Pauvreté en région PACA

Var Matin 12 octobre 2006

D'après l'INSEE, le nombre de personnes sous le seuil de la pauvreté est de 8.9 % en PACA contre 5.9 % en France. Même les salariés ont du mal à joindre les deux bouts.

NB: Cette étude de Sud Insee: "450 000 salariés à faibles revenus d'activité en Provence-Alpes-Côte d'Azur" paraîtra en octobre 2006 (N° 96).

Pour ceux qui en doutaient encore, une étude de l'INSEE menée à la demande du Dros vient de démontrer que la Côte d'Azur n'est pas uniquement le paradis de richess retraités assujettis à l'impôt sur la fortune. Terre de contraste, la région PACA est également une région où le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté est particulièrement élevé. Ces habitants qui survivent tout juste représentent 8,9 % de la population en PACA contre 5,9%t en France.

Une misère également partagée d'Est en Ouest : tous les départements de la région comptent une proportion plus élevée de pauvres que la moyenne française. Dans ce triste palmarès, le Vaucluse arrive en tète, suivi des Bouches-du-Rhône. Les Alpes Maritimes enregistrent à elles seules 80000 pauvres (7.9%). Et le Var 75000 (8.2% de la population).

Voir carte de distribution de la pauvreté en région PACA.

Contrastes

Des chiffres qui n'étonnent pas outre mesure les spécialistes de l'Insee, lesquels avaient déjà constaté que l'écart des salaires était très important sous le soleil. "Nous sommes la région française qui affiche les salaires les plus hauts pour la province (hors Paris) et les plus bas aussi" note Daniel Martinelli chef de département. De grandes disparités, engendrant de grandes détresses. Fait plus étonnant : cette pauvreté ne touche plus, comme avant les chômeurs uniquement ou les retraités aux faibles pensions, mais aussi les salariés. C'est une tendance nouvelle insiste M. Martinelli. Dans les 15 dernières années, la pauvreté a diminué globalement en France, mais ce sont surtout les retraités qui ont bénéficié d'un meilleur niveau de vie. Les salariés, non.

Pourquoi plus de salariés pauvres en PACA qu'ailleurs?

A cause justement du nombre important de travailleurs aux petits revenus, d'emplois précaires et saisonniers. Et aussi de familles monoparentales plus nombreuses. Or, une femme divorcée avec des enfants vit forcément moins à l'aise quand un seul salaire au lieu de deux entre au foyer.

200 euros de moins

Fortement touchés également, les jeunes. Le taux de pauvreté des moins de 30 ans est très supérieur en PACA à la moyenne nationale: 11,3 % dans le Var, et 9,5 % dans les Alpes-Maritimes, contre 7,1 % en France. A l'autre bout de la vie, les personnes de 80 ans et plus vivant très chichement habitent surtout dans les Hautes-Alpes (12.1% au seuil de pauvreté contre 4.9 % en France). Les seniors des Alpes-Maritimes et du Var s'en sorlent mieux avec respectivement 5.2% et 6.3 % de pauvres.

Enfin, les foyers pauvres de la région abritent plus d'enfants. Ils disposent donc d'un peu plus de revenus, grâce aux allocations familiales, aux minima sociaux et aux allocations logement. Et heureusement. Car les pauvres au bord de la Méditerranée vivent en moyenne avec 200€ par an de moins que les pauvres en France. Ce qui, au bout du compte ne fait pas bien lourd.


seuil de pauvreté
Le seuil de pauvreté s'établit à 631E par mois pour une personne seule, 947 € pour deux adultes, 1326 € pour deux adultes et deux enfants de moins de 1,1 ans.

salariés peu payés
450 000 salariés à faibles revenus d'activité recensés en PACA. 28% des salariés ont eu en 2001 un revenu inférieur à 60% du SMIC.

Baromètre des inégalités
Selon le baromètre 2006 des inégalités et de la pauvreté (BIP 40), la situation des plus défavorisés s'est dégradée en France en 2004 (derniers chiffres connus) pour la 3è année consécutive. Source www.bip40.org

solidarité : le Secours catholique fête ses 60 ans à Nikaïa
Soixante ans au service des démunis. Le Secours catholique fêtera son anniversaire dimanche 22 octobre au palais Nikaia à Nice. Une grande journée à laquelle sont invités bénévoles, donateurs. exclus mais également à tous ceux que la pauvreté ne laisse pas indifférents.

Témoignage d'un salarié peu payé, et SDF

A Grasse, Jean Feracci se bat pour essayer de garder une vie normale. Je suis salarié, mais S.D.F depuis 1999. Je me suis toujours efforcé de travailler et de cacher ma situation ». Il n'a pas l'allure d'un marginal: pantalon et polo propres, cheveux coupés, il présente bien. Et pourtant... « Dons ma vie, je n'ai pas eu de chance. Chaque fois que j'ai essayé de me relever, j'ai pris des coups. La seule véritable aide que j'ai reçue, c'est le Secours catholique qui me l'a donnée. Sans eux, je ne serais pas là. Indirectement, c'est cette association qui lui a permis de décrocher un C.D.I : « depuis cet été, je travaille à mi-temps dons une entreprise de nettoyage. Avec ce boulot, je me sens utile. J'existe!». Ce travail, puis le voyage qu'il a fait â Lourdes, avec le Secours catholique, lui a donné l'envie de se battre. « 2006 est mon année! « répéte-t-il.

Son ambition? « Trouver un logement. Même une petite pièce. Mais j'ai besoin d'un endroit à moi, avec une porte et une clef, pour rentrer le soir, après le travail. Regarder la télé, m'endormir sur mon lit quand je suis fatigué.

Il s'arrête : «j'ai un emploi stable, mois je gagne le S.M.I.C et avec ça, je n'arrive pas à trouver un logement. En plus, quand je dis que je suis S.D.F, on me ferme la porte ou nez! Pour l'instant, je tiens, j'ai le moral. Je cherche mon logement ».

Le logement est aussi un frein à la création d'entreprises

J'ai rencontré hier (12 oct 2006) à Grasse, un jeune couple originaire de Lyon qui créaient à Cannes une entreprise pour la fabrication et la distribution de produits cosmétiques. Ils cherchaient depuis 2 mois un logement à prix raisonnable correspondant à leurs moyens. Voir le témoignage suivant d'un entrepreneur.

Voir le dossier complet sur la pauvreté.


Mis en ligne le 13/10/2006 par Pierre Ratcliffe. Contact: (pratclif@free.fr)