CONJONCTURE Le déficit du commerce extérieur menace la croissance

L'industrie est en quasi-récession malgré un rebond de l'activité manufacturière
[Figaro 11 juin 2005]

Un peu moins inquiétant que prévu mais pas franchement «emballant» pour la croissance cette année. Les économistes ont accueilli avec circonspection les chiffres de la production industrielle d'avril. Selon l'Insee, celle-ci accuse un repli de 0,3%, pour le troisième mois consécutif.

Selon Nicolas Bouzou (Xerfi), ce recul «est toutefois un peu moins inquiétant qu'il n'y paraît». De fait, l'industrie manufacturière (industrie hors énergie et agroalimentaire) s'en sort très honorablement avec une production en hausse de 0,5% en avril contre une baisse de 0,7% en mars.

Tous les catégories de biens manufacturés sont en hausse : 0,7% pour les biens de consommation et l'automobile, 0,6% pour les biens d'équipement, 0,4% pour les biens intermédiaires. En revanche, la production dans l'énergie dégringole de 4,8% et l'agroalimentaire est en recul de 0,1%.

A trois mois, les résultats ne sont pas pour autant très encourageants. La production industrielle recule de 0,6% de février à avril par rapport aux trois précédents mois et stagne par rapport à la même période de 2004. Cela même si l'Insee a révisé hier à la hausse son chiffre pour mars : ce mois-là, il n'aurait reculé que de 0,3% et non de 0,5%.

D'où l'inquiétude des économistes. A l'exception des biens de consommation, «l'activité industrielle ou manufacturière est en quasi-stagnation», résume Laure Maillard chez Ixis CIB. Marc Touati chez Natexis Banques Populaires est plus alarmiste encore. «C'est désormais une réalité : l'industrie française est rentrée en récession (...).» Il table sur une petite hausse de 0,2% sur l'année 2005.

L'espoir d'atteindre cette année 2% de croissance économique est d'autant plus fragile que le déficit du commerce extérieur s'est fortement creusé en avril.

Cela tient davantage, selon les chiffres des Douanes, à une forte hausse des importations (31,8 milliards contre 30,599 milliards) qu'aux exportations en légère hausse (28,585 milliards contre 28,255 milliards). En avril, le déficit atteint 3,215 milliards contre 2,344 milliards en mars. «Le poids de la facture énergétique n'est pas seul en cause. le déséquilibre des échanges industriels civils génère à lui seul un déficit de plus de 1,8 milliard», admettait Bercy hier.