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L'assurance vieillesse
repose sur des régimes multiples
L'extension de la couverture n'a pas
évité le morcellement
En matière de retraite,
l'ambition d'universalité affirmée en 1945 n'a été atteinte que
dans les années soixante-dix. L'assurance vieillesse a été
progressivement étendue par l'instauration de régimes particuliers
pour des catégories professionnelles initialement non couvertes
(non-salariés non agricoles en 1948, exploitants agricoles en
1952) et l'attribution d'une allocation minimum à toute personne
âgée dépourvue de ressources et ne relevant d'aucun régime
vieillesse (1952). Les lois de 1974 et de 1978 ont permis la
couverture des personnes qui ne bénéficiaient pas encore de
l'assurance vieillesse (détenus, artistes, conjoints
collaborateurs, femmes au foyer sous certaines conditions, etc.).
Aujourd'hui, la totalité de la population active est couverte,
contre moins de la moitié avant-guerre.
En revanche, l'unicité est loin,
encore aujourd'hui, d'être effective. L'existence de régimes
particuliers de salariés antérieurs au plan de 1945 et la forte
réticence des non-salariés à leur intégration dans un régime
unique expliquent le morcellement actuel du système. Les
spécificités propres à chaque catégorie professionnelle ont
conduit, en effet, à la juxtaposition de régimes multiples servant
des prestations différentes et couvrant des populations aux
caractéristiques démographiques et économiques variées. On
dénombre aujourd'hui 26 régimes de base d'assurance vieillesse,
dont 8 totalisent moins de 20 000 cotisants ou retraités
titulaires de droits propres(1).
(1)Caisse nationale de retraite des
personnels de l'Opéra national de Paris, Caisse de retraite du
personnel de la Comédie-Française, régime de retraite de la
chambre de commerce et d'industrie de Paris (CCIP), Caisse
autonome nationale de Sécurité sociale dans les mines (pour son
personnel), régime de retraite du personnel du port autonome de
Strasbourg, régime de retraite des ministres des cultes
d'Alsace-Moselle, liste à laquelle il faut rajouter les régimes
des Assemblées parlementaires.
Ce morcellement doit toutefois
être relativisé. En effet, au regard des évolutions passées, le
nombre de régimes en voie d'extinction(2) est
considérable : plus de 90 régimes. En outre, on assiste à une
certaine convergence réglementaire : les régimes de base des
salariés agricoles, des artisans (CANCAVA), des industriels et
commerçants (ORGANIC) sont aujourd'hui totalement alignés sur le
régime général.
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(2) Régimes qui n'accueillent plus de
cotisants.
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Différentes conceptions de la
retraite coexistent : patrimoniale, statutaire,
assurancielle
Il s'est donc avéré impossible
d'offrir une assurance vieillesse identique à l'ensemble des
actifs. Dans un régime de retraite, les règles font partie
intégrante du contrat initial implicite établi entre l'organisme -
ou l'entreprise - qui en a la charge et ses cotisants, futurs
retraités. Cette notion de contrat est essentielle. Pour chaque
catégorie d'actifs - salariés et non-salariés - ce contrat
renvoie à une certaine conception de la retraite : il définit
l'arbitrage opéré, d'une part, entre revenus présents et revenus
futurs et, d'autre part, entre prestations contributives et
mécanismes de solidarité. Or ces conceptions de la retraite
varient sensiblement d'une catégorie socio-professionnelle à
l'autre. On peut ainsi distinguer trois conceptions de la retraite
- assurancielle, statutaire et patrimoniale - qui définissent
trois grands groupes de régimes :
- les régimes de non-salariés
(artisans, commerçants, professions libérales, agriculteurs) qui
concernent 11 % des actifs (1996);
- les régimes spéciaux de
salariés (Fonction publique, CNRACL, IEG, RATP, SNCF, etc.) qui
couvrent 21 % des actifs (1996);
- les régimes de salariés du
privé, qui couvrent 68 % des actifs (1996).
Les régimes de non-salariés
reposent sur une conception de la retraite. que l'on peut
qualifier de patrimoniale. Les non-salariés privilégient en effet
l'investissement dans le capital productif professionnel (fonds de
commerce, cabinet médical, outils de production...) et ce dernier
constitue une source significative de revenu pendant la retraite.
Ce choix justifie une assurance vieillesse collective moins
importante. Les évolutions législatives récentes des régimes des
artisans et des industriels et commerçants (avec l'alignement de
leur régime de base en 1972 sur celui du régime général)
conduisent toutefois à nuancer cette analyse : celle-ci
serait surtout adaptée, aujourd'hui, au régime des professions
libérales. En cohérence avec cette conception patrimoniale, les
mécanismes de solidarité intégrés au système obligatoire des
professions libérales sont limités, excepté pour le régime de base
qui contribue à la compensation nationale et dans lequel une
compensation interprofessionnelle est organisée. La pension est
essentiellement versée par les régimes complémentaires - régimes
en points -, le montant de la pension de base, pension forfaitaire
fonction exclusivement du nombre d'années cotisées, étant assez
faible.
Dans les régimes du secteur
public, la période de retraite est définie comme un prolongement
de la période d'activité. Les pensions de retraite sont d'ailleurs
parfois qualifiées de salaire d'inactivité ou de traitement
différé. Ces régimes reposent sur une conception statutaire de la
retraite. En cohérence avec cette conception, ce sont des régimes
"uniques" ou "intégrés" : il n'existe pas dans ces régimes
(exception faite du régime minier) de distinction entre une
retraite de base et une retraite complémentaire. La pension versée
est directement liée à la situation professionnelle de l'agent
lors de son départ à la retraite. Cette conception conduit aussi à
moduler l'âge requis pour partir au taux plein en fonction du type
d'emploi (catégorie active ou emplois insalubres). En
contrepartie, une clause de stage (nombre d'années d'activité
nécessaires pour toucher une pension) est généralement imposée (15
ans pour la plupart des régimes spéciaux de salariés). Cette
clause répond à la notion de fidélité au régime.
Les régimes des salariés du
privé reposent sur une conception de la retraite que l'on peut
qualifier d'assurancielle. Ils sont conçus comme un système
d'assurance contre le risque de ne plus pouvoir subvenir à ses
besoins par les revenus du travail, ce qui conduit très
logiquement à affecter une partie des revenus d'activité à la
constitution des droits à pension. Il n'y a pas, dans ce cas, de
lien direct avec l'entreprise. Le montant de la pension dépend
étroitement du niveau de l'effort contributif, c'est-à-dire des
cotisations versées. Si le niveau des pensions est proche, en
moyenne, de celui des salariés des régimes spéciaux, les modalités
de redistribution sont en revanche différentes. Les régimes
spéciaux sont des régimes en annuités dans lesquels la pension est
calculée en référence au dernier salaire. En revanche, les régimes
des salariés du privé sont des régimes pour partie en annuités
(régime général) et pour partie en points (régimes
complémentaires). La pension y est calculée en référence aux
salaires de carrière (25 meilleures années au terme de la réforme
pour le régime général ou ensemble de la carrière pour les régimes
complémentaires).
Nombre des différences
réglementaires les plus visibles entre les régimes trouvent leur
origine dans ces différences de conception de la retraite. C'est
le cas en particulier des règles concernant l'âge de départ à la
retraite à taux plein ou des modalités de calcul de la pension
(clause de stage, calcul en points ou en annuités, référence aux
salaires de carrière ou au dernier salaire). Le choix dans
certains régimes d'une couverture en partie forfaitaire reflète
également la finalité, variable d'une profession à l'autre,
assignée à l'opération retraite.
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Au-delà de ces différences, tous
les régimes de retraite obligatoires répondent aux principes
de Sécurité sociale
Si les règles des régimes de
retraite répondent à des conceptions différentes, elles reposent
toutefois sur des principes communs. En droit
communautaire(1), les régimes de Sécurité sociale
"poursuivent un objectif social et obéissent au principe de
solidarité". En cela, les régimes publics se différencient des
systèmes classiques d'assurance privée. Tous les régimes
obligatoires, même s'ils le font à des degrés divers, intègrent
des mécanismes de solidarité :
- solidarité
inter-générationnelle, tout d'abord, puisqu'ils sont en
répartition ;
- solidarité
intra-générationelle, ensuite, dans la mesure où ils organisent de
larges redistributions entre catégories socioprofessionnelles et
sexes.
(1) Voir l'arrêt du 17 février 1993 :
arrêt Poucet et Pistre de la Cour de justice des Communautés
européennes.
Ces principes de solidarité
s'exercent à la fois au sein des régimes, entre les régimes, et
au-delà au niveau national.
- Au sein des régimes, quatre
mécanismes interviennent :
- la non-modulation des taux de
cotisation en fonction des écarts d'espérance de vie. Le système
s'éloigne donc d'une logique purement assurancielle qui
vérifierait la neutralité actuarielle. La redistribution ainsi
opérée entre les différentes classes de risques n'est pas
négligeable : les écarts d'espérance de vie, en particulier
entre hommes et femmes, mais aussi entre catégories
socioprofessionnelles sont importants. Elle concerne tous les
régimes obligatoires, qu'ils soient de base ou complémentaires;
- l'existence de mécanismes
correcteurs des aléas de carrière dans les régimes de base
essentiellement, avec l'attribution de pensions contributives
minima et la validation de trimestres faiblement contributifs ou
pris en charge par un tiers. Au régime général, par exemple,
quatre dispositifs se superposent pour relever le niveau des
pensions des personnes ayant exercé des emplois précaires. Il
s'agit de la prise en charge par le FSV (fonds de solidarité
vieillesse) des cotisations des chômeurs et des préretraités et de
la règle des 200 heures au SMIC qui permet la validation d'un
trimestre dès lors que le salaire perçu au cours d'une année
dépasse ce montant. Il s'agit aussi de la règle des 25 meilleures
années (antérieurement à la réforme de 1993, des 10 meilleures
années) et du minimum contributif(1) ;
- l'intégration d'avantages
familiaux dans le calcul des pensions;
- la prise en compte du veuvage.
Tous les régimes attribuent, avec ou sans conditions de
ressources, des pensions de réversion au conjoint survivant.
(1) La pension minimum au régime
général est égale à 3.245 francs en 1998 pour les assurés
justifiant du nombre de trimestres requis pour avoir le taux
plein. Cette pension inférieure à celle attribuée au titre du
minimum vieillesse est complétée par la retraite complémentaire
ARRCO.
- Des transferts existent entre
les régimes de retraite avec :
- la mise en place en 1974 des
mécanismes de compensation qui assurent une solidarité financière
entre régimes de base, justifiée notamment par les déséquilibres
démographiques constatés;
- l'existence de mécanismes de
coordination inter-régimes permettant notamment aux agents des
régimes spéciaux de faire valider des droits à retraite lorsqu'ils
n'ont pas effectué l'intégralité de leur carrière dans
l'entreprise correspondante.
- La solidarité au niveau
national prend différentes formes :
- l'octroi d'une pension minimum
(le minimum vieillesse)(2) à toutes les personnes âgées
disposant de faibles ressources, cette prestation étant financée
par le fonds de solidarité vieillesse;
(2) Il s'agit du minimum vieillesse
attribué - sous critère de résidence régulière sur le territoire -
aux retraités ayant 65 ans et plus et dont le montant mensuel est
de 3.471 francs au 1er janvier 1998 pour une personne seule et de
6.227 francs pour un couple.
- des subventions de l'État
affectées à certains régimes : exploitants agricoles, SNCF,
RATP, mines, marins...;
- l'affectation de diverses
taxes aux régimes de retraite : 0,7 point de TVA au régime
des exploitants agricoles, la contribution sociale de solidarité
des sociétés (C3S) affectée partiellement à l'ORGANIC et la
CANCAVA...;
- le financement par le fonds de
solidarité vieillesse (FSV), outre le minimum vieillesse, de
certains des avantages familiaux cités précédemment(1)
, et des cotisations au titre du service militaire, du chômage et
de la préretraite.
(1) Prise en charge des avantages
familiaux du régime général, des régimes alignés et du régime des
exploitants agricoles.
Le système de retraite apparaît
donc comme un ensemble complexe, associant des régimes aux
logiques différentes et comportant de multiples mécanismes de
solidarité. Si l'on peut regretter sa complexité au regard de
l'ambition initiale d'unicité, le système de retraite français
doit surtout être jugé à l'aune de ses performances, c'est-à-dire
de sa capacité à assurer les revenus des retraités. De ce point de
vue, l'ensemble du système a prouvé sa cohérence en parvenant à
assurer aux retraités un niveau de vie comparable à celui des
actifs.
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Aujourd'hui le niveau de vie moyen des
retraités est équivalent à celui des actifs
Des évolutions à la hausse se
conjuguent
La retraite moyenne a
progressé
Les pensions de retraite
ont augmenté au cours des dernières décennies. Cette augmentation
résulte à la fois de la maturité des régimes - plus le régime est
ancien, plus les assurés ont pu acquérir de droits - et du
développement de l'activité des femmes dont les durées de
cotisation rejoignent celles des hommes. Cette évolution s'est
poursuivie sur la période récente, comme a pu le mesurer le
SESI(2) , à partir de l'échantillon inter-régimes de
retraités, sur les retraités de plus de 65 ans. Entre 1988 et
1997, l'avantage principal de droit direct moyen des hommes a
augmenté de 38,2 %, celui des femmes de 37 %, alors que les prix
augmentaient sur la même période de 23,3 %. Cette augmentation
résulte pour l'essentiel du remplacement des générations :
les nouveaux retraités ont en moyenne un avantage principal
supérieur à celui des personnes déjà retraitées. Ce résultat peut
s'expliquer en partie par une durée de cotisation plus élevée dans
les nouvelles générations, ou de manière équivalente par une
proportion de retraités ayant une carrière complète
- supérieure à 150 trimestres - croissante avec les
générations.
(2) N. Roth, O. Dangerfield :
".L'évolution des retraites : l'échantillon inter-régimes de
retraités en 1988 -1993 -1997.", note du SESI remise à la séance
no 1 de la Commission de concertation.
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Le montant du minimum vieillesse a
presque triplé en francs constants depuis 1970
Le montant du minimum
vieillesse qui était très faible en 1970 (15 000 francs 1996 par
an) a presque triplé en francs constants entre 1970 et 1996. Cette
progression (+175 %) est supérieure à celle du revenu fiscal de
l'ensemble des ménages (un peu moins de 60 %) ou à celle du revenu
fiscal des seuls ménages retraités (près de 100
%).
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Le niveau de vie des retraités a
rejoint celui des actifs
Entre 1970 et 1990, le revenu des
retraités a augmenté deux fois plus vite que celui des
actifs
Les évolutions décrites
ont contribué à la hausse du niveau de vie des retraités, qui est
désormais comparable à celui des actifs. Ce constat, qui figurait
déjà dans le Livre Blanc de 1991 et le rapport Briet de 1995, est
confirmé par les études les plus récentes de l'INSEE.
Si, en 1970, le revenu fiscal moyen par unité de
consommation(2) des ménages de plus de 65 ans était
inférieur d'environ un tiers à celui des ménages de moins de 65
ans, il est en 1996 quasiment équivalent. Cette évolution est liée
à une croissance du revenu des ménages âgés presque deux fois plus
rapide que celle des autres ménages.
(1) C. Chambaz, J.-M. Hourriez, N.
Legendre, F. Guillaumat-Tailliet : "Revenus et patrimoine des
ménages retraités", note de l'INSEE remise à la séance no 1 de la
Commission de concertation. (2) Le niveau de vie d'un ménage se
mesure par son revenu par unité de consommation. Le nombre
d'unités de consommation est inférieur au nombre de personnes qui
constituent le ménage pour tenir compte des économies d'échelle.
Dans les travaux cités, les échelles d'équivalence utilisées
comptent la personne de référence pour 1, les autres adultes pour
0,5 et les enfants pour 0,3.
Il faut remarquer toutefois que
cette parité est atteinte grâce aux revenus du patrimoine, qui
représentent un quart des revenus des retraités, contre un dixième
de ceux des actifs. En fait, retraités et actifs possèdent presque
autant de patrimoine, environ 1,1 million de francs en moyenne en
1992 par ménage. Mais les revenus du patrimoine par unité de
consommation des retraités sont 2,3 fois plus importants que ceux
des actifs. Deux effets expliquent cette différence :
- la composition du patrimoine
des retraités est différente de celle des actifs et leur assure
plus de revenus;
- les ménages de retraités sont
de plus petite taille que les ménages d'actifs.
Hors revenus du patrimoine, le
revenu disponible moyen par unité de consommation des retraités
est inférieur de 17 % à celui des actifs. Le système de retraite
n'assure donc pas à lui seul la parité de niveau de vie entre
actifs et retraités. On peut néanmoins constater qu'il existe une
cohérence globale entre le système de retraite et les choix
patrimoniaux des individus.
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Les jeunes retraités ont un niveau de
vie supérieur à celui des jeunes actifs
Le constat de parité
entre niveaux de vie des retraités et des actifs peut être
complété par une analyse de l'évolution du revenu disponible
suivant l'âge. Les ménages actifs de moins de 30 ans ont un niveau
de vie relativement faible (de l'ordre de 80 000 francs par unité
de consommation). Les ménages actifs de 30 à 45 ans ont un niveau
de vie comparable aux retraités. Après 45 ans, avec le départ des
enfants, le niveau de vie des actifs progresse. Le niveau de vie
des retraités de 55 à 75 ans est inférieur à celui des actifs du
même âge, mais reste équivalent à celui de l'ensemble des actifs.
Après 75 ans, le niveau de vie devient plus faible. La différence
entre les retraités de plus de 85 ans et ceux de 60 à 65 ans
atteint 10 %. Cette situation est liée, en particulier, à la
proportion, croissante avec l'âge, de ménages composés d'une veuve
isolée ne bénéficiant que de droits dérivés(1)
(1)Le niveau de vie étant défini comme
le revenu par unité de consommation, le niveau de vie d'une veuve
sans droit propre est inférieur au niveau de vie dont elle
disposait lorsque son mari était vivant. En effet, le revenu du
ménage a été divisé par 2 (taux approximatif de la réversion à
50.%) alors que le nombre d'unités de consommation du ménage n'a
été divisé que par 1,5, passant de 1,5 à 1.
Le graphique précédent présente
les situations de différentes générations à une date donnée. On
peut s'interroger sur les effets du passage à la retraite sur le
niveau de vie, au sein d'une génération. En l'absence de données
de panel, une première analyse est possible à partir de données
sur les niveaux de vie respectifs des ménages âgés de 50 à 54 ans
et des ménages âgés de 65 à 69 ans, même si de nombreux effets de
structure empêchent d'en tirer des conclusions définitives. Cette
évaluation a été menée par catégories socioprofessionnelles :
salariés du privé, salariés du public(1) et
indépendants.
(1) Salariés de la Fonction publique et
salariés des entreprises publiques.
Seuls les salariés du privé ; ne
perdent pas en niveau de vie lors du passage à la retraite, les
revenus du patrimoine des retraités, supérieurs à ceux des ménages
de 50-54 ans, compensant l'infériorité très relative de leur
niveau de vie hors patrimoine. Pour les salariés du public,
l'écart mesuré hors revenus du patrimoine est similaire à celui
des salariés du privé, mais n'est pas compensé par des revenus du
patrimoine plus élevés pour les retraités. Enfin pour les
indépendants, une différence importante de niveau de vie (40 %)
s'observe sur les revenus hors patrimoine, qui s'explique en
partie par la faiblesse des retraites, et que les revenus du
patrimoine ne compensent pas totalement.
Évolution du
revenu disponible par unité de consommation lors du passage
à la retraite |
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Revenu
disponible hors patrimoine par U.C.
|
Revenu
disponible total par U.C.
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Ménages de
50 à 54 ans (1)
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Ménages de
65 à 69 ans (2)
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Ratio
(2)/(1)
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Ménages de
50 à 54 ans (3)
|
Ménages de
65 à 69 ans (4)
|
Ratio
(4)/(3)
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Indépendants |
103
320
|
60
108
|
0,58
|
135
642
|
102
457
|
0,76
|
Salariés
du privé |
94 826 |
83 168 |
0,88 |
106
997 |
107
121 |
1,00 |
Salariés
du public |
113
434 |
97 786 |
0,86 |
131
713 |
116
249 |
0,88
|
Note : Les écarts
entre les revenus des différentes catégories sont
principalement liés à des effets de structure de
qualifications. Source : Enquête Budget de famille 1995
(INSEE). |
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Les plus de 60 ans sont à
l'origine de transferts privés importants vers les ménages
jeunes
Le profil de niveau de
vie par âge d'aujourd'hui témoigne d'une dégradation du niveau de
vie relatif des jeunes générations. D'après une étude de
l'INSEE(1) , "au début des années soixante-dix, les
jeunes ménages disposaient d'un niveau de vie comparable à celui
de leurs parents en fin de carrière, du fait d'une meilleure
mobilité sociale. Depuis 1975, le contexte économique leur est
moins favorable : le niveau de vie a pratiquement stagné pour
les moins de 40 ans tandis qu'il a continué de progresser pour les
plus de 40 ans" Les ménages de plus de 60 ans sont désormais à
l'origine de transferts importants : 20 milliards vers les
ménages de 40 à 59 ans, 30 milliards vers les ménages de moins de
40 ans, soit un montant total équivalent aux transferts des
ménages de 40 à 59 ans vers les ménages de moins de 40 ans.
(1) C. de Barry, D. Eneau, J.-M.
Hourriez : «Les aides financières entre ménages», INSEE Première,
no 441, 1996, document complémentaire à la séance no 1 de la
Commission de concertation.
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La retraite n'est plus, aujourd'hui,
synonyme de pauvreté
Les allocataires du minimum
vieillesse sont de moins en moins nombreux
En 1970, une part
importante des retraités avait des revenus égaux ou inférieurs au
seuil de pauvreté : plus de 2,2 millions étaient allocataires
du minimum vieillesse et percevaient une pension relativement plus
faible que ce qu'elle n'est aujourd'hui. Depuis cette date, le
nombre d'allocataires s'est réduit régulièrement, alors même que
le montant du minimum vieillesse a triplé et que le nombre de
retraités s'est accru du fait de l'abaissement de l'âge légal de
la retraite. Ainsi, en 1998, le nombre d'allocataires du minimum
vieillesse était inférieur à 1 million, ce qui représentait moins
de 9 % des retraités. Cette tendance devrait se poursuivre au
cours des prochaines années, avec le remplacement des générations
les plus âgées par des générations de retraités ayant acquis des
droits très nettement supérieurs au minimum vieillesse.
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Le taux de pauvreté des retraités a été
divisé par deux en l'espace de dix ans
La baisse du nombre
d'allocataires du minimum vieillesse, conjuguée à la
revalorisation de son montant, se traduit par une régression de la
pauvreté chez les retraités. D'après les enquêtes de l'INSEE, le
taux de pauvreté monétaire(1) des ménages de retraités
est passé de 14 % en 1984 à 7,4 % en 1994.
(1) Proportion des ménages dont le
niveau de vie (revenu disponible par unité de consommation) est
inférieur à la moitié du niveau de vie moyen de l’ensemble des
ménages, soit environ 3.800 francs par unité de consommation en
1994.
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Depuis dix ans, les inégalités de
niveau de vie chez les retraités se réduisent
En partie du fait du moindre
taux de pauvreté, les inégalités de niveau de vie chez les
retraités se sont sensiblement réduites ces dix dernières années.
Elles ne sont plus, aujourd'hui, supérieures à celles des actifs.
Cependant, il faut noter que :
- les 10 % de retraités les plus
pauvres sont un peu plus riches que les 10 % de non-retraités les
plus pauvres, grâce à l'existence d'un minimum vieillesse
supérieur au RMI;
- les 10 % de retraités les plus
riches sont un peu plus riches que les 10 % de non-retraités les
plus riches, grâce à l'importance des revenus du patrimoine chez
les retraités.
Si l'on exclut ces extrêmes,
notons toutefois que la majorité des ménages de retraités dispose
en moyenne d'un niveau de vie légèrement plus faible que celui des
actifs.
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La situation des retraités
français par rapport aux retraités européens semble assez
favorable
Le SESI a réalisé, pour
la première fois, une étude(1) sur la place des
transferts sociaux dans le revenu des ménages pour l'ensemble des
pays de l'Union européenne, excepté la Suède et la Finlande. Les
données utilisées proviennent de la seconde vague du panel
européen des ménages effectuée en 1995 sur des revenus de 1994.
L'utilisation de données communautaires peut aboutir à quelques
divergences avec les résultats obtenus à partir de données
nationales.
(1) P. Montigny et J.-M. Saunier,
«.L’impact des transferts sociaux sur les revenus et niveaux de
vie des ménages dans l’Union européenne.», Dossiers Solidarité et
Santé, no 4 spécial, octobre-décembre 1998, DREES, note
intermédiaire remise à la séance no 1 de la Commission de
concertation.
Dans chacun des pays, les
retraites publiques constituent une part prépondérante des revenus
sociaux (de 60 à 70 %). Néanmoins, leur part dans le revenu des
ménages bénéficiaires est variable : elles représentent
environ 50 % du revenu de ces ménages en Espagne, au Royaume-Uni,
au Portugal et en Grèce, et plus de 70 % dans les autres pays. Ces
différences traduisent des divergences de fonctionnement des
régimes de retraite. Au Royaume-Uni par exemple, une part
importante du revenu des retraités provient de régimes de pension
privés.
Le niveau de vie des retraités
est inférieur d'environ 10 % à celui des actifs dans l'Union
européenne. Au Royaume-Uni, en Grèce, au Portugal et en Espagne,
cette différence atteint 15 %. En revanche, en France, en
Irlande(1) et aux Pays-Bas, le niveau de vie des
retraités est sensiblement identique à celui du reste de la
population.
(1) Le niveau de vie moyen élevé des
bénéficiaires de retraite en Irlande est dû aux cumuls fréquents
de revenus d’activité et de retraite, la législation irlandaise
permettant la combinaison de ces revenus sans influer sur le
niveau des retraites.
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