Le taux de chômage en France recule à 8,7% fin novembre 2006

Note de lecture de l'article de
La Tribune 29/12/06 Isabelle Moreau

Le taux de chômage en France s'est établi à 8,7% à la fin du mois dernier, au sens du Bureau international du travail. Jean-Louis Borloo, ministre de l'Emploi, estime tout à fait réaliste l'objectif de passer sous la barre des 8% fin 2007.
Après une pause au mois d'octobre, le taux de chômage est reparti à la baisse en novembre. A la fin du mois dernier, il s'établissait à 8,7%. Au total, le nombre de demandeurs d'emploi en catégorie 1 s'établit à 2.112.300 fin novembre, ce qui marque une baisse mensuelle de 0,8% avec 17.400 personnes en moins sur un mois inscrites en catégorie 1. Voir les catégories ANPE.

Au sens du Bureau international du travail (BIT) est considérée comme chômeur toute personne qui n'a pas travaillé pendant la semaine précédant l'enquête, est immédiatement disponible pour prendre un emploi et en recherche un activement. En France, c'est la catégorie 1 qui s'approche le plus de cette définition.

Sur l'année 2006, le nombre de demandeurs d'emploi en catégorie 1 et le taux de chômage ont connu une baisse de 10%. Et de près de 15% depuis l'inversion de la tendance intervenue en février 2005. Pour Jean-Louis Borloo, ministre de l'Emploi, de la Cohésion sociale et du Logement, "sauf accident, l'objectif de passer sous la barre des 8% à la fin 2007 est tout à fait réaliste".

  • Mais voir cet article extrait d'Alernatives économiques de décembre 2007.
  • Le chômage des jeunes a quant à lui baissé de 1,3% en un mois, tout comme le chômage de longue durée. En novembre, le nombre de chômeurs de longue durée de catégorie 1, inscrits depuis au moins un an à l'ANPE, diminue de 1,8%. Parmi eux, le nombre de chômeurs inscrits depuis un à deux ans baisse de 2,4% et le nombre de ceux inscrits depuis deux à trois ans de 1,2%. Le chômage s'établit à 21,7% pour les jeunes de moins de 25 ans présents sur le marché du travail, 7,9% pour les actifs âgés de 25 à 49 ans et 5,8% pour les actifs de 50 ans ou plus.

  • Voir statistiques INSEE
  • Pour le ministère, ces bons chiffres sont la conséquence de la mise en place du Plan de cohésion sociale matérialisé par la loi du 18 janvier 2005. Il rappelle notamment la progression du contrat de professionnalisation (entre janvier et novembre 2006, 125.600 nouveaux contrats ont été signés et 21.396 pour le seul mois de novembre), le développement des contrats initiative emploi (près de 80.000), des contrats d'avenir (107.000), des contrats d'accompagnement vers l'emploi (250.000 signés en 2006) ou encore du programme CIVIS (près de 300.000 jeunes concernés en décembre 2006).

    Le ministère précise également que les services à la personne emploient 1,516 million de salariés fin 2006, avec 130.000 créations d'emploi (rarement à temps plein) sur l'année, soit une progression de 11,30% par rapport à 2005, et qu'environ 100.000 postes supplémentaires ont été créés dans le bâtiment en quatre ans.

    Mais les données statistiques officielles ne mentionnent pas tous les autres chiffres du chômage, dont les radiés, les emplois précaires et les séniors dispensés de recherche d'emploi bref tous ceux qui ne correspondent pas à la définition adoptée par le BIT, l'INSEE ET EUROSTAT. Si les chiffres officiels c'est à dire les demandeurs d'emploi en fin de mois de catégorie 1, sont en baisse, la situation des jeunes ne change guère, et celle des séniors non plus. Voir cette statistique par âges.

    Voir une approche de la réalité du chômage. Cette étude conforte mes estimations; il y a en réalité 6 millions de chômeurs et travailleurs précaires en France fin 2006; et si on ajoute les smicards, soit 4 millions estimés, cela fait 10 millions de "pauvres" en mal de pouvoir d'achat pour se procurer les biens et services marchands.


    Le chômage en France est le grand problème national. Mois après mois le débat public se focalise autour de la publication du chiffre officiel du chômage. Le gouvernement et les médias font comme si les variations mensuelles de cet indicateur reflétaient le succès ou l’échec des politiques pour l’emploi. Depuis plusieurs années l’opinion est pourtant de plus en plus sceptique face aux annonces répétées de la baisse du chômage. Elle n’a pas tort.

    Selon le site "Baromètre des inégalités et de la pauvreté" BIP40, plus de la moitié des demandeurs d’emploi inscrits à l'ANPE ne seraient pas comptabilisés dans les chiffres officiels du chômage. En septembre 2006, le chiffre officiel du chômage (les demandeurs d'emploi en fin de mois de catégorie 1, les "DEFM de catégorie 1", décomptait 2 172 000 demandeurs d’emploi. Voir derniers chiffres INSEE (novembre 2006). A la même date, le nombre total de personnes recensées par l’ANPE en tant que demandeurs d’emploi s’élevait à près de 4 450 000 personnes. Plus de la moitié des personnes inscrites à l’ANPE, soit 2 276 000 demandeurs d’emploi, ne seraient donc pas comptabilisées dans les statistiques officielles: ce sont des chômeurs non comptabilisés car ne correspondant pas à la définition adoptée pour le chômage.

    Depuis 25 ans ces "chômeurs non comptabilisés" représentent une proportion croissante de l’ensemble des inscrits à l’ANPE: au cours de l’année 2006, la part de ces "chômeurs non comptabilisés" dans le total des demandeurs d’emploi a dépassé pour la première fois 50%, alors qu’elle n’en représentait que 10% en 1982.

    Voir cet article de BIP40 (site Baromètre des inégalités et de la pauvreté).

    Mais les chiffres cités par BIP40 ne sont pas vérifiables car non publiés comme tels. Voir le site de l'observatoire de l'ANPE et le rapport de conjoncture du premier semestre 2006.

    Pour mieux comprendre, j'ai compilé le tableau suivant à partir des données INSEE répertoriées ici.

    et voir les rapports annuels de la fonction publique


    3.

    Réagir sur cet article dans le forum.


    Mis en ligne le 29/12/2006 par Pierre Ratcliffe. Contact: (pratclif@free.fr)