pays de Fayence: Ressources du sous-sol et exploitations
ressources minières et hydrologiques
Extrait de Note explicative de la feuille Fréjus-Cannes carte N°1024 du BRGM
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Ressources minières
La dernière exploitation minière de la feuille géologique "Fayence" (Fonsante) a fermé en 1987. Pourtant, avec une production cumulée de quelque 2 Mt de fluorite et un peu plus de 1 Mt de baryte, les filons du socle cristallophyllien et du Permien ont alimenté jusqu'à ces dernières années une activité minière importante sur le plan national (Mari, 1979). Un gisement de tungstène a également été exploité dans le socle du Tanneron et le potentiel important des terrains permiens en uranium (Héry, 1990) a fait l'objet d'une évaluation économique. Les autres substances (charbon du Carbonifère, fer à proximité de l'estrellite dans la région d'Agay, manganèse de la base du Trias au château du Rouet n'ont plus qu'un intérêt historique.
La phase métallogénique la plus ancienne est celle qui a donné les minéralisations en tungstène dans le socle varisque. Le phénomène a eu une extension très large dans les Maures et dans le Tanneron où de nombreuses anomalies alluvionnaires ont été recensées lors des prospections systématiques. La minéralisation en scheelite de La Favière, stratiforme, est de type très original et aucune liaison avec un quelconque granite n'a été établie. Après avoir longtemps considéré l'origine volcano-sédimentaire du tungstène, on envisage actuellement, à titre d'hypothèse, que la concentration de la minéralisation pourrait avoir un lien avec le front de la migmatisation, ici d'âge paléozoïque inférieur à moyen; la genèse des grands gisements mondiaux de type stratiforme (Mittersill en Autriche, Archéen de l'Ouest du Groenland) est ainsi en pleine réinterprétation et le cas de La Favière reste obscur.
La genèse des filons fluoro-barytiques est mieux cernée. En effet, les filons, isolés ou groupés en champs, sont localisés le long des grandes lignes régionales de fractures, presque toujours au voisinage de la paléosurface continentale antécarbonifére et/ou antépermienne et/ou antétriasique, et le plus souvent en bordure des grabens permiens (Féraud, 198l). La pluralité des phénomènes paléohydrologiques minéralisateurs a été démontrée par l'étude de la distribution des terres rares dans les fluorites des divers filons et par la comparaison des types de remplissage; elle peut être interprétée en termes d'hétérochronie des filons et en termes de multiplicité des sources du fluor et du baryum. L'âge possible des minéralisations s'étale du Stéphanien au Lias, avec une probabilité maximum pour le Permien: ainsi, si les plus anciennes peuvent être connexes de l'hydrothermalisme associé au magmatisme tardi-hercynien, la plupart se sont mises en place pendant le régime distensif qui accompagne l'ouverture de la Téthys à partir du Permien supérieur (Jebrak, 1984; Zheng et al., 1991-92).
Pour l'uranium, les données disponibles suggèrent la possibilité d'importantes préconcentrations en métaux durant le Permien lui-même, et l'association des concentrations à la tectonique distensive du Permien supérieur et au remplissage des bassins permiens. On ne dispose pas de datations géochronologiques: les seules réalisées dans le Permien indiquent des âges de 281 à 185 Ma dans des Alpes (Gordolasque, La Lauzière) et 180 Ma à Lodève.
Les tableaux en annexe récapitulent les diverses occurrences minérales recensées sur la feuille, leurs caractéristiques et leur importance économique. Cinq substances dominent.
Charbon
Il est localisé dans le Carbonifère supérieur.
- Bassin du Reyran. Il a été exploité de 1780 à 1944 par puits, galeries et descenderies; la rupture du barrage de Malpasset, en 1959, a détruit les installations de l'usine de Boson qui alimentait les usines à gaz de Nice et de Cannes au début du siècle.
Les différentes exploitations ont fourni de la houille et des schistes bitumineux (Auriasque, Boson, La Madeleine), de l'anthracite (Les Vaux, Biançon, Les Vernatelles), en couches ou en lentilles dans les grès et les conglomérats. A Boson, secteur le plus riche, la production de boghead et de houille grasse a été de 80000 t (Basso, 1985) une usine de distillation a même été installée sur place à la fin du 19e siècle: le rendement en huile des schistes était alors de 200 litres/t, pouvant aller jusqu'à 400 litres/t (Mari, 1979).
- Bassin de Plan-de-la-Tour. II a fait l'objet de grattages superficiels et improductifs (quelques veines d'anthracite) entre 1840 et 1844 dans le secteur nord du bassin (puits et galeries).
Dans ces bassins, le charbon est d'origine essentiellement autochtone. Il s'est formé in situ ou à proximité immédiate et s'est déposé dans un milieu sédimentaire calme, lacustre ou marécageux, lors des périodes d'accalmie tectonique (Basso, 1985).
Uranium
De nombreux indices ont été signalés par le CEA dans les années soixante (Mari 1979), d'autres ont été découverts plus récemment: ils correspondent souvent à des minéralisations superficielles sans intérêt économique (la Plantade, Baume-Trocade, col du Baladou dans l'Estérel) ; parmi les plus intéressants, on peut citer les gisements suivants.
- Gîte du Charbonnier. Situé dans le massif de l'Estérel, à 7 km au Nord de Fréjus et à 2 km au Sud-Ouest du mont Vinaigre, il a été découvert en 1956. Une campagne de sondages, puis des recherches en galeries en 1957-58 ont permis d'évaluer les réserves à 120 t de métal pour 200000 t de minerai, mais les teneurs sont faibles: 500 à 750 ppm d'oxydes noirs d'uranium.
La minéralisation se trouve dans le socle et dans une brèche de rhyolite permienne rouge brique, correspondant à une cheminée volcanique ayant alimenté une coulée postérieure à la rhyolite 2ρ (Debon, in Mari, 1979). La teneur en vanadium est forte (Kervella, 1965).
Une origine fumerollienne et à partir des solutions hydrothermales liées à la brèche d'explosion lors des phases finales de refroidissement est possible.
- Gîte du Castelli. Il s'étend au Sud de l'Estérel, à proximité du carrefour du Castelli. Découvert en 1955 par le CEA, il a fait l'objet de quelques forages superficiels en 1956, et de sondages par la COGEMA en 1984.
Limité dans les psammites vertes à débris de matière organique, et dans les grès gris-vert de la formation des Pradineaux, l'uranium diffus est associé à du thorium, de la fluorite violette, parfois à de la galène et de la pyrite (Mari, 1979; Soléty, 1965).
D'une manière générale, dans l'Estérel, la partie inférieure de la formation des Pradineaux située entre la rhyolite 7ρet la rhyolite fluidale 11ρ, présente des indices uranifères dans les faciès de grès fins à débit en plaquettes, riches en matière organique et de teinte gris-vert prédominante. L'uranium, diffus ou sous dorme de chalcolite, y est lié aux faciès réduits; il est accompagné par de la fluorite violette, rubanée et stratiforme, des sulfures métalliques (galène, blende, chalcopyrite, pyrite) et des carbonates (cérusite, anglésite).
- Bassin du bas Argens. Dès 1955, le CEA découvre des indices dans les argiles, les grès (Le Muy) et les conglomérats (Roquebrune) du centre et du Sud-Ouest de ce bassin (Kervella, in Mari, 1979). Une campagne de terrains et les sondages de la COGEMA, entre 1974 et 1976, ont révélé des indices:
- dans la rhyolite 2ρ (autunite, chalcolite et produits jaunes, associés à des traces de jarosite et de galène), à proximité du paléorelief du Reyran;
- dans la Formation du Mitan (ancienne carrière du Mitan et sondages) ;
- dans la Formation du Muy (ancienne carrière du Muy et sondages), dans les niveaux gris, réduits, riches en matière organique;
- dans les faciès latéraux grossiers (Formations de La Valette, de La Paro et de La Serre) de ces formations (Testevin, Gachette, Les Serres) où l'uranium est, en général, associé à de la pyrite et de la matière organique;
- dans le socle du Tanneron (Nord du Castel Diao) où l'autunite pourrait être en rapport avec le granite du Rouet.
Fluorite
La fluorite (ainsi que la barytine qui lui est généralement associée en proportions variables) constitue surtout des filons soit dans le socle cristallophyllien, soit dans le Permien, et exceptionnellement des minéralisations de type stratiforme dans le socle (Soléty, 1965 ; Vervialle 1975 ; Jebrak, 1984).
La fluorite de type stratiforme est localisée dans le Tanneron, depuis Fonsante au Sud, jusqu'au Gros-Vallon au Nord (feuille Grasse), à divers niveaux d'une série de gneiss à silicates calciques transformés, qui recèle aussi des indices stratiformes de scheelite (Détang, 1981).
La fluorite de type filonien, activement exploitée en mines souterraines jusqu'en 1987, a fait de la région couverte par la feuille l'un des principaux districts producteurs au niveau national. Chaque filon atteint quelques centaines de mètres de long pour une extension verticale maximum de 250 m et une épaisseur de 1 à 7 m. Le pendage est généralement proche de la verticale et le remplissage, rubané et par places bréchique, comporte essentiellement fluorite, barytine. quartz (Mari, 1979). Voir cette monographie.
La fluorite du Var est décrite dans ces liens google (la monographie de Jean Feraud BRGM Service Ressources minérales est disparue).
Dans le socle cristallophyllien, le champ filonien de Fonsante (Rémy et al., 1974) comporte une vingtaine de filons sensiblement dirigés E-W (Détang, 1981) et donc parallèles au graben permien dont ils jalonnent la bordure nord, comme beaucoup d'autres de moindre importance. Le remplissage de certains avait la particularité de recéler une importante proportion de sellaïte (MgF2), le minéral pouvant atteindre localement 1m de puissance.
Les autres filons fluorés du socle ont eu une production nettement moindre mais leur exploitation artisanale a connu des heures de gloire (Mari, 1979), notamment à la mine de Garrot et de l'Avellan, en bordure du bassin carbonifère du Reyran. Voir toutes les anciennes mines.
Loin des paléosurfaces, divers filons sont inclus dans la masse même des formations permiennes de l'Estérel; ils sont liés aux grandes fractures, en particulier E-W, et semblent parfois en rapport avec le volcanisme permien. Parmi les plus développés, on peut citer:
La fluorite est fréquente dans divers niveaux sédimentaires (bancs calcaires encadrant le volcanisme basique (2αM - 3αM) ou volcaniques (rhyolites fluidales, tufs volcaniques) de l'Estérel, en petits cristaux ou parfois en ciment. Dans ce cas, la minéralisation pourrait dater du Permien supérieur et être en rapport avec l'émission des pyromérides 11ρ (Soléty, 1965)
Filons minéralisés quartz-baryte
Un certain nombre de filons, peu minéralisés en fluorite et sulfures, jalonne les failles bordières des bassins permiens, en particulier le bas Argens.
Le filon des Porres, à 6 km au Sud des Arcs, a produit environ 710000 t de minerai à 70-80 % BaSO4 jusqu'à sa fermeture en 1983,ce qui en fait le plus gros filon de baryte de la Provence cristalline. Dirigé E-W, il était exceptionnel par sa régularité favorisée par la compétence de l'amphibolite encaissante (Mari, 1979).
Hormis celui de Pennafort, les autres filons, principalement quartzeux, n'ont qu'un intérêt géologique. Ce sont:
- au Sud du bas Argens, le filon de Testevin situé dans le socle ou dans la zone de contact entre le granite de Plan-de-la-Tour et les conglomérats de la Formation de La Serre (Sud du Rocher de Roquebrune). De direction N105 et pendage 60°N, le filon est plus ou moins parallèle à la faille de Roquebrune qui limite le bassin au Sud;
- sur le bord nord du bas Argens, le filon du Coulet Redon (Formation des Pradineaux), souvent divisé en plusieurs branches et visible sur 1 km, avec une épaisseur qui varie entre 2 et 5 m. Plus ou moins E-W, il est lié à l'effondrement du bassin au Permien;
dans le bassin du bas Argens,
- le filon des Grands-Esclans, de 0,20 m d'épaisseur et orienté N150 (baryte rose et calcite blanche),
- les filons du Rouet (Sud et Ouest du château), orientés N100 et N130 et de 0,50 m d'épaisseur (baryte rose, fluorite claire et quartz calcédonieux gris aux épontes),
- les filons du Mitan, parallèles à l'accident de Pennafort—Grimaud (N170) et situés dans la Formation du Mitan, dans l'ancienne carrière (baryte lamellaire rose à blanche avec fluorite bleue en cubes, calcite et sidérite en rubans aux épontes).
Tungstène
La scheelite, associée à des gneiss-à-silicates-calciques, a été rencontrée en plusieurs points du Tanneron. Aux Adrets-de-l'Estérel, le gisement de la Favière a produit 150 à 250000 t de minerai titrant 1 à 6 % W03 qui, traités dans la laverie voisine, ont donné 1 145 t de concentrés à 72 % W03 et 45 t à 55 %, soit environ 850 t W03. La minéralisation, de type stratiforme, pourrait avoir une origine périanatectique (Sonnet et al., 1985).
SUBSTANCES UTILES Pierre de taille
Certains niveaux permiens, à débit en plaquettes, ont été exploités pour servir à la décoration (cheminées, jardins) ou comme pierre à bâtir, plus rarement, ils ont servi de lauzes:
- grès fins gris-vert (Le Muy) ou bruns (Le Mitan);
- cinérites de la Formation des Pradineaux (Agay et Fréjus).
Toutes les carrières sont actuellement fermées.
L'estérellite a été activement exploitée pour fabriquer des moellons (bordures de trottoirs, empierrement de chaussées), même dans les temps les plus reculés (carrière romaine de Boulouris).
Les calcaires bathoniens et calloviens (j2b-3) ont été exploités en carrières, par sciage, pour être utilisés comme pierre d'ornement.
Granulats
De nombreux niveaux volcaniques permiens sont exploités actuellement; après concassage, ils sont utilisés comme matériaux d'empierrement et en maçonnerie:
- 11δ à l'exploitation de Boson, le long du Reyran, pour la fabrication du béton;
- rhyolite 11ρà la carrière du Pont-du-Duc, le long de la RN 7, au Nord de Fréjus (350000 t de granulats en 1988).
- La rhyolite 2δ a autrefois été exploitée à la carrière Abel, sur la rive gauche du Reyran.
La grande résistance à l'écrasement de l'estérellite (500 kg au cm2) justifie son exploitation comme ballast. Certaines carrières sont fermées (Drammont) d'autres ont réduit leur activité. La carrière du GrandCaous (Delli Zotti), entrée en activité en 1959, reste prospère avec 3000 t / jour de granulats répondants aux normes spécifiques exigées par les administrations et les collectivités locales (routes et autoroutes des Ponts et Chaussées, ballast pour la SNCF, aménagement portuaire du littoral).
Les calcaires triasiques (t6-7D) sont exploités à la carrière de la Catalane: très durs, ils font d'excellents granulats après concassage. En 1989, la production était de 900000 t/an.
Les calcaires du Trias moyen (t2-5) ont été exploités autrefois en carrière pour édifier une partie des remblais de la voie ferrée de la région de Draguignan.
Sables et graviers
Les sables et graviers d'alluvions, utilisés pour la fabrication du béton et des enrobés goudronnés, représentent en tonnage moins de la moitié du granulat obtenu dans la région par concassage des roches éruptives et calcaires.
De nombreuses exploitations de petite ou moyenne importance existent dans le bas Argens, près de Fréjus (le Bac) et de Roquebrune (gravières de Gaudrade, pont d'Argens, les Plans) et dans les affluents du Reyran et de l'Endre (gravières du Pont-d'Endre, du Portail du Rouet). L'extraction (586000 t en 1978) est en hausse malgré les faibles réserves; sur la Siagne, quelques exploitations faiblement actives subsistent.
Tuileries
Divers matériaux ont été utilisés autrefois pour la fabrication de tuiles, briques et carreaux:
- l'aramonite des Tuilières et de Saint-Val (Nord-Ouest de la feuille) ; des poches de bauxite, sur le versant nord de Sainte-Catherine, sont aujourd'hui remplies d'eau;
- des grattages systématiques ont été effectués dans les calcaires argileux bathoniens j2a;
- les argiles et marnes bleues pliocènes ont jadis été exploitées et des tuileries étaient installées à proximité des argilières. La production a diminué progressivement après la dernière guerre et n'était plus que de 5000 m3 par an, dans le secteur de Fréjus (argilières de Bellevue et du Colombier), avant la fermeture définitive en 1983. Dans la région de Puget-sur-Argens (Escaravotties, Aire-Belle, Gaudrade), l'extraction était voisine de 120000 m3 par an dans les années 1980. Dans la basse vallée de la Siagne, l'exploitation dc l'Abadie était la plus importante.
HYDROGÉOLOGIE
Les formations qui occupent la majeure partie de la feuille (socle et Permien) sont peu perméables et favorisent plus le ruissellement que l'infiltration. Quelques possibilités de stockage souterrain existent néanmoins à la faveur de structures particulières.
- Dans le socle, les circulations s'effectuent dans le réseau des fissures des roches. En général très limitées, elles peuvent donner lieu à des débits non négligeables le long des principales failles méridiennes.
- Dans le Permien, l'alternance irrégulière de niveaux imperméables et perméables cloisonne intensément les formations qui se comportent comme un aquifère multicouche. De nombreux forages exploitent les horizons détritiques grossiers et les coulées volcaniques, en particulier dans la plaine située entre Le Muy et Fréjus où la structure permet l'existence de nappes en charge, parfois artésiennes ; ces eaux profondes sont malheureusement très minéralisées et souvent inutilisables. Une mention particulière doit être accordée à la rhyolite 7ρ dont l'extension et l'épaisseur favorisent l'infiltration et l'emmagasinement en profondeur; des écoulements souterrains sont drainés en mer, entre Théoule et Anthéor. L'impluvium de la Colle du Rouet et du bois de Malvoisin est drainé par des exutoires méridionaux qui jalonnent le contact tectonique de ce réservoir avec un écran frontal (sources du Rouet, des Anguilles, de l'Aiguillon, etc.).
- Les assises carbonatées du Trias et du Jurassique qui affleurent au Nord-Ouest de la feuille constituent deux réservoirs karstiques indépendants, de part et d'autre des faciès imperméables du Trias évaporitique. Le drainage de ces unités s'effectue en périphérie des massifs, dans les vallons qui entaillent les séries: sources du Peical, de Sainte-Cécile, de la Baume, Font du Broc, Foux du Trans, etc. pour le Trias ; Font Clovisse et source des Gattières pour le Jurassique.
- Le remplissage alluvial de la basse vallée de l'Argens renferme une nappe abondante, largement exploitée par puits pour l'irrigation: il s'agit d'une véritable gouttière de bonne perméabilité qui bénéficie des apports des coteaux et présente de multiples échanges avec les cours d'eau. Le réservoir est limité progressivement vers l'aval par l'augmentation des faciès argileux.
Afin d'alimenter les villes en eau potable (les romains avaient déjà construit un aqueduc à partir des sources de la Siagnole) ou d'irriguer les cultures, plusieurs barrages ont été réalisés:
- Malpasset, construit sur le Reyran entre 1952 et 1954 et qui s'est rompu accidentellement en 1959, contenait 50 millions de mètres cubes;
- Saint-Cassien, construit sur le Biançon entre 1960 et 1965, est également destiné à la production d'énergie électrique.
Les lacs collinaires de l'Estérel servent de plus à la lutte contre les incendies, tandis qu'au Nord de Saint-Raphaël, les retenues de Saint-Esprit et des Cous permettent de régulariser les crues des cours d'eau et les écoulements de surface.
Documentation complémentaire itinéraires d'excursions géologiques
Le guide géologique régional «Alpes-Maritimes, Maures, Estérel» (Campredon et Boucarut, 1975), le guide du BRGM «A la découverte des paysages géologiques de Marseille à Menton» (Horon 1973) et celui de P. Bordet (1966) sur «L'Estérel et le massif de Tanneron» fournissent des itinéraires intéressants mais certains arrêts sont devenus difficiles, voire impossibles (carrière du Muy), en raison de la construction de lotissements ou de terrains de camping et de l'extension des terrains militaires.
L'attention du lecteur est attirée sur les faits suivants:
- les carrières sont des propriétés privées et leur accès est soumis à une autorisation du propriétaire;
- la visite d'une carrière présente toujours des dangers dont il faut tenir compte: chutes de pierres et éboulements, présence de pièges, risques dus à des matériaux de décharge.
Les itinéraires décrits ici (fig) correspondent aux conditions d'observations qui régnaient en 1991.
Excursion I: secteur du Reyran
Au péage de Fréjus sortie 39, prendre l'ancienne route de Montauroux en direction du barrage de Malpasset, troisième sortie après le giratoire de sortie de l'autoroute A8. La suivre jusqu'au gué du Reyran.
- Arrêt 1: site de l'ancien barrage de Malpasset, rive droite du Reyran. Le barrage de Malpasset, détruit accidentellement en 1959, était établi dans la gorge épigénique du Reyran qui recoupe le horst gneissique de Malpasset. Les restes de ce barrage en voûte mince peuvent être observés depuis la piste qui domine la rive droite: portion de la voûte restée en place en rive droite, culée basculée en rive gauche. Photo. De ce point, observer la vue vers le Nord sur la dépression carbonifère du Reyran, dominée par les escarpements du bois de Bagnols, constitués d'orthogneiss.
La piste en lacets, suivie vers l'aval, recoupe le contact entre, à l'Ouest, les orthogneiss du bois de Bagnols (Mζγ3) qui contiennent des enclaves sombres et des enclaves de gneiss-à-silicates-calciques, et, à l'Est, les gneiss œillés de Malpasset (Mωζ3λ) qui présentent des filons métriques, plissés, de pegmatite à muscovite. Ce contact se fait par des faciès de transition: orthogneiss à grain fin, puis migmatitiques, gneiss plagioclasiques. Le socle est affecté, à toutes les échelles, par une tectonique cassante intense: nombreuses failles, brèches tectoniques, sigmoïdes métriques, kink-bands.
Des placages d'alluvions anciennes appartenant à deux niveaux de terrasses sont visibles en rive droite du Reyran (arrêt lb), le long du chemin: un niveau supérieur (Fx), fortement altéré et rubéfié, un niveau inférieur à matériel plus frais (Fy) et recouvert d'épais éboulis de pente.
- Arrêt 2: pont de l'autoroute A8 sur le Reyran. Un peu au Nord du pont, en bordure du parking, on pourra observer le contact normal des grès carbonifères de la série de Boson (hB) sur les gneiss œillés de Malpasset qui présentent une frange d'altération de couleur lie-de-vin. Il s'agit du seul point où un contact normal a été observé; partout ailleurs, le Carbonifère est en contact faillé avec le socle encaissant.
- Arrêt 3: Carbonifère du bassin du Reyran. Le long de la route, entre le pont de l'autoroute et les anciennes mines de Boson, en rive gauche du Reyran, le Carbonifère affleure largement:
- conglomérats à gros quartz blancs et galets de socle roulés de la base de la formation d'Auriasque (conglomérat intermédiaire hCm), en bancs chenalisants. Des empreintes de troncs de sigillaires, pouvant atteindre 1m de long, sont visibles en divers endroits;
- schistes gris et niveaux charbonneux noirs, à traces de plantes, de la série de Boson (hB).
- Arrêt 4: Permien du Reyran. Au croisement avec la route qui conduit aux réservoirs d'eau du canal de Provence, on peut observer les argiles rouges, de plaine d'inondation, du sommet de la Formation d'Ambon (rAm): elles renferment des lentilles ou de petits bancs carbonatés et des septaria de plusieurs centimètres, indices de confinement du milieu.
Les brèches de base de la formation et des niveaux de tufs vitro-clastiques violets à phénocristaux de biotite, et de tuffites vertes en petits bancs, existent en contrebas de la route, le long du Reyran.
L'exploitation de Boson permet d'observer la coulée basique 1δ à bulles remplies de calcite au toit et qui atteint ici 35m d'épaisseur. Plus à l'Est, la rhyolite ignimbritique 2ρ affleure. Cette roche contient quelques phénocristaux et des enclaves de ponce gris clair. Elle repose sur des argiles vertes et des niveaux de cinérites violacées qui la séparent de la coulée basique
Reprendre la route en direction du péage de Fréjus.
La rhyolite flammée 1ρ apparaît une centaine de mètres au Sud du croisement. De couleur violet foncé et pratiquement aphyrique, elle renferme des flammes de plusieurs centimètres, aplaties parallèlement à la stratification. Elle est grossièrement prismée au toit et au mur tandis que le centre se débite en plaquettes.
La rhyohte 2ρ est à nouveau visible dans une ancienne carrière, un peu en retrait de la route, 400 m au Sud de l'accès aux réservoirs d'eau.
Après avoir traversé une série de grès feldspathiques roses et d'argiles appartenant à la Formation de Bayonne (rBa), dans le coude de la route, à proximité de l'entrée des carrières et sablières du Reyran, affleure la rhyolite ignimbritique 7ρ, à nombreux phénocristaux et enclaves homéogènes abondantes.
- Arrêt 5 : Sud de la Moutte. La route traverse ensuite vignes et vergers et des terrains masqués par les alluvions du Reyran.
D'anciennes gravières ont exploité ces alluvions anciennes (Fx). En bordure d'une vigne (x = 956,62; y = 3140,37), les alluvions quaternaires, à forte hétérométrie et mal roulées, recouvrent des sables et des cailloutis, bien calibrés et émoussés, du Pliocène supérieur (p2). La pétrographie des deux formations est également fort différente: cortège diversifié pour la première, principalement quartzeux pour la seconde (fig).
- Arrêt 6: La Tour-de-Mare. Poursuivre jusqu'à la confluence des vallées du Gargalon et du Reyran, à La Tour-de-Mare. Prendre à gauche, le chemin qui suit la rive gauche du Gargalon. A une centaine de mètres, après avoir traversé les tuffites vertes, les grès et les argiles de la Formation des Pradineaux (rpx), affleure la coulée volcanique basique 3aM surmontée ici par un mince niveau de calcaire gris, à rares débris d'ostracodes et passées silicifiées, qui se biseaute vers l'Est. La coulée présente un débit en grosses boules caractéristiques d'une mise en place dans l'eau; elle contient des bulles remplies secondairement de calcite blanche et de céladonite verte.
Excursion II: massif de l'Estérel
• Arrêt 1: mont Vinaigre. On accède au mont Vinaigre à partir de la RN 7, par une route forestière située à environ 10 km au Nord de Fréjus, face à la piste qui mène au lac de l'Avellan.
Un peu avant la maison forestière du Malpey, la route pénètre dans la rhyolite ignimbritique 'P qui constitue le soubassement du mont Vinaigre. Elle atteint la surface structurale de cette rhyolite, environ 200 m après un virage en épingle à cheveu.
On entre alors dans les grès conglomératiques (2-3 m) de la Formation des Pradineaux (rPx), puis on passe à une brèche volcanique jaunâtre, à blocs de 5 à 50 cm de rhyolites 7P et "P, soudés à chaud, passant à une bouillie poreuse à galets beaucoup plus rares: cet ensemble correspond au débourrage de la cheminée volcanique lors de l'arrivée de la rhyolite fluidale 11ρ (fig).
Mis à jour le 29/08/2016 pratclif.com