1. Les chrétiens persécutés en Algérie
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Persécutions des chrétiens d'Algérie

Une chrétienne menacée de deux ans de prison par le procureur, parce que la police a trouvé plusieurs bibles dans son sac; plusieurs chrétiens contre qui ont été requis trois ans d'emprisonnement, parce qu'ils sont suspectés d'avoir célébré un culte dans un appartement : ces deux procès font grand bruit en Algérie où la presse francophone s'indigne de ces atteintes aux libertés et où la presse populaire s'enfièvre, avec des accents islamistes véhéments. Le harcèlement des chrétiens a repris, sinon à l'échelle nationale, du moins dans plusieurs régions.

Le pouvoir politique algérien joue comme d'habitude de l'ambiguïté, proclamant son respect des religions, multipliant néanmoins les tracasseries, les surveillances et les contrôles à l'encontre des chrétiens. Le climat s'aigrit de nouveau et la suspicion entoure plus que jamais les chrétiens d'Algérie.

Ce n'est pourtant pas qu'ils soient nombreux ou redoutables, moins de cinquante mille en tout, catholiques le plus souvent, parfois protestants. L'Église catholique qui a beaucoup souffert et beaucoup pardonné localement joue la prudence et la discrétion. Le Vatican vient de nommer archevêque d'Alger un prêtre jordanien, arabe et francophone. Les protestants évangéliques prennent plus de risques et tentent un précautionneux précautionneux prosélytisme. C'est justement ce dont les autorités algériennes ne veulent pas entendre parler. L'Ordonnance de 2006, signée par le président Bouteflika, fait de l'Islam la religion officielle algérienne, reconnaît en théorie la liberté de culte des autres religions, mais l'entoure de conditions extrêmement restrictives, mettant en oeuvre tout un système d'autorisations et de vérifications perpétuelles. L'objectif est clair : toléré dans des limites strictes pour les étrangers, le Christianisme est considéré comme une apostasie pour les musulmans. Étre algérien et chrétien, être arabe ou kabyle et catholique ou protestant, est regardé et traité comme une grosse faute.

Ce qui, en plus des drames individuels que cela provoque, soulève deux problèmes politiques de fond : comment l'Algérie, largement ouverte sur l'Europe et en particulier sur la France, peut-elle persécuter des chrétiens sur son territoire tout en revendiquant la liberté de culte pour ses ressortissants dans l'Hexagone, pays où l'Islam est devenue la deuxième religion par le nombre de ses fidèles? Comment imaginer qu'il soit durablement possible que l'Islam bénéficie en France de toutes les protections juridiques et légales – légitimement- mais qu'au même moment les chrétiens d'Algérie soient maltraités? Au-delà, si dans plusieurs pays musulmans existent des pratiques de tolérance vis-à-vis des chrétiens, globalement les nations islamiques font de leurs ressortissants chrétiens des citoyens de seconde zone, souvent persécutés, et multiplient les entraves à l'exercice du culte des Chrétiens étrangers,. Plus: l'Islam pratique et proclame le prosélytisme le plus large, mais refuse absolument que la réciproque s'applique au christianisme. Si cette situation s'enracinait, elle deviendrait inévitablement déstabilisatrice.

Mis en ligne le 20/04/2008 par Pierre Ratcliffe. Contact: (pratclif@free.fr) sites web http://paysdefayence.blogspot.com et http://pratclif.com