CHAUD DEVANT

Un nouveau scénario catastrophe pour les océans

Le réchauffement climatique n’a pas pour seule conséquence la montée du niveau des océans. Une autre est la mise en péril des écosystèmes qui s’y sont développés, et ce pour au moins deux raisons. La première est que les océans captent et dissolvent une partie importante du CO2 atmosphérique. Le gaz se transforme alors en acide carbonique. Avec l’augmentation continue des quantités atmosphériques de CO2, de plus en plus de gaz se dissout dans la mer. Selon une étude de la Royal Society britannique, ce phénomène pourrait augmenter l’acidité des océans de 0,5 unité pH (l’unité utilisée pour mesurer cette acidité) “Une telle modification perturberait les équilibres chimiques de l’océan et anéantirait une partie de la vie marine”, prévient le magazine Nature. L’auteur de l’étude – John Raven, de l’université de Dundee – nous met en garde : il faut gérer le problème à sa source car “nous n’aurons aucun moyen de retirer ce CO2 de l’océan. La nature aura besoin de milliers d’années pour l’éliminer.” Les conséquences de cette acidification sur les écosystèmes sont encore très mal connues, mais “la variation du pH signifie que vers 2100 le processus de calcification pourrait devenir extrêmement difficile [pour le plancton]”, peut-on lire dans Nature.

Pour y voir plus clair, le magazine Science News rapporte deux études préliminaires. La première, de Chris Langdon, de l’université de Miami, montre que l’acidification induit un ralentissement de la croissance des coraux. La seconde, de Victoria Fabry, de la California State University, montre que le squelette de certains organismes qui forment le plancton devient plus petit et mal formé. Or le plancton constitue la source de la quasi-totalité des écosystèmes marins. Sa disparition ou sa transformation auraient probablement des conséquences dramatiques.

Le réchauffement des océans pourrait avoir encore une autre conséquence : celle de libérer des quantités énormes de méthane. En effet, le CO2, n’est pas le seul gaz à effet de serre capté dans la mer. Le méthane est également présent ; il se solidifie au fond des mers pour former une sorte de glace – les hydrates de méthane. Les quantités en jeu sont énormes : elles pourraient atteindre trois mille fois celles présentes dans l’atmosphère. Or ces hydrates sont instables : si la température de l’eau augmente, les océans pourraient libérer ce gaz, qui exerce un effet de serre vingt fois plus puissant que le CO2. Ce serait alors le début d’un scénario catastrophe encore plus noir que les hypothèses actuelles sur le réchauffement (voir CI n° 728, du 14 octobre 2004). Des chercheurs américains qui ont analysé récemment dans le magazine Science l’un de ces événements – appelés “rots de méthane” (methane burps) – survenu il y a cinquante-cinq millions d’années affirment qu’il produisit une augmentation de la température moyenne de 8 °C. Environ deux cents millions d’années auparavant, un autre rot de méthane avait éliminé 94 % des espèces marines.

Methane explosion caused mass extinction

at the end of permian 250 million years BP
Thursday August 28, 2003 The Guardian

The planet's worst mass extinction was caused by a huge eruption of methane from the oceans 250m years ago, suggests a US geologist.
Up to 95% of the Earth's marine species disappeared at the end of the Permian period. Some 70% of land species, including plants, insects and vertebrates, also perished.

Gregory Ryskin, of Northwestern University in Illinois, says methane was probably the cause. Produced by bacteria, or from frozen methane hydrates at the bottom of the oceans, the methane gradually diffused into the deep sea water. For a time, the water pressure trapped the gas, which slowly built up, becoming ever more concentrated.

Eventually, a disturbance - a small meteorite impact or even a fast-moving mammal, he explains in Geology, - could have stirred the ocean and brought the deep water closer to the surface where the gas would have bubbled out, releasing a vast belch of methane.

The oceans could easily have contained enough methane to explode with a force 10,000 times greater than the world's nuclear-weapons stockpile, Ryskin claims. "There would be mortality on a massive scale," he says.

"It's a wacky idea, but not so wild that it shouldn't be taken seriously," says geologist Paul Wignall of the University of Leeds. There is evidence the oceans stagnated at the end of the Permian period. And the chemical signature in fossils from the time hints there was a massive change in the amount of carbon dioxide in the atmosphere. Carbon dioxide would have been produced as methane broke down or exploded.

Nature supplies the news content for this page, but the Guardian has sole editorial responsibility for this supplement as a whole