujours avec un taux de chômage de l'ordre de 10%. L’industrie en 2004 a perdu 77000 emplois (et 103000 en 2003). Et seul le tertiaire a créé des emplois, mais très peu (+ 63000 en 2004 et 20000 en 2003).

D'autre part, l’enquête annuelle de l’INSEE qui permet de mieux apprécier le chômage que les statistiques mensuelles de l’ANPE, démontre que le taux de chômage est sous-estimé en France. On croyait avoir atteint 10% en janvier 2005. Faux, c’est en octobre 2003. Depuis octobre 2003 (seize mois), le chômage est resté à 10%, en particulier tout au long de l’année 2004, et en janvier 2005, il a encore augmenté passant à 10.1%. Le chômage a progressé en tout de 0.3% en 2004, au sens du BIT, avec 71000 chômeurs de plus.

Le taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans atteint: 24.3% chez les femmes, ce qui est plus élevé qu’on ne le pensait, et 21.7% chez les hommes, chiffre également révisé en hausse. Près d’une jeune femme sur quatre et plus d’un garçon sur cinq, cela en dit long sur l’aveuglement français et en particulier sur les ravages du SMIC et des charges sociales pour le personnel sans expérience et non qualifié, que les entreprises refusent d'embaucher car ils coûtent plus cher que ce qu'ils produisent.

Enfin, l’enquête de l’INSEE montre, en plus de cette hausse du chômage, une forte progression du sous-emploi. Il s’agit des personnes qui travaillent moins qu’elles ne le souhaiteraient. C’est le cas de 1260000 personnes en 2004, soit 60000 de plus en un an. Ce sous-emploi n'est pas quantifié en chômage équivalent, car cela augmenterait encore les chiffres du chômage.

Pendant ce temps, inébranlable, le gouvernement continue d'annoncer la création de 150000 emplois en 2005 et nous promet une baisse du taux de chômage qui passerait à 9% de la population active, grâce aux nouveaux dispositifs que l’Etat lance, comme les «contrats d’avenir» de Jean Louis Borloo. Mais il ne s'agit en fait que d'artifices relevant du traitement social du chômage voire de manipulation statistique du chômage.

Tant qu’on ne s’attaquera pas au problème de fond, tant que l’on ne viendra pas à la flexibilité du marché du travail, à la liberté des contrats, tant qu’on ne mettra pas fin aux salaires artificiels, au poids des charges sociales, à la progressivité de la fiscalité, à toutes les rigidités et règlements administratifs, le taux de chômage continuera à rester le plus élevé d’Europe.

Qui ne connaît dans son entourage d'artisans qui ne peuvent pas embaucher d'apprentis, car les charges sont trop élevées.... Un artisan feronnier de mes connaissances, paie 70% de charges, prélèvements et impôts de toutes sortes, et se retrouve en final payé à moins que le SMIC.

Le jour où le gouvernement comprendra que l’interventionnisme étatique tous azimuts n’est pas la solution, mais le problème, les chômeurs auront fait un grand pas en avant vers l’emploi. En attendant, les mêmes causes continueront de produire les mêmes effets, et les effets pervers s’aggravent d’enquête en enquête. Tant notre aveuglement collectif: gouvernement, syndicats, médias et une grande partie des français trompés par leurs discours, est désespérant.