C'est à nous, Arabes, d'arrêter de confondre
terrorisme et résistance

"Encore une fois, un expert est apparu à la télévision pour nous parler de la résistance en Irak et nous expliquer qu'elle est légitime et qu'il est de notre devoir de la soutenir. Cet intervenant était d'Arabie Saoudite. Le même jour, quelques manifestants, au Caire, affichaient des banderoles rédigées en anglais pour nous expliquer que l'ambassadeur égyptien tué par ses ravisseurs à Bagdad avait subi ce sort parce que le gouvernement égyptien avait traité avec le gouvernement irakien, lequel 'collabore' avec l'occupant américain au lieu de prendre fait et cause pour la résistance libre."

Abdel Rahman Al-Rached, l'un des plus célèbres éditorialistes de la presse saoudienne, restitue dans sa chronique du quotidien Asharq Al-Awsat un moment du paysage médiatique auquel a droit "le citoyen arabe". Ce même citoyen a également droit à des informations montrant les crimes les plus horribles qui ont lieu quotidiennement en Irak. Depuis des mois, les civils irakiens, dont des familles entièrement décimées, font les frais de ces crimes. Des actes revendiqués, via des communiqués diffusés sur Internet, par "des groupes de résistants" fiers de leurs actes et justifiant leurs attaques suicides.

C'est donc "un paysage médiatique déroutant qui envoie des messages contradictoires. D'un côté des morts innocents, de l'autre d'honorables frères faisant l'éloge des vertus de la résistance." Devant cette série de crimes odieux, Abdel Rahman Al-Rached estime "qu'il y a un choix à faire : soit on se range du côté de la 'résistance', soit on la rejette. Il n'y a pas de troisième voie. Cette série de crimes ne peut être tantôt qualifiée d'actes terroristes, quand elle frappe des pays comme l'Arabie Saoudite, l'Egypte ou le Qatar, et tantôt glorifiée, quand elle se traduit par des massacres en Irak."

L'auteur ne mâche pas ses mots et souligne qu'"il n'y a plus besoin de prouver que ces résistants sont des Arabes fugitifs qui se rassemblent en Irak pour s'entraîner au combat. Par la suite, ils reviendront dans leur pays d'origine pour exercer la 'résistance'. A chaque pays ses résistants, qui lui reviennent un jour ou l'autre."

Quant à l'argument avançant que cette "résistance" s'effectue contre l'occupation américaine de l'Irak, "il ne tient plus la route. Il ne sert qu'à emballer les esprits. D'autant que les Irakiens sont tout à fait capables de défendre leur cause par eux-mêmes. Ils ont déjà eu l'occasion de manifester contre les Américains et contre leur gouvernement. D'ailleurs, actuellement, les médias en Irak surpassent en quantité et en liberté d'expression tous les médias du monde arabe."

"Les esprits ont été brouillés et beaucoup de gens ont été bernés par le discours arabe falsificateur sur une résistance qui n'est autre que du terrorisme", regrette l'éditorialiste. "En fait, nous assistons à une alliance entre des criminels et ceux qui crient à la 'résistance'."


source: Courrier International 13/7/2005