Economie PIB 2005 de la zone Euro

Sommaire

  1. Mauvaise passe pour l'économie de la zone euro en 2005
  2. La Banque de France prévoit 2.4% de croissance annuelle au premier trimestre 2006
  3. L'économie allemande a fait du surplace au quatrième trimestre
  4. Grèce 3.7% au 4ème trimestre
  5. France: 825000 emplois perdus dans l'indifférence quasi générale


1. Mauvaise passe pour l'économie de la zone euro en 2005

les Echos 14/02/06.

Le produit intérieur brut a augmenté de seulement 0,3% au quatrième trimestre, contre une hausse de 0,6% sur les trois mois précédents. Sur un an, la croissance ressort à 1,8%

L'année 2005 n'aura pas permis à la zone euro de retrouver des rythmes de croissance dynamiques. Avec une hausse du PIB de 1,3% en 2005 dans la zone euro, selon une première estimation de l'Office des statistiques européen, Eurostat, les Douze font bien pâle figure comparée au dynamisme de la croissance américaine.

Sur le seul quatrième trimestre, la zone euro affiche une croissance de 1,8% en rythme annuel, tout comme au trimestre précédent. L'Union européenne dans son ensemble fait encore moins bien, affichant une hausse de 1,7%.

D'un trimestre à l'autre, l'activité s'est même fortement ralentie. Après une hausse du PIB de 0,6% au troisième trimestre, d'octobre à décembre, la croissance a été limitée à 0,3% dans la zone euro, où règne une certaine hétérogénéité de situations. Les deux premières économies de la zone euro, Allemagne et France, ont déçu au dernier trimestre avec une progression du PIB de 0,2% et 0% respectivement. Les Pays-Bas et l'Espagne font nettement mieux, selon les statistiques publiées également aujourd'hui, avec un taux de croissance de 1% au quatrième trimestre par rapport aux trois mois précédents pour les premiers et de 0,9% pour la deuxième.

Les premières estimations de taux de croissance annuels font également apparaître de grandes différences d'un pays à l'autre : la France affiche 1,4%, l'Allemagne 1%, les Pays-Bas 1,6%, l'Espagne 3,4%...

Pourtant les économistes comme les politiques ne se montrent pas trop pessimistes et croient à une reprise dès cette année. A l'issue de leur réunion mensuelle, lundi soir, les ministres des Finances de la zone euro ont indiqué maintenir les perspectives de croissance en 2006, à 1,9%, malgré les mauvais chiffres de la France et de l'Allemagne. Les signaux sont «très positifs» a expliqué le néerlandais Gerrit Zalm en citant la «confiance chez les consommateurs et les entrepreneurs». Plus prudent, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Joaquin Almunia a certes relevé la publication d'enquêtes d'opinion «très positives» mais a rappelé l'éventualité de risques comme une nouvelle flambée des «prix de l'énergie».

Reste maintenant à connaître la réaction de la Banque centrale européenne. Pour beaucoup, la morosité économique pourrait rafraîchir les nouvelles ardeurs de l'institut monétaire à relever ses taux d'intérêt début mars, de 2,25% à 2,5%.

[ retour sommaire ]

2. La Banque de France prévoit 2.4% de croissance annuelle au premier trimestre 2006 les Echos 14/02/06

L'activité industrielle s'est redressée en janvier, selon l'enquête mensuelle de conjoncture de la Banque de France publiée aujourd'hui

La croissance reprend du poil de la bête. Après un très décevant 0,2% au quatrième trimestre 2005, le produit intérieur brut devrait progresser de 0,6% en France au premier trimestre 2006, indique aujourd'hui l'enquête mensuelle de conjoncture de la Banque de France parue ce matin. «L'acquis de croissance pour 2006 à la fin du premier trimestre serait de 1,1%» note ainsi la banque centrale dans une première estimation.
L'indicateur du climat des affaires a progressé en janvier à 105 contre 101 en décembre. Selon les chefs d'entreprise interrogés par la Banque de France, «l'activité industrielle s'est redressée en janvier» et le taux d'utilisation des capacités de production «est remonté à son niveau de long terme». « Les courants de commandes nouvelles «s'est raffermi tant sur le marché intérieur qu'en provenance de l'étranger, et les carnets de commandes se sont étoffés». Quant aux stocks de produits finis, ils restent estimés «proches de la normale».

[ retour sommaire ]

3. L'économie allemande a fait du surplace au quatrième trimestre

les Echos 14/02/06

La déception a été de taille mais beaucoup évoquent un semple passage à vide et continuent de croire en une amélioration dans les mois à venir . Affectée par un repli de la consommation, la croissance du quatrième trimestre a été nulle au quatrième trimestre par rapport aux trois mois précédent (+0,6% au troisième trimestre) selon les chiffres provisoires annoncés par l'Office fédéral de la statistique. Par rapport au quatrième trimestre 2004, le rythme de croissance du PIB ressort à 1%, nettement ralentie par rapport au taux de 1,4% enregistré au troisième trimestre. Les conjoncturistes attendaient une hausse du PIB de 0,2% sur trois mois et de 1,6% sur un an.

Interrogé par l'agence Reuters, Andreas Rees, économiste de la banque HVB, explique que «les entreprises débordent d'optimisme» grâce «aux réductions massives des coûts et aux restructurations, les entreprises débordent d'optimisme. Par contraste, les consommateurs ont dû porter le fardeau. La crainte de perdre son emploi et le prix élevé de l'énergie ont pesé lourdement sur les esprits».
«La bonne nouvelle est que l'économie allemande va reprendre de l'élan au premier trimestre. C'est ce que suggèrent les indicateurs de confiance en particulier pour les entreprises, même si ces attentes sont quelque peu exagérées. Le redressement n'est donc pas terminé», ajoute-t-il.

S'appuyant sur les résultats d'une enquête réalisée auprès de quelque 25.000 entreprises, la Fédération des chambres de commerce et d'industrie (DIHK) vient ainsi de relever sa prévision de croissance à 2% en 2006, contre 1,5% auparavant. Un optimisme qui provient des fortes attentes à l'exportation et d'une hausse importante attendue de la demande intérieure en biens d'investissement. La Fédération a néanmoins appelé à la prudence, un tel scénario pouvant être déjoué par une nouvelle flambée des prix de l'énergie ou une forte dépréciation du dollar par rapport à l'euro.

[ retour sommaire ]

4. Grèce 3.7% au 4ème trimestre

les Echos 14/02/06

Le produit intérieur brut (PIB) a progressé en Grèce de 3,7% au quatrième trimestre 2005 (29,374 mds EUR) comparé à la même période en 2004, selon des données provisoires publiées mardi dans un communiqué du service national de la statistique (Esye).
Au troisième trimestre de cette année, la croissance avait enregistré une hausse de 3,8% en comparaison de la même période en 2004, selon le communiqué.
Par ailleurs, l'Esye a indiqué qu'au cours du quatrième trimestre 2005 les dépenses de consommation ont été en hausse de 3,3% par rapport à la même période de 2004, selon ce communiqué.
Les investissements ont enregistré une hausse de 1,4% et se sont élevés à 8,005 milliards EUR pour la même période et la même comparaison, selon ce communiqué.
Les exportations (6,686 mds EUR) ont augmenté au quatrième trimestre 2005 de 0,8% tandis que les importations (9,807 mds) ont enregistré une hausse de 0,2% par rapport au même trimestre en 2004.

[ retour sommaire ]

5. France: 825000 emplois perdus dans l'indifférence quasi générale

L'analyse de Jean-Pierre Robin Chroniqueur économique au Figaro; 11/02/2006

Le hasard du calendrier fait parfois bien les choses. L'annonce, ce matin, de la croissance française en 2005 et du bilan annuel du commerce extérieur va nous permettre de mieux comprendre ce qui se passe dans notre économie. Aucun de ces deux résultats ne constituera certes en lui-même une révélation. Pas plus le taux de progression de notre produit intérieur brut (PIB) – la production française –, qui devrait se situer aux alentours de 1,6%, que le déficit commercial de l'ordre de 27 milliards d'euros. Il ne peut y avoir de suspense sur ces statistiques. Et pour une raison toute simple : les chiffres annuels publiés aujourd'hui ne feront que compléter les informations déjà connues sur les trois premiers trimestres, en ce qui concerne la croissance, et pour les onze premiers mois de l'an dernier pour les échanges extérieurs.

En revanche, la mise en regard de ces deux grandeurs essentielles que sont le PIB et notre commerce international mérite qu'on s'y arrête. Car l'un explique l'autre : si l'expansion n'a pas été plus rapide l'an dernier en France, c'est précisément en raison de la dégradation de nos échanges extérieurs. De même, le fait que nos importations de produits étrangers aient progressé plus vite que les exportations du «made in France» a contribué massivement à la détérioration de l'emploi dans notre pays. Par ailleurs, il s'agit là d'un phénomène qui remonte à plusieurs années et qu'il est possible de chiffrer précisément : la détérioration continue de notre balance commerciale depuis 1999 a, au total, détruit quelque 825 000 emplois, selon les données qui nous ont été communiquées par l'institut de conjoncture Rexecode.

La démonstration est la suivante et se résume en un seul mot : «compétitivité». En 1999, les exportations françaises représentaient 17% du total des exportations des pays de la zone euro effectuées à l'intérieur de l'Union monétaire européenne ou à l'extérieur ; en 2005, notre part n'était plus que de 14,7%. Imaginons que la France ait maintenu pendant toute cette période son rang d'exportateur au sein de la zone euro : l'activité productive de notre pays – son PIB – serait aujourd'hui supérieure de 3,3% à ce qu'elle est effectivement, selon les calculs de Rexecode. Convertie en termes d'emplois, et alors que la «population active employée» est actuellement de l'ordre de 25 millions en France, cela ferait bien 825 000 postes de travail supplémentaires.

La référence à nos partenaires de la zone euro pourra apparaître restrictive. Ne serait-il pas plus pertinent de comparer les performances françaises à l'ensemble du marché mondial où, d'ailleurs, le «made in France» a perdu des parts encore plus considérables ? Sans doute, mais on entrerait alors dans un autre débat, celui de la mondialisation, de la concurrence de la Chine et d'autres pays émergents. De même, il serait légitime de prendre en compte le renchérissement du pétrole et des matières premières qui ont bien évidemment contribué à la dégradation de notre balance commerciale. L'approche suggérée par Rexecode présente en revanche un grand avantage : elle met l'accent sur le problème de notre compétitivité vis-à-vis de nos voisins de la zone euro qui partagent la même monnaie. Pour dire les choses plus crûment, le «made in France» est devenu moins compétitif vis-à-vis des produits de ses partenaires immédiats. On peut en saisir au moins l'une des raisons, en regardant les coûts salariaux horaires. En 1998-1999, ces derniers étaient en France inférieurs de 13% à ce qu'ils étaient en Allemagne, l'écart est aujourd'hui d'à peine 1%.

La référence à l'année 1999 n'est bien sûr pas arbitraire. Ce millésime est marqué, comme chacun sait, d'un double événement, le lancement de l'euro, d'une part, et la mise en place (progressive) des 35 heures, de l'autre. Il serait malvenu de faire de ces deux novations des boucs émissaires. Il n'est pas inutile toutefois de les mettre en parallèle. Il est incontestable que l'euro fonctionne comme un «bouclier», conformément aux promesses de ses pères : finies les crises du franc. L'Europe continentale est devenue une zone de stabilité fort agréable : elle met ses États membres à l'abri des dévaluations compétitives et leur fait bénéficier de taux d'intérêt très bas, tels qu'ils n'en ont pratiquement jamais connu dans leur histoire. De quoi s'adonner aux «délices de Capoue», comme les soldats d'Hannibal qui, après avoir franchi les Alpes, ont hiberné dans la ville d'Italie du Sud et y ont perdu tout leur ressort. Sans l'euro, la France aurait-elle pu en effet se permettre l'instauration des 35 heures que les marchés financiers ont pour leur part toujours interprétées comme un handicap économique pour la France ?

Plus généralement, la monnaie européenne nous préserve des sanctions des marchés. Autrefois lorsque le déficit commercial atteignait la zone des 100 à 170 milliards de francs – l'équivalent des 27 milliards d'euros pour l'année 2005 –, cela déclenchait une crise monétaire, avec plan d'austérité à la clé. Ces temps barbares sont révolus. Mais les aménités de l'euro cachent – hélas – une «ruse de la raison» qui s'avère doublement pernicieuse. Tout d'abord, la monnaie européenne a atrophié nos réactions immunitaires aux déséquilibres extérieurs. Comment expliquer autrement que l'opinion publique et le monde politique dans son ensemble se soient si peu alarmés de la dégradation de nos échanges extérieurs qui remonte au tout début des années 2000 ? Mais le pire est que la sanction se situe désormais directement au niveau de l'emploi et non plus en termes de pertes de pouvoir d'achat comme auparavant, lorsque le franc devait être dévalué. Voilà qui est bien plus grave.

Voilà pourquoi c'est le moment ou jamais de méditer la leçon en grandeur nature que nous fournit la publication de ces deux chiffres décevants de la croissance et du déficit extérieur en 2005. Car les deux sont intimement liés. Les Français ne doivent pas se leurrer : l'euro n'est nullement une ligne Maginot qui les préserverait de la concurrence mondiale et encore moins de la compétition à l'intérieur même du marché européen.

[ retour sommaire ]