La République des idées
Réinventer la démocratie?

Les réflexions qui suivent m'ont été inspirées par l'écoute de l'émission "les matins de France Culture" avec comme invité de l'animateur Thomas Baumgartner, Pierre Rosanvallon. Il s'agissait de présenter le déroulement à Grenoble, les 8-9 et 10 mai 2009, du Forum "Réinventer la démocratie" par le Think-Tank "la République des idées".

Pour être concret, j'inscris cette réflexion dans mon contexte local du pays de Fayence; chacun pourra en faire autant pour son propre contexte. J'ai rassemblé dans tous les liens de gauche les sources qui m'ont inspiré. J'ai extrait l'entretien de Pierre Rosanvallon avec Thomas Baumgartner.

Pierre Rosanvallon sur France Culture


Depuis une vingtaine d'années les démocraties modernes sont marquées par une crise de la représentation et une certaine langueur. La société civile et la société politique ont du mal à coexister. Les citoyens ne parviennent pas bien à se faire entendre de leurs élus. Cette situation s'exaspère en ces temps de crise économique 2007-2009; une crise déclenchée par le secteur financier devenu fou car la cupidité humaine a pu s'exercer sans limites et sans régulation par le laxisme des gouvernants. Dans cette crise qui les affecte dûrement et dont ils ne se sentent pas responsables, les citoyens se sentent "punis".

J'ai eu maintes fois l'occasion d'exprimer sur ce blog combien les élus locaux semblaient exercer leur mandat comme dans une "bulle", sans écouter ce que la société civile tentait de leur exprimer par différentes voies. Cela me paraît vrai dans les communes et plus encore dans notre nouvelle "Communauté de Communes". Pourquoi?

Les gens ont tendance à ne retenir de la démocratie que le temps fort des élections qui se déroulent selon un calendrier - tous les six ans pour nos élections locales. C'est au moment des élections locales que les élus semblent écouter la société civile, afin d'obtenir leurs suffrages et ainsi être élus ou ré-élus. La dimension électorale de la démocratie est nécessaire pour permettre la prise de décisions par le processus majoritaire. Mais la légitimité que confère l'élection n'est pas suffisante pour justifier en permanence, durant 6 ans de mandat, l'action des élus.

La démocratie n'a pas qu'une dimension électorale tous les 6 ans. C'est un processus continu de construction de la vie en communauté, à tous les niveaux - national, régional et local - et en tenant compte des diversités culturelles, d'origines et des opinions contradictoires. La démocratie n'est pas l'assemblée de ceux qui se ressemblent. Ceux qui ont voté pour les équipes en place doivent approuver ou se taire; et pour ceux qui n'ont pas voté pour elles, c'est "Cause toujours..."

Pour nous, l'occasion d'exercer la démocratie devrait être la construction de notre Communauté de Communes par l'instrument qu'est le SCOT, le Schéma de Cohérence Territoriale. De tous les éléments qui doivent constituer le diagnostic du SCOT encore inconnu à ce jour, il en est un qui semble le plus évident: c'est l'aménagement de la plaine depuis le rond-point de la Barrière, jusqu'au quartier de la gare à Fayence.

Je le répète, la construction de la Communauté de Communes" semble se dérouler sans conviction - "à cause des exigences (instable et contradictoire) de l'Etat"???? (sic) - sans répondre à l'attente des citoyens: de transparence, de dialogue, d'études et de réflexions approfondies et d'explications. Les élus auraient-ils peur du dialogue, peur des opinions contradictoires, peur que le dialogue les empêche d'agir selon leur vision des choses? Ne serait-ce pas aussi parce que les élus ne travaillent pas assez et/ou que la distribution des tâches, les objectifs, le calendrier et le suivi laissent à désirer?

Le peu que nous savons provient de "brèves" diverses publiées ça et là. C'est vrai que notre cerveau si performant a besoin de simplifier les choses - souvent à l'extrême - pour tenter de comprendre le monde; mais la complexité du réel est telle que simplifier conduit toujours à négliger quelqu'aspect lequel, s'il était dûment pris en compte, modifierait sensiblement la compréhension.

Je prendrai pour exemple "la brève" publiée par les auteurs du Nouveau Journal du pays de Fayence de mai 2009 sur la Communauté de Communes. Voir ici.

Je retiens de cette "brève" que le Conseil Communautaire est un lieu de "discussions". On discute... comme disait Coluche. Par exemple, René Ugo le maire de Seillans demande s'il est normal que les professionnels ne paient pas l'enlèvement de leurs déchets... On évoque les subventions aux évènements cyclistes, les déchets et la mise en décharge des boues de stations d'épuration (sic), une "voie verte" piste cyclable pour interconnecter les lieux de vie et de loisirs, collèges, écoles, stades, aérodrome, aires de jeux....... Bref, on est dans un processus de discussions... Mais où est le diagnostic du SCOT? Quand parle-t-on de la nécessité d'aménagement de la plaine? Une voie verte ce serait bien en effet, mais il y a sûrement plus que cela. Que dit le diagnostic du SCOT sur les besoins de transport internes du canton? Exemple, une navette régulière pour relier le rond point de la Barrière jusqu'au village de Fayence et des transports à la demande pour relier les villages à cette navette? Et les habitants du canton connaissent-ils le centre de loisirs de Seillans et son stade décrépit, ou le stade de Fayence ou le centre de loisirs de Tanneron et son stade?

À quand le SCOT? voilà messieurs les élus, le véritable exercice de la démocratie.

Mis à jour le 19/09/2010      facebook