Cher Bruno;

Vous mettez en ligne "gasland" un film à charge contre le gaz de schiste aux États-Unis par des militants! Ce film contient une référence à l'accident de Dimrock où un propriétaire de terrain après s'être entendu par contrat avec l'exploitant pour partager l'opération, ses risques et ses bénéfices (12.5% de la valeur produite), a trouvé des boues dans l'eau de son puits et du gaz dans l'eau du robinet. Il a changé de posture! En faire un film à charge! Il y a dans le site scientifique geology.com une interprétation de cet accident qui serait non liée au forage pour gaz de schiste; il existe aux États-Unis plusieurs exemples et témoignages qui affluent maintenant. La raison est que les 48 états contigus des États-Unis et leurs 7.8 millions de km2 regorgent de gisements de combustibles fossiles.... charbon, lignite, gaz, pétrole. Les États-Unis sont un continent qui en dehors des grandes métropoles, reste vide ... Il faut connaître les États de Virginia, West Virginia, Kentucky, Arkansas, Texas, Dakota du Nord et du Sud... On parle chez nous de néo-ruraux.... Chez eux on a les "hilly-billy", des gens qui vivent dans des conditions quasi primitives tout en ayant 4x4 et du confort.... Ils n'ont pas l'eau mais des puits ou des forages; et dans ces pays où le houiller est partout, leurs puits et leurs forages traversent des couches de charbon et de schistes charbonneux. Le gaz contenu dans ces couches ne demande qu'à circuler; mais il n'a pas fini de migrer car c'est un processus qui se déroule pendant des millions d'années. Dès qu'on creuse un trou quelque part dans une couche on crée les conditions d'une augmentation de la porosité donc une possibilité de migration du gaz qui est le plus fluide des trois charbon, huile et gaz. Bref, l'accident de Dimrock de Gasland est peut-être sans rapport direct avec le forage de gaz de schiste.

Cela étant l'exploitation du gaz de schiste est l'objet de débat... et les conditions spécifiques de cette exploitation en France ne sont probablement pas applicables tant dans le contexte de nos lois, du code minier de la France, et vu les objectifs que nous nous sommes fixés en matière d'environnement et de réduction des gaz à effet de serre. Mais étudions la question jusqu'au bout et ayons confiance dans les "experts" désignés qui feront cette étude.

C'est là que je diffère de vous cher Bruno. Je vous cite "Je n'ai aucune confiance sur leur résultats d'études qui seront sélectionnés avec soin. Nous découvrirons, après coup, les problèmes de telles méthodes, mais trop tard ..." C'est là selon moi, un déni de démocratie. Les experts choisis sont des représentants de notre élite technique cad. les meilleurs de leur génération, meilleurs car les plus intelligents, les plus formés et les plus expérimentés par des années d'exercice professionnel. J'ai confiance dans ce qu'ils diront, sachant qu'ils ne feront que compiler tous les documents existants qui sont américains puisque l'expérience en la matière est américaine. C'est d'ailleurs ce que je fais avec mes petits moyens. Par ailleurs quand vous dites "Nous découvrirons, après coup, les problèmes de telles méthodes, mais trop tard", je répondrai que nous ne sommes plus à l'aube de la révolution industrielle; nous avons des lois, des institutions, un parlement... les risques liés à une technologie nouvelle subsistent, mais nous sommes mieux armés qu'au 19è siècle pour les connaître et les anticiper.

Enfin après nous avoir dit "Je n'ai aucune confiance...", vous prônez l'évolution de notre système de production consommation vers une décroissance utopique et l'adoption d'une monnaie locale pour revigorer notre économie locale - une utopie irréaliste en pays de Fayence selon moi. Le problème des gaz de schistes n'a pas de rapport selon moi avec "sacrifier une région sur l'autel de la croissance"; cela a rapport avec l'énergie nécessaire pour que notre mode de vie reste soutenable... avec moins de nucléaire, voire plus du tout de nucléaire dans 30 ans, des mesures d'économie d'énergie, d'efficience des équipements électriques, et la croissance d'énergies renouvelables mais qui requièrent malgré tout une base pour fournir de l'électricité quand il n'y a pas de soleil ou de vent.

Mis en ligne le 08/12/2010