Buzz d'aujourd'hui et d'hier

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(*) mon choix s'est porté sur l'OBS (le nouvel obs), l'Express, Reuters France, le Parisien, Atlantico, le Point, le Figaro, Project Syndicate, Sciences Po, Fondapol et d'autres encore. Je signale l'API "Revue de Presse" sur Android Google play. Les journalistes travaillant tous les jours à rechercher des infos sur l'ensemble de la planète doivent l'utiliser. On trouve quelque chose d'analogue sur PC [lien] et sur Apple [lien].

Alors quel buzz d'hier et d'aujourd'hui?

Hier deux infos ont retenu mon attention: la fusion du RSA et de la PPE, et l'attentat déjoué d'un apprenti terroriste contre des églises.

Et pour compléter le buzz, François Hollande est accroc aux micros et à la caméra, Marine Le Pen est à New-York et l'éco-taxe va coûter près d'un milliard de dépense gaspillée à l'État.

Fusion du RSA et de la PPE: L'annonce faisant suite à l'intervention télévisée de François Hollande à Canal plus dimanche 19 avril 2015, a donné lieu à une émission de C dans l'Air en soirée. Caroline Roux, talentueuse journaliste issue d'Europe1 comme Catherine Nay, officiait avec quatre habitués: Elie Cohen, Bernard Vivier, Agnès Molinié-Verdier et Michel Godet. Voir ou revoir l'émission ici.
Il s'agit d'une nouvelle tentative pour amener à l'emploi rémunéré, les jeunes qui arrivent sur le marché du travail - le chômage des jeunes atteint 25% dans leur tranche d'âges. C'est une nouvelle tentative qui s'apparente à leur donner un revenu de subsistance. Une idée dans l'air depuis des années comme évoquée dans "Affluent Society" par John Kenneth Galbraith.

En regardant l'émission j'ai pensé qu'il manquait des éléments sur les causes du chômage des jeunes. L'économiste Eric Heyer de l'OFCE, professeur de macro-économie à Sciences Po explique que la population active continue d'augmenter en France [Insee]. Les efforts en faveur du maintien en activité des séniors ont produit des effets. Avec une croissance faible de l'activité économique, les jeunes qui arrivent sur le marché du travail se heurtent à la stagnation de l'activité économique et à l'augmentation du taux d'activité des séniors. Et leur handicap est évidemment la formation, insuffisamment adaptée aux besoins des entreprises. Un casse tête pour les gouvernements successifs que la fusion du RSA et de la PPE voudrait mieux traiter.

Concernant l'activité, il est bon de comprendre comment fonctionne le système de production - consommation. Car c'est la base de l'économie moderne dont tout dépend dans le monde d'aujourd'hui.

Toute production de biens et de services par des entreprises utilise de la monnaie et en génère un flux qui circule dans la société. Les producteurs vendent leur production à des clients consommateurs; le produit de ces ventes est distribué à ceux qui les ont produits, dont les producteurs de produits et de services intermédiaires, le personnel, l'État, les administrations de sécurité sociale et les organismes de retraites. Toute la production se retrouve donc distribuée sous forme de monnaie. Cette monnaie est utilisée alors de trois manières différentes:

  1. soit elle est dépensée immédiatement pour acheter des produits de consommation courante (comme des aliments, de l'énergie, du transport), des services ou des biens durables comme des machines à laver, une voiture, un téléviseur, un ordinateur, un téléphones portable;
  2. soit elle est investie dans des projets nouveaux qui nécessitent des bâtiments, des machines, l'embauche de personnels;
  3. soit elle est thésaurisée en comptes de dépôts bancaires et épargnée.

Les acteurs qui interviennent dans le processus de dépenses et d'épargne sont les ménages, les entreprises, le monde extérieur et l'État. Et l'ensemble est un jeu à somme nulle, c'est à dire que le total des dépenses est égal au total des épargnes.

Parmi la population active, il y a ceux qui reçoivent plus qu'ils ne dépensent; la différence reste en comptes de dépôts bancaires ou va en investissements. Il y a ceux reçoivent moins que ce qu'ils dépensent ou voudraient dépenser. Parmi ceux là, il y a les particuliers et ménages à faibles revenus et les pauvres. Il y a aussi les entreprises qui veulent investir pour produire plus, améliorer leur production, ou produire de nouveaux produits et services. Normalement les ménages sont excédentaires en épargne, les entreprises excédentaires en dépenses car elles investissent, le monde extérieur peut être en situation d'épargne ou de dépense (c'est la balance commerciale: importations ou exportations nettes positives), et l'état assure l'équilibre en étant en situation d'épargne ou de dépense de dernier ressort.

La monnaie produite doit être égale à la monnaie utilisée; comment se fait l'équilibre?
Ceux qui reçoivent plus qu'ils ne dépensent en consommation courante, achats de biens durables et services, disposent d'un surplus non dépensé qui reste dans leur(s) compte(s) bancaire(s). Ce surplus peut croître de mois en mois. Le plus fréquent est que ces personnes cherchent à faire fructifier leur argent en le plaçant (*), car les comptes de dépôts ne rapportent aucun intérêt. Le placement le plus facile est la caisse d'épargne mais les sommes sont plafonnées. Quand on a atteint le plafond, il faut trouver autre chose. L'assurance vie est un autre moyen de placer le surplus des revenus moins les dépenses courantes. Il y a aussi d'autres placements financiers conseillés par des spécialistes en gestion de patrimoine.
(*) c'est à dire en le mettant à disposition d'autres personnes ou entreprises dont les revenus sont inférieurs à leurs dépenses et qui demandent des prêts; en compensation de cela la rémunération est un taux d'intérêt qui est le prix de ce renoncement. Comme tout bien échangé, le prix dépend de la confrontation des offres et des demandes.

Mais alors que font les banques et les institutions auprès desquelles on a placé son argent excédentaire? Elles doivent aussi trouver le moyen d'utiliser cet argent. Elles répondent à des demandes de prêts des particuliers dont les revenus sont inférieurs à leurs dépenses pour acheter des biens d'équipement durables chers - voiture, électroménager, TV, ordinateurs - ou un logement, neuf ou ancien ou pour faire une rénovation ou un aménagement. Elles accordent ces prêts en s'assurant que la personne pourra en assumer la charge et payer les mensualités couvrant intérêts et remboursement du capital; c'est donc une dépense différée échelonnée dans le temps. Mais ce processus ne peut s'appliquer qu'à des personnes qui ont un revenu et que ce revenu soit suffisant.

Il y a aussi les entreprises qui demandent des prêts pour assurer leurs fins de mois (leurs dépenses étant momentanément supérieures à leurs recettes), ou pour investir dans de nouveaux moyens de production (bâtiments, équipements...), pour agrandir leur business, augmenter leur production et leur chiffre d'affaires. Là aussi les banques s'assurent que l'entreprise a un bon projet, qu'elle ne fera pas faillite et qu'elle pourra payer les mensualités, payer les intérêts et rembourser le capital... Car pour une banque qui n'est pas remboursée de son prêt, c'est une perte qui intervient en négatif dans son bilan.

Il faut savoir que les banques peuvent prêter beaucoup plus d'argent qu'elles en ont en dépôts ce qui leur permet de répondre à un grand nombre de demandes de particuliers et d'entreprises. C'est le système fractionnaire.

Les personnes qui disposent d'excédents peuvent aussi investir directement en souscrivant à des demandes de capitaux d'entreprises en bourse sous la forme d'actions ou d'obligations. Et certains investissent directement en créant leur entreprise avec leurs fonds propres et en demandent aux banques des prêts pour couvrir la totalité du financement nécessaire; c'est ce qu'on appelle l'effet de levier.

La monnaie circule donc dans la société entre les producteurs et les consommateurs, chacun étant à la fois producteur et consommateur à différents moments.

L'activité économique que je viens de décrire est mesurée par le produit intérieur brut somme des valeurs ajoutées (monétaires) de toutes les entreprises. Mais il y a un grand nombre d'activités qui ne sont pas monétisées comme les travaux domestiques, les travaux bénévoles... Et avec l'évolution des TIC il y a de plus en plus de produits et services gratuits accessibles à tous ceux qui disposent d'un PC, d'une tablette, d'un smartphone et d'un accès à internet. L'activité mesurée par le PIB est donc plus faible qu'elle n'est en réalité. Ceci a été montré par de nombreux auteurs, dont Joseph Stiglitz, Amartya Sen et Jean-Paul Fitoussi 3 et Bradford Delong 8 et 9.

  1. La révolution numérique en euros sonnants et trébuchants : ce qu’on a gagné en pouvoir d’achat, ce qu’on a perdu par ailleurs
  2. Insee: Population active en France et en Europe
  3. Stiglitz, Sen et Fitoussi: Rapport de la Commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social
  4. Le problème de la stagnation séculaire
  5. Secular stagnation/Stagnation séculaire: a debate/quesaco?
  6. Comment les riches gouvernent.
  7. Inspirer la croissance économique
  8. Le paradoxe de la production moderne
  9. Internet et inégalités

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Mis en ligne le 23/04/2015 pratclif.com