Les évènements récents (crise SNCM, grèves du 4 octobre, émission de Dominique de Villepin sur F2 le 6 octobre 2005) montrent une nouvelle fois combien le désarroi des français est grand. Il est déprimant d'observer que personne n'aborde les problèmes qui se posent à notre société autrement que par des constatations.
Je reprends trois points sur lesquels je veux baser mon commentaire :
Si baisse ou stagnation du pouvoir d'achat il y a, c'est qu'il n'y a pas de croissance économique c'est-à-dire croissance de la production de biens et de services. Mais que signifie " pouvoir d'achat " ? Pour moi, comme pour la plupart des gens, c'est ce qui me reste après avoir payé mes cotisations sociales, mes impôts nationaux et locaux, ma taxe télévision, mon loyer ou mensualité de prêt immobilier, mes assurances, ma mensualité de prêt automobile, mon électricité, mon eau, mon chauffage, mon téléphone, le carburant pour ma voiture. Toutes ces dépenses sont incompressibles, sauf à changer radicalement de mode de vie, voire régresser
Ce qui me reste après déduction de ces dépenses incompressibles, c'est pour acheter des biens et services sur le marché : alimentation, habillement , biens durables et non durables, loisirs, voyages, etc. Puisque les prélèvements de l'Etat, notamment ceux des collectivités locales -région département- , augmentent pour permettre de continuer de financer l'Etat Providence et la solidarité envers les chômeurs et les plus démunis, il s'en suit que mon pouvoir d'achat tel que défini ci-dessus diminue. Pour que mon pouvoir d'achat augmente, il faudrait plus de croissance, donc toujours plus de produits et de services, plus de transports terrestres et aériens, plus d'engrais, et donc plus de pollution, plus de déforestation, etc.… Mais les prélèvements de l'Etat, sont précisément ce qui fait la qualité de notre vie en France. Et il faut tenir compte aussi que ces prélèvements servent pour l'essentiel à donner aux personnels des services publics, le pouvoir d'achat moyen de tous les français.
Nous atteignons les limites de la planète car celle-ci ne peut plus absorber et traiter nos déchets, à commencer par les gaz à effet de serre - dioxyde de carbone et méthane - qui contribuent au réchauffement climatique. De nombreux autres indices suggèrent que nous avons atteint les limites de la planète. En même temps, la population mondiale continue de croître, principalement dans les pays sous développés. En 2004 la population mondiale s'est encore accrue de 76 millions de personnes, 3 millions de personnes dans les pays développés, et 73 millions dans les pays sous développés. Et la pauvreté dans les pays sous développés s'est accrue.
Nous ne pouvons pas continuer à accroître l'écart de richesse entre pays riches et pauvres et les pauvres ne peuvent pas espérer atteindre le niveau de consommation des pays riches car celle-ci est devenue totalement aberrante et la planète ne le supporterait pas. L'exemple de la Chine et de l'Inde sont là pour nous le signifier.
Si les 1.3 milliards de Chinois avaient la même consommation que les 15% de population la plus riche qui consomme 85% des ressources de la planète, ils utiliseraient plus que la totalité des ressources prélevées sur la planète en 2005 (fig 1).
Si l'on ajoute 1 milliard d'Indiens, ensemble il faudrait 2 fois les ressources actuelles prélevées sur la planète (fig 2). Ces pays n'ont pas d'autre solution que de nous vendre leurs produits pour pouvoir acheter les nôtres. Mais comme leurs Etats Providence sont bien moins avancés que les nôtres, leurs coûts sont très inférieurs et leurs produits menacent nos industries de faillites ou de délocalisations. Seuls des accords de modération de type bilatéral ou international peuvent éviter que ces pays provoquent une rupture catastrophique de nos économies.
Il faut donc nous préparer à réduire notre consommation donc notre pouvoir d'achat au sens que j'ai défini. En revanche les services publics qui assurent notre qualité de vie doivent être renforcés.