FRANCE - Les socialistes unis malgré eux

Tiraillé entre ses courants opposés et par les ambitions présidentielles de ses leaders, le Parti socialiste français, principal parti d'opposition, a évité l'affrontement interne lors de son université d'été, mais reste menacé par l'une des crises les plus sérieuses de son histoire, estime la presse européenne.
"Halte au feu", résume Le Temps à propos des attaques internes qui opposent les socialistes français réunis à La Rochelle ce week-end pour leur rentrée. Un rappel à l'ordre nécessaire, d'après le quotidien genevois. "Le Premier secrétaire François Hollande a eu beau appeler dimanche 28 août à l''unité' et au 'rassemblement' face à la droite, les socialistes ont eu bien du mal à faire de leur 13e université d'été de La Rochelle la trêve espérée dans les hostilités en vue du Congrès du 18 au 20 novembre".

"Sur le plan vestimentaire, les socialistes français forment un groupe de personnes hétérogène, mêlant des shorts en toile et de vieilles chaussures à des polos impeccables et des mocassins Gucci, des minijupes Issey Miyake et des escarpins Prada à des T-shirts déchirés et des espadrilles. Mais ce qui est plus extraordinaire, à en juger par les 2 300 personnes qui ont participé à l'université d'été en cette fin de mois d'août ensoleillé, c'est que leurs idées politiques sont bien plus disparates que leurs goûts vestimentaires", commente The Guardian, journal britannique de gauche.

Nombreux sont ceux qui craignaient, voire souhaitaient, une clarification des débats, qui aurait pu aboutir à une scission du parti, "confronté à la plus sérieuse fracture de ses trente années d'existence", selon The Independent. "L'aile gauche du parti, ainsi que sa faction eurosceptique nationaliste, va tenter d'humilier et de déstabiliser la direction du parti de centre gauche, et préparera le terrain à un coup de barre à l'extrême gauche lors du congrès au Mans [au mois de novembre]", redoute ce journal pro-européen.

"Les fissures idéologiques au sein de l'édifice socialiste en France s'étaient aggravées bien avant le référendum sur la Constitution européenne en mai dernier, et ne pouvaient plus être dissimulées après le non de défiance majoritaire des électeurs du PS à l'égard de leurs dirigeants", note The Guardian.

"En dépit de leurs dénégations et de leurs sourires forcés, une poignée de clans rivaux et radicaux veulent sortir le PS de sa tendance soi-disant social-démocrate en faveur de ce qu'ils appellent le 'vrai socialisme'. Il s'agit de Laurent Fabius, un ancien Premier ministre impopulaire mais politiquement habile ; d'Henri Emmanuelli, un personnage charismatique qui a occupé les fonctions de trésorier du parti, et d'un jeune avocat éloquent, Arnaud Montebourg, qui dirige un courant intitulé sans équivoque le Nouveau Parti socialiste", rapporte le même quotidien.

Par ailleurs, deux programmes concurrents ont été défendus par deux personnalités socialistes ayant déjà fait part de leurs intentions de briguer la présidence en 2007, Dominique Strauss-Kahn, "ancien ministre des Finances et partisan du oui à la Constitution européenne", et Laurent Fabius, "l'ancien chef du gouvernement qui a mené la révolte au sein du parti pour le non", rappelle le Financial Times. Face aux divisions internes, certains se prennent à rêver d'un retour de l'ancien Premier ministre socialiste Lionel Jospin, retiré des affaires après sa disqualification au second tour de l'élection présidentielle pour galvaniser les troupes, à l'instar d'un "Zidane de la gauche