La désindustrialisation en France
par Lilas DEMMOU DGTPE (Direction générale du trésor et de la politique économique)

Le résumé ci-après de cette étude est tiré du blog de Olivier Bouba Olga; Olivier Bouba Olga est maître de conférences (chercheur et enseignant); il est chercheur et enseignant à la Faculté de Sciences Economiques de l'Université de Poitiers et chargé d'enseignement à Sciences Po Paris (premier cycle ibéro-américain). NB: Mes ajouts sont en italiques bleues.

Ce document de travail est dû à Lilas DEMMOU de la Direction générale du trésor et de la politique économique (DGTPE). Il porte sur la baisse des effectifs industriels en France de 1980 à 2007.

D'abord le constat factuel et statistique: la France a perdu 36% de ses effectifs industriels sur la période 1980-2007 (27 ans), soit 1,9 millions d'emplois, ou 71 000 emplois par an en moyenne.

Premier déterminant : l'externalisation vers les secteurs des services. L'étude montre que l'externalisation vers le secteur des services aux entreprises explique 20% des pertes d'emplois de l'industrie. Le chiffre monte à 25% si l'on intègre l'ensemble des services marchands. Il est clair que ce mouvement ne peut pas continuer indéfiniment et qu'il est sans doute terminé.

Deuxième déterminant : l'évolution de la structure de la demande et des gains de productivité.
i) A un niveau global, la hausse du revenu réel permise par les gains de productivité n'est pas utilisée de manière uniforme selon les produits. Compte tenu du niveau de développement de la France, il est clair que l'accroissement du revenu est utilisé pour consommer plus de services.
ii) De plus, on sait que les gains de productivité n'évoluent pas de la même manière selon les secteurs : ils sont plus forts dans l'industrie que dans les services, ce qui se traduit par des baisses de prix plus importantes dans l'industrie que dans les services. Ces baisses de prix peuvent conduire à un accroissement de la demande adressée à l'industrie, et par suite à un accroissement de l'emploi industriel. Mais dans l'autre sens, les gains de productivité permettent de produire avec moins de salariés. Quel effet l'emporte? Les estimations effectuées dans le document montrent que le deuxième effet l'emporte : la hausse de la demande ne permet pas de compenser l'ensemble des gains de productivité. Au total, ces effets expliqueraient 30% de la baisse des effectifs industriels. Cette situation est donc une explication du chômage. Cela est confirmé par les données statistiques de l'INSEE qui montrent que, durant la période étudiée, la contribution de l'industrie à la formation du PIB n'aurait baissé que de 5.5%.

Troisième déterminant : la concurrence étrangère, méthodologiquement difficile à évaluer. L'étude estime d'abord à 13% la perte d'emplois liée à l'accroissement des échanges, avec des différences fortes selon les secteurs (gains d'emplois dans les IAA, très fortes pertes dans l'automobile et les biens d'équipements). L'auteur insiste cependant sur les limites de la méthodologie utilisée. Une autre méthodologie conduit à estimer l'effet de la concurrence étrangère à 45% des destructions d'emplois. C'est à cause de la Chine? Pas vraiment : si on se focalise sur le rôle des échanges avec les pays émergents, l'effet est de 17%. C'est donc la concurrence avec les pays de niveau de développement comparable à la France qui explique une bonne part de la baisse des effectifs industriels.

L'interprétation de ces données (c'est une opinion), suggère donc que pour maintenir et développer l'emploi industriel en France il faut se tourner davantage vers l'exportation c'est à dire la satisfaction des besoins des industriels extérieurs. Les Allemands font cela mieux que nous depuis très longtemps. C'est la compétitivité de nos entreprises qui est insuffisante, notamment les petites entreprises et les entreprises de taille intermédiaire. La politique du gouvernement est donc de favoriser le développement de pôles de compétitivité ou clusters. La recherche et développement appliqués aux processus industriels, puis l'application industrielle des résultats de la recherche, confèrent aux productions des avantages compétitifs qui permettent de gagner des parts de marché à l'exportation. De exemple concret est donné par cet article sur l'industrie automobile. L'article décrit les travaux de recheche et développement pour le contrôle total du fonctionnement des moteurs. Un autre domaine est la recherche sur les batteries et le stockage de l'énergie électrique pour la voiture électrique.


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Mis en ligne 07/03/2010 par Pierre Ratcliffe. Contact: Portail: http://pratclif.com  paysdeFayence: http://paysdefayence.blogspot.com   mon blog: http://pierreratcliffe.blogspot.com