Villepin Sarkozy
Deux regards sur la France

Courier international mars 2006

A quelques jours de distance, deux hebdomadaires américains consacrent leur une à Dominique de Villepin et à Nicolas Sarkozy. Pour Newsweek, le chef du gouvernement “se voit en homme d’action” et n’a qu’un modèle : de Gaulle. Pour The Weekly Standard, un brûlot néoconservateur, Nicolas Sarkozy est “l’homme qui veut réveiller la France”, “le soleil de la vie politique française, générateur d’idées”. De son côté, Newsweek tente, au fil d’un long article, de détailler la politique du Premier ministre.

En hissant haut le flambeau du “patriotisme économique”, Villepin tente de “convaincre les Français qu’il se bat pour préserver leurs emplois” – une sorte de coup de barre à gauche qui fleure bon le nationalisme gaullien. Mais, pour l’hebdomadaire, ces prises de position (qui ne sont pas sans conséquences en Europe) servent à mieux “emballer” une ferme volonté de réforme – un coup de barre à droite, qui se traduit par un assouplissement des règles encadrant le marché du travail (CPE, CNE). Les jeunes ne s’y sont pas trompés, ajoute Newsweek : ils manifestent depuis plusieurs semaines leur opposition. Leur mobilisation pourrait coûter au Premier ministre son statut de présidentiable.

A l’inverse, pas un nuage à l’horizon pour Sarkozy, à en croire The Weekly Standard. “Il ressemble à Bill Clinton en ce qu’il donne l’impression que la politique est la seule chose en laquelle il croit profondément. Mais il y a aussi du Ronald Reagan en lui. Comme l’ancien président, Sarkozy voit la politique comme une guerre entre, d’une part, ceux qui travaillent dur et sont proches du terrain, et, d’autre part, les propagateurs infatués de fadaises officielles. En clair, les universitaires, les commentateurs, voire les ‘leaders d’opinion’.” Bref, Nicolas Sarkozy diffère de la classe politique française, si policée. C’est un homme, ajoute l’hebdomadaire, “capable de dire de lui-même qu’il est de droite. Ce qui est déjà un aveu extraordinaire dans un pays où personne n’a jamais revendiqué cette étiquette. Même Jacques Chirac, en créant l’UMP, n’a pas osé.” Conclusion du Weekly Standard : Sarkozy est l’homme qu’il faut “pour imposer une rupture” salutaire à la France.