Straits Times (Singapore)
Le message est clair : le peuple de France s'est exprimé, pleinement conscient de ce qu'il faisait. Le plus grand perdant sera probablement l'Europe. Le danger mortel vient des passions révélées par le débat sur la Constitution. Les Français ont longtemps pensé que l'Europe servait leurs intérêts, mais ce n'est plus le cas. Lxs entreprises invoquent le libre-échange pour quitter la France et s'installer dans les nouveaux pays membres. Des centaines de milliers de personnes d'Europe de l'Est affluent à l'Ouest, prêtes à travailler pour une infime partie du salaire des Français. Si les gouvernants français étaient courageux, ils profiteraient de l'occasion pour faire remarquer à la population que la France, fait partie d'une économie mondiale. La prospérité n'est pas un droit mais un privilège, qui doit se gagner en triomphant de la concurrence. Malheureusement rien de semblable ne semble se produire.
Au lendemain du scrutin, les hommes politiques français s'empressent de promettre qu'ils defendront le prétendu "modèle de marché unique" européen contre le dumping social. Si le débat sur le remplacement de la défunte Constitution devient une grande bataille sur les principes de liberté du marché de l'Europe, c'est tout le continent qui sera perdant. Et le fait est que la France a rejeté le projet constitutionnel européen sans avoir la moindre idée concrète pour la remplacer.
Mis en ligne le 30/05/2005 par Pierre Ratcliffe. Contact: (pratclif@free.fr)