Dette publique : la France en queue du peloton européen par George Lane Assises Régionales des Contribuables Lyon, 9 avril 2004

L'endettement public a continûment augmenté en France dans la période des années 1974-2004. En 1974, la dette publique se montait à 13% du PIB, en 2004, elle s'élève à 65,6% du PIB. En trente ans, la dette publique a donc été multipliée par près de cinq, sans que la France ait connu des catastrophes majeures. C'est considérable, sans précédent dans l'histoire.

Pourquoi prendre l'année 1974 comme référence ? Raison principale: c'est la dernière année où les comptes publics ont été en équilibre et, si on en croît les commentateurs (par exemple OFCE), la dette publique n'avait pas connu un niveau aussi bas depuis le début du XIXè siècle (décennie 1810). Les autres raisons se trouvent dans l'apparition du couple (Giscard-Chirac) au premier plan du marché politique, et selon des commentateurs, la disparition du système monétaire international créé en 1944-45, la réglementation croissante du marché du travail de France, l'augmentation du prix du pétrole, la mondialisation.

Un premier mensonge officiel : depuis au moins le début de la décennie 1990, il est admis que les chiffres officiels de la dette publique sous-estiment largement la réalité, en particulier le dernier, pour 2004, à savoir 65,6% du PIB. Pour 2003, le Ministère de l'économie et des finances estimait les engagements au titre des retraites des fonctionnaires de l'Etat, 55% du PIB ! Ce chiffre devrait être ajouté en toute rigueur au chiffre de 65,6%, on obtient alors que la dette publique représenterait 120% du PIB. Dans un rapport du Sénat intitulé "La quadrature du cercle? Débat d'orientation budgétaire pour 2004", on peut même lire que "en matière de finances publiques, le « compte à rebours » a commencé".

Le fardeau de la dette publique a lui aussi augmenté continûment, et c'est plus grave. Plus que l'augmentation de la dette publique, l'augmentation de son "fardeau", c'est à dire du "service de la dette" – intérêt et amortissement - qu'on peut lire dans le budget de l'Etat, est destructrice. En 1974, ce fardeau représentait 0,9% du PIB alors qu'en 2004, il atteint 2,9 % (47,2 milliards d'euros). En trente ans, il a donc été multiplié par plus de trois. C'est considérable.

Le fardeau de l'endettement public a été supérieur au déficit 2004 de l'Etat (43,9 milliards d'euros). Tout s'est passé comme si les hommes de l'Etat finançaient le fardeau de la dette en émettant de nouvelles dettes… Mais cela, c'est ce qu'on dénommait dans le passé la "cavalerie"… ! Et la cavalerie se termine toujours très mal ! Quant au vrai droit, au droit privé, il l'interdit…

Il reste que le déficit public doit être financé et que ce rôle échoit au marché financier, lequel n'est plus national depuis longtemps. Aujourd'hui, 1/3 de la dette publique est détenue par l'étranger. Et le jour où le marché financier refusera de prêter, le sort de la France sera scellé.


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Mis à jour le 09/10/2016 pratclif.com