Villepin dévoile un plan d'action sans éclat

Très attendu, le discours de politique générale du nouveau Premier ministre français, Dominique de Villepin, n'a pas convaincu les partisans de réformes radicales pour lutter contre le chômage structurel en France, note la presse anglo-saxonne.

"Certains économistes attendaient de Dominique de Villepin qu'il se lance dans une réforme structurelle radicale de la législation sur le travail en France, ce mercredi 8 juin, mais beaucoup furent surpris par la timidité des mesures annoncées par le nouveau Premier ministre et par son insistance à miser sur l'Etat pour résoudre le problème du chômage", note le Financial Times.

"Le Premier ministre français envisage de dépenser 4,5 milliards d'euros pour l'emploi", titre le Wall Street Journal. Sans grand enthousiasme, le journal financier américain détaille le plan du nouveau gouvernement et souligne que "les réductions d'impôts sont gelées afin de financer l'effort de réduction du taux de chômage évalué à 10,2 %".

Pour l'économiste Christian de Boissieu, la tiédeur libérale du programme gouvernemental "tient compte du climat politique en France au lendemain de l'échec du référendum sur le Traité constitutionnel européen", rapporte le FT. Le président du Conseil d'analyse économique, un organe consultatif auprès du Premier ministre, estime qu'"on ne peut pas s'attendre à une révolution du Code du travail. Il doit être réformé graduellement."

En effet, il est difficile d'ignorer "le puissant secteur public français, qui a averti le Premier ministre que toute tentative de remise en cause du Code du travail provoquerait des manifestations", précise The Guardian. Le quotidien de gauche londonien retient que le "nouveau Premier ministre a refusé de s'engager sur la voie des réformes libérales, notant que le 'génie français' permettrait la remise sur pied d'une nation 'souffrante, impatiente et en colère', qui n'a pas complètement réussi à s'adapter au monde en évolution". D'ailleurs, selon le journal conservateur britannique The Daily Telegraph, "plusieurs commentateurs de la société française estiment que l'atmosphère qui baigne le pays pourrait être 'prérévolutionnaire'".

D'après le New York Times, "certaines des propositions semblent irréalisables, comme la promesse que l'Agence nationale pour l'emploi (ANPE) rencontrera avant la fin du mois de septembre chacun des 57 000 jeunes à la recherche d'un emploi depuis plus d'un an. Villepin n'a pas dit comment cela pouvait se faire dans un pays où l'on travaille 35 heures par semaine, où les heures supplémentaires sont plafonnées et où la tradition veut que le mois d'août soit celui des vacances."

"Pour créer des emplois, Dominique de Villepin a proposé un cocktail bizarre de mesures de gauche et de droite mêlant protectionnisme, dépenses publiques et réduction de la paperasserie", commente de son côté The Independent.

"Villepin ne s'attendait pas à ce que son discours inaugural soit aussi impopulaire dans son propre camp que dans celui de la gauche", observe le journal. "Plusieurs membres du parti chiraquien (UMP) affirment que leur chef n'est ni le président de la République, ni son Premier ministre, mais le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy."

La presse internationale s'arrête également sur le style du nouveau Premier ministre. "Diplomate-poète de 51 ans", pour le New York Times, "ce protégé de Chirac qui n'a jamais été candidat à une quelconque élection est perçu par certains hommes politiques de gauche comme de droite comme peu apte à répondre à la montée populiste qui a mené au rejet de la Constitution européenne", souligne The Independent. Le quotidien de centre gauche britannique constate que Villepin a néanmoins changé les formes de son discours "en se privant de ses envolées lyriques habituelles".

Philippe Randrianarimanana