Reflexions sur l'activité économique: croissance, emploi, chômage

La croissance ne crée pas l'emploi, mais en est la conséquence.

Les sources immédiates de la croissance sont au nombre de trois:

  1. l'investissement des entreprises privées et publiques,
  2. la consommation de biens et services par les ménages et les entreprises privées et publiques qu'elles soient situées sur le territoire national ou à l'étranger,
  3. et l'activité des agents économiques (particuliers) qui produisent ces biens et services.

Une quatrième source, moins immédiate, est le progrès technique qui résulte de la recherche et du développement ainsi que de l'accroissement des connaissances.

L'activité productrice de biens et de services, se traduit par l'emploi ou travail rémunéré des particuliers. Il répond à une demande de produits et de services considérés comme utiles par les ménages et les entreprises privées et publiques et que ceux-ci peuvent payer. L'augmentation des besoins et de la demande de produits et de services, par les résidents nationaux et ceux de l'étranger, appelle à une augmentation correspondante de la production de ces produits et services par les entreprises privées et publiques. L'augmentation de la production est obtenue dans un premier temps par l'accroissement de la quantité de travail des agents économiques c'est à dire d'emploi, et/ou par un accroissement de la productivité des facteurs autres que le travail, sans augmentation de l'emploi. Dans un deuxième temps, par des investissements nouveaux en installations et en équipements supplémentaires qui s'accompagne d'emplois supplémentaires. Mais chaque fois que des investissements nouveaux sont crées, ils mettent en oeuvre des produits et des services nouveaux qui résultent de l'amélioration des procédés de production, employant des techniques plus performantes en volume, en productivité et en qualité des produits.

L'activité productrice de biens et services est mesurée par la valeur ajoutée (VA). Dans le cas des entreprises privées qui produisent et vendent sur le marché des biens et services marchands, la valeur ajouté est la différence entre le prix de vente des produits et des services et le prix d'achat à des entreprises tiers, de toutes les fournitures utilisées dans le processus de production, hormis le personnel. La valeur ajoutée doit donc couvrir au moins le coût du personnel, c'est à dire du travail ou l'emploi. Mais s'il en était seulement ainsi, l'entreprise ne pourrait pas couvrir les coûts d'investissements en installations et équipements qui servent à la production, de sorte que le fournisseur des capitaux ayant servi pour l'achat de ces installations et équipements, ne serait pas rémunéré. L'entreprise ne pourrait pas non plus couvrir les coûts liés à l'évolution de ses produits nécessitée par les changements des préférences des consommateurs pour des produuits de meilleure qualité ou plus performants disponibles sur le marché auprès d'entreprises concurrentes nationales ou étrangères; elle verrait alors la demande qui lui est adressée diminuer, et en l'absence de mesures adéquates, cela la condamnerait à disparaître.

Au niveau de l'ensemble de la collectivité nationale, l'aggrégat de toutes les valeurs ajoutées des entreprises est le produit intérieur brut (PIB). Cette notion est facile à comprendre quand il s'agit d'entreprises privées ou publiques (EDF/GDF, SNCF...) qui produisent des biens et services marchands payables directement en monnaie. Mais il y a en plus, tous les biens et services non marchands qui sont fournis par les entreprises et institutions publiques, comme par exemple, la justice, la représentation de la France à l'étranger, la construction et l'entretien des routes, des voies fluviales, les services de contrôle de la circulation aérienne, la sécurité des personnes et des biens, l'éducation nationale.... c'est à dire "l'ETAT"

Pour mesurer l'équivalent de la valeur ajoutée des entreprises et institutions de l'ETAT, et l'ajouter à celle des entreprises privées et publiques marchandes, on retient l'ensemble des rémunérations distribuées aux personnels, tout le reste étant inclus dans les coûts des fournisseurs tiers. Dans ce cas, on considère donc que la valeur ajoutée couvre seulement le coût du personnel. Cette valeur ajoutée est égale à la différence entre le prix de vente équivalent des biens et services produits par l'ETAT, à savoir l'ensemble des impôts prélevés par l'ETAT sur les ménages et les entreprises publiques et privées des secteurs marchands, et le coût de toutes les fournitures utilisées. En réalité, il y a depuis plusieurs années un déséquilibre permanent, les dépenses de l'ETAT étant supérieures aux recettes, d'où il résulte que la valeur ajoutée produite ne couvre pas la totalité des rémunérations du personnel. Quand le déficit des dépenses publiques est de plus de 4% du PIB comme en 2003, cela veut dire que notre PIB réel est de 4% inférieur à celui qu'on annonce. Si l'on prenait la valeur ajoutée comme différence entre les recettes et les dépenses dues aux tiers, la valeur ajoutée serait inférieure aux coûts du personnel de 4% du PIB; le PIB en 2003 était de 1500 milliards de dollars, le déficit était donc de 60 milliards de dollars que l'ETAT doit emprunter sur les marchés financiers. Comme l'ETAT est en déficit depuis 20 ans, la dette cumulée augmente d'année en année. Elle est proche actuellement de 60% du PIB annuel. Nous faisons donc payer par les générations futures ce que nous consommons aujourd'hui.

Le PIB est la mesure de l'activité économique en termes de production de biens et services. Certains font remarquer que les membres de la collectivité exercent bien d'autres activités que celles qui sont mesurables en termes de valeur ajoutée monnayable. Ces activités contribuent pourtant au bien-être de la collectivité au même titre que la production de biens et services marchands. Il en est ainsi par exemple des travaux de la femme mère au foyer, de l'éducation des enfants par leurs parents, de la garde des enfants par les grand-parents, des multiples activités bénévoles au sein d'associations de tous objectifs. Ces activités ont existé de tous temps; l'humanité s'est passé de la mesure du PIB pendant des siècles, et elle exerce des activités de production de biens et de services non mesurables depuis des dizaines, voire des centaines de milliers d'années. Cela dit, pour nous, habitants d'un pays développé en ce début de XXIème siècle, le bien-être se mesure par la possession d'un logement protégé des intempéries, doté de moyens de chauffage, d'électricité, d'eau courante potable, d'assainissement, d'équipements tels que cuisinière, frigidaire, congélateur, machine à laver le linge, voire la vaisselle, de télévision, de téléphone, de magnétoscope, voire de lecteur de DVD, d'un ordinateur, d'une voiture, de la possibilité de se déplacer rapidement d'un point à un autre proche en voiture, ou plus loin en train, voire de visiter d'autres parties du monde en prenant le bateau ou l'avion. Et la qualité de vie dépend aussi de la nourriture qui nous est offerte, du système de santé dont nous disposons, et du système éducatif. On n'en finirait pas d'énnumérer tous les bienfaits de civilisation dont nous disposons aujourd'hui, ne serait-ce que par rapport à la période d'enfance d'un septuagénaire. Il semble évident que si la partie mesurable de ce bien-être, le PIB, est élevée et croît, la partie non mesurable est également élevée.

Pour que tous ces biens et services de la civilisation soient disponibles au plus grand nombre, il faut les produire donc que l'activité y soit consacrée. Les produire et lesles distribuer.


Created on ... novembre 21, 2004