Mario Draghi et le Saint Graal, par Frances Coppola

Ce texte est la traduction d'un billet de Frances Coppola (traduit par les crises). Frances Coppola s'en prend à Hans Werner Sinn qui avait publié un billet sur l'euro dans Project Syndicate sous le titre "Varoufakis's great game" (Les talents de joueur du ministre Varoufakis), billet retransmis par Bruno Bertez dans son blog A Lupus. La crise grecque est devenue un point de bifurcation en Europe et dans le monde car elle met en évidence, une fois de plus et de manière plus dramatique, la faiblesse de la construction européenne et de la monnaie unique dont certains pays ont voulu se doter. L'histoire montre que les évènements se déroulent par une succession d'erreurs et que l'on passe son temps à les corriger. Les élites, les puissants et les dirigeants politiques, sont des hommes qui, comme le commun des mortels, sont limités par leur cerveau et formatés par la culture de la communauté à laquelle ils appartiennent. Souvent, les décisions sont prises sur la base de présupposés ou de jugements erronés. Une fois que les conséquences délétères de ces décisions apparaissent, il faut s'adapter et tenter de corriger. On connaît les célèbres lignes d'Hérodote dans Histoires qui sont plus que jamais d'actualité: "La hâte engendre en tout l'erreur, et de l'erreur sort bien souvent le désastre". Pour ma part, commun des mortels, je n'ai cessé au cours de ma vie de corriger des erreurs de jugement et de décisions.

En réponse à un commentaire sur mon post récent relatif à Target2 et à l’ELA (Emergency Liquidity Assistance), j'avais dit ceci :

Il n'y a pas "d'euros grecs" ou "d'euros allemands". Il y a seulement des euros européens. Donc, la BCE n'échange pas des euros grecs et des euros allemands à parité. Les deux pays utilisent la même monnaie, laquelle est produite par l'Euro-système. Les banques centrales nationales ne sont  pas des entités autonomes, ce sont des parties de l'Euro-système. Elles ne créent pas leur propre monnaie : collectivement, elles créent la monnaie unique.

C'est ainsi que fonctionne une monnaie unique. S'il y a plusieurs "banques centrales" dans une zone dotée d'une monnaie unique – comme c'est le cas aux états-Unis par exemple – elles ne produisent pas leur propre monnaie. La Réserve Fédérale de Saint-Louis ne produit pas des dollars Saint-Louis. Elle produit des dollars américains. De même pour la Réserve Fédérale de Minneapolis, pour celle de New York, pour celle d'Atlanta et ainsi de suite. Les douze banques qui constituent la Réserve Fédérale produisent ensemble une monnaie unique, le dollar américain.

Donc, la personne qui soutenait que les euros grecs et allemands sont échangés à parité par la BCE, et que ce n'est pas le bon prix, avait tort, n'est-ce pas ?

Si l'euro était réellement une monnaie unique, elle aurait eu tort. Et c'était l'hypothèse retenue dans ma réponse.

Mais à la réflexion, il y a quelque chose qui cloche. La structure de l'Euro-système n'est pas celle d'une monnaie unique. Aucune autre zone monétaire n'a de "banques centrales" individuelles pour chacun de ses états membres. Les états-Unis ont douze banques pour leur Réserve Fédérale, pas cinquante. Le Royaume-Uni, sans doute la plus vieille et la plus stable union monétaire, compte quatre "états membres" mais n'a qu'une seule banque centrale, en dépit du fait que deux de ses états membres produisent leurs propres billets de banque. Une monnaie unique n'a pas besoin d'une "banque centrale" pour chacun des états membres, mais un système à taux de change fixe, oui. L'Euro-système est construit comme si l'Euro-zone utilisait un système à taux de change fixe, pas une monnaie unique.

Dans une monnaie unique, la provenance des billets de banque est sans importance. Les états-Unis ne marquent pas leurs billets de banque avec l'identifiant de l'état émetteur. Au Royaume-Uni, les billets écossais sont différents des billets en livres sterling, mais ils constituent vraiment une monnaie parallèle liée à parité à la livre et associée à des réserves équivalentes de livres sterling physiques, dans une sorte d'arrangement de caisse d'émission. Mais les billets en euros sont marqués de leur monnaie d'origine. Une fois de plus, ce n'est pas ce que l'on attendrait d'une véritable monnaie unique.

La construction de Target2 reflète la structure de l'Euro-système. Target2 enregistre les balances des débits et des crédits entre les différentes "banques centrales nationales" de l'Euro-système. Il fait payer des intérêts sur les débits et paie des intérêts sur les crédits (quoique en ce moment les taux d'intérêts sur les crédits soient en fait négatifs). Cet arrangement est franchement bizarre. L'intérêt est créé par l'une des entités de l'Euro-système puis transféré à une autre. Il n'entre ni ne sort de l'Euro-système : il s'agit simplement d'une création et d'un mouvement de réserves à l'intérieur du système. C'est, en bref, un seigneuriage. Les entités de l'Euro-système débitrices créent des intérêts et les paient à la BCE : les entités créditrices de l'Euro-système reçoivent des intérêts de la BCE. Parce que dans un système fermé les débits et les crédits doivent s'équilibrer, l'effet net est que les entités débitrices de l'Euro-système créent et transfèrent des réserves aux entités créditrices de l'Euro-système. Mais tout ceci n'est que monnaie irréelle. Les "banques centrales nationales" de l'Euro-système ne sont pas indépendantes, et ne sont pas non plus représentatives des états membres : ce sont simplement des ramifications de l'Euro-système. Et à l'intérieur de Target2, elles n'ont même aucune réalité. Ce sont juste des représentations de la structure de l'Euro-système. Les paiements d'intérêts sont symboliques. De même que les balances.

Mais pour Hans Werner Sinn, les balances de Target2 ne sont pas symboliques. Elles sont des dettes réelles entre les états membres de l'Euro-zone. Et les intérêts payés sont réels. Donc un pays quittant l'Euro-zone doit équilibrer sa balance Target2 par un véritable transfert d'euros obtenus par l'impôt ou par l'emprunt souverain.

Le point de vue de Sinn reçoit un large soutien, bien qu'il affaiblisse sérieusement le concept de l'euro en tant que monnaie unique. Mais il y a un problème encore plus important – et qui a été identifié non pas par Sinn mais par la personne qui probablement a le plus à perdre d'un effondrement de l'euro – Mario Draghi.

Il m'a fallu un moment pour cerner ce qui n'allait pas dans cette affirmation tirée d'un discours de Draghi à Helsinki en novembre 2014 (c'est moi qui souligne) :

… si certains membres de la zone euro sont pénalisés par leur appartenance à l'union monétaire, des doutes peuvent naître sur leur éventuelle sortie. Et si un pays peut quitter l'union monétaire, cela constitue un précédent pour tous les pays. Cela affecterait la fongibilité de la monnaie, car les dépôts bancaires et autres contrats financiers comporteraient un risque de redénomination dans chaque pays.

Il ne s'agit pas de considérations théoriques, nous avons tous vu de très près comment les craintes d'une sortie de l'euro ou d'une redénomination ont fragmenté nos économies, et à quels coûts considérables en termes de bien-être et d'emploi.

Il s'impose donc clairement que la réussite de l'union monétaire dans un pays dépend de sa réussite dans tous les pays. L'euro est – et doit être – irrévocable dans tous les pays participants, pas uniquement parce que les traités le veulent ainsi, mais parce que c'est la condition sine qua non de l'existence d'une monnaie véritablement unique.

A première vue, cela ressemble à un appel à un engagement en faveur de la monnaie unique. Mais attendez, Draghi dit, en fait, qu'une monnaie unique authentique ne peut pas s'adapter à des changements dans la constitution du groupe de ses adhérents. Ce n'est pas vrai.

En 1922, l'Irlande du Sud a quitté le Royaume-Uni, devenant d'abord l'état irlandais libre et plus tard la République d'Irlande. Elle a adopté sa propre monnaie, la livre irlandaise, en 1928. A aucun moment il n'est apparu à quiconque que l'adoption par l'Irlande de sa propre monnaie menacerait l'existence de la livre sterling. D'ailleurs, la livre sterling a continué d'être utilisée dans l'Irlande indépendante aux côtés de sa propre monnaie.

L'année dernière, l'écosse a organisé un référendum sur le maintien ou non dans le Royaume-Uni. Elle a choisi le maintien avec une majorité faible. La livre sterling était en fait un sujet à controverse du référendum, mais pas parce que le retrait de l'écosse de l'union aurait menacé son existence. Même ceux qui prétendaient que le départ de l'écosse signifierait la fin du Royaume-Uni, et même ceux qui disaient que le départ de l'écosse serait inévitablement suivi par celui du Pays de Galles et de l'Irlande du Nord, n'ont pas dit pas que la livre sterling cesserait d'exister. Au contraire. Les défenseurs passionnés de l'indépendance écossaise revendiquaient la livre sterling comme leur et ont demandé à la partager avec le reste du Royaume-Uni une fois l'indépendance acquise. étant donné que le reste du Royaume-Uni n'avait pas son mot à dire lors de ce référendum (et était, à juste titre, fortement sceptique sur des accords d'union monétaire dans le style de l'Euro-zone), la demande a été rejetée sans surprise par le gouvernement britannique.

Au cours du "divorce de velours" entre la République Tchèque et la Slovaquie, les deux parties ont finalement choisi une nouvelle monnaie. Mais ceci est inhabituel. Le plus souvent, lorsque des zones monétaires se défont, l'état dominant conserve la monnaie unique : par exemple le rouble – qui était la monnaie de l'Union Soviétique – demeure la monnaie de la Russie. Les véritables monnaies uniques peuvent changer leur allégeance mais ne disparaissent pas. Elles traversent l'histoire, les habitudes et surtout elles sont préservées par l'identité. Le rouble est la monnaie de la Russie depuis très longtemps : les pays satellites vont et viennent, mais la monnaie demeure un symbole de l'identité russe.

Dans un entretien intéressant avec la revue Jacobin, l'économiste et député grec Costas Lapavitsas – parlant de la crise grecque – dit que la monnaie d'un pays est intimement liée à l'identité de son peuple.

Cette crise démontre indiscutablement que la monnaie est bien plus qu'un phénomène économique. Fondamentalement, bien sûr, c'est un phénomène économique. Mais elle est bien plus que cela. Elle a de nombreuses dimensions sociales et l'une d'elles, cruciale, est celle de l'identité.

La monnaie est, pour des raisons qu'il n'y a pas lieu d'évoquer maintenant mais que je développe dans mes travaux, associée aux croyances, aux coutumes, aux manières de penser, à l'idéologie et à l'identité. La monnaie devient l'identité plus que le capitalisme.

Il ajoute que pour les états périphériques, être membre de l'Euro est bien plus qu'une simple question de monnaie. C'est une signe d'appartenance – d'acceptation comme membre à part entière d'un club important et prospère nommé "Europe".

Les gens doivent se rendre compte que, pour les Grecs, rejoindre l'union monétaire et utiliser la même monnaie que le reste de l'Europe occidentale était aussi un bond en avant dans l'identité. Dans la conscience populaire, et étant donnée l'histoire de la Grèce, ce mouvement avait permis aux Grecs de se croire devenus "de vrais européens". Pour un petit pays des confins sud des Balkans, qui avait eu une histoire très agitée, pendant la période ottomane et ce qui avait suivi, c'était une chose très, très importante.

Cette attitude ne se limite pas à la Grèce. Lorsque j'ai écrit récemment sur la Lettonie, j'ai été frappé de voir combien l'adhésion à l'euro était perçue comme une sorte de Saint Graal – une merveilleuse récompense à gagner par des épreuves et des privations. Pour les Lettons, comme pour les Grecs, l'adhésion à l'euro était un symbole d'intégration à cette grande fraternité appelée Europe, en laissant derrière eux l'héritage terrible du passé soviétique. Qu'en acceptant l'euro ils aient une fois de plus abandonné leur souveraineté semble leur avoir échappé.

Le drame, c'est que "l'identité européenne" qui attire tant les Grecs aussi bien que les Lettons n'existe pas. C'est vrai, elle peut se développer – après tout, l'Amérique a réussi à se forger une identité commune à partir d'un ensemble d'états en guerre et hétérogènes. Mais l'Europe a 3000 ans de conflits et d'effusions de sang à surmonter, y compris les deux plus terribles guerres de l'histoire de la planète et quelques unes des pires atrocités. La crainte d'une autre guerre ne peux pas gommer les différences profondes de culture, de coutumes et d'identité entre les pays d'Europe, et en fait en leur sein. Et s'enfermer dans une monnaie artificielle qui n'a aucun fondement historique ne va pas créer une identité européenne. Comme on l'a vu trop fréquemment ces dernières années, lorsqu'une crise frappe, la solidarité européenne s'évapore comme la rosée matinale. L'identité européenne n'est qu'un ami des beaux jours.

L'euro est fondé sur des mensonges. Il prétend promouvoir l'unité européenne alors qu'il crée et entretient les divisions et la méfiance. Il prétend préserver la souveraineté, mais pour assurer sa survie il demande à ses états membres de renoncer à contrôler leur économie et, de plus en plus, leur politique. Il prétend apporter la prospérité, mais il ne lègue que la dépression.

Et parce qu'il est fondé sur des mensonges, il est fragile. Draghi a raison quand il dit que si un pays sort de l'euro, d'autres peuvent suivre, et que cela peut mener au démantèlement de l'ensemble. Mais cela ne vient pas du fait que l'adhésion irrévocable serait une caractéristique nécessaire d'une monnaie unique. Il est clair qu'elle ne l'est pas : dans d'autres unions monétaires, les états membres vont et viennent, mais la monnaie survit. Non, l'adhésion irrévocable est nécessaire parce que l'Euro n'est PAS une monnaie unique. Il lui manque les fondations de l'histoire, des coutumes, de l'identité et de la confiance qui caractérisent les monnaies uniques authentiques. Et sa construction institutionnelle est celle d'un système à taux de change fixes, pas une monnaie unique. Nous avons vu en 1992 comment les systèmes à taux de change fixes peuvent se défaire lorsqu'un membre part

Au moment où j'écris, il y a beaucoup de discussions pour savoir si la Grèce va quitter l'Euro. Et alors que le défaut de paiement approche et qu'aucun accord n'est trouvé, la crainte se répand de la Grèce à d'autres pays. Si la Grèce fait défaut et part, qu'adviendra-t-il du Portugal ? de l'Espagne ? de l'Italie ?

Nous avons joué ce scénario auparavant. Il s'appelle "la contagion". On nous avait dit que cela n'arriverait plus : la BCE dispose d'une batterie outils financiers pour protéger les autres pays de l'Euro-zone des effets d'un désastre grec, et les banques ont été remises en ordre. Il semble que les marchés pensent différemment. Les marchés financiers baissent, les rendements obligataires s'envolent dans les pays environnants, les investissements commerciaux s'effondrent… La contagion est de retour, à un degré extrême.

La fin à la panique boursière qui menaçait de détruire l'euro en 2012 est largement attribuée à Draghi. "Nous ferons tout ce qui est nécessaire", disait-il. Les acteurs du marché en ont déduit que la BCE agirait comme un véritable prêteur en dernier recours, et cela a été confirmé par le programme OMT. Alors pourquoi aujourd'hui les marchés paniquent-ils encore ?

Je ne pense pas que Draghi soit autant qu'on l'a dit l'auteur de l'apaisement après la panique de 2012. Ce qui a vraiment apaisé les marchés, c'est que personne n'a quitté l'Euro. La Grèce a été sauvée. Encore. Et c'était suffisant pour donner l'assurance aux marchés que l'Euro ne se disloquerait pas. Mais aujourd'hui nous sommes revenus à la situation d'avant la restructuration de 2012. La dette grecque s'élève à 180% du PIB, son excédent primaire part en fumée et elle a un gouvernement de gauche peu coopératif et belliqueux qui refuse de faire ce que les créanciers veulent. Le défaut de paiement et la sortie grecs sont une fois encore à l'ordre du jour, et cette fois-ci les marchés doutent de plus en plus d'un sauvetage. Si elle part, d'autres pourraient bien suivre…

D'après moi, la Grèce aurait dû partir il y a longtemps – en fait elle n'aurait jamais dû intégrer l'Euro. Nous savons que la Grèce a menti pour être admise dans l'Euro. Mais de la même manière, on lui a menti. On lui a promis un avenir doré. à la place, elle a obtenu une compétitivité détruite, une dette insoutenable et une récession sévère et durable. Le problème est que pour une économie aussi endommagée, quitter l'Euro maintenant serait très douloureux. Et plus important, pour le moment le peuple grec ne semble pas vouloir le quitter. Je peux parfaitement le comprendre, étant donné la charge émotionnelle que l'adhésion à l'Euro semble contenir aux yeux des pays environnants. Un départ volontaire serait un aveu d'échec : être expulsé serait pire encore.

Ainsi, bien que je pense qu'à long terme la Grèce serait mieux hors de l'Euro, je respecte la volonté de sa population de s'accrocher à son rêve. Un départ unilatéral n'est pas la solution – pas plus que de pousser la Grèce dehors, car cela ne ferait que disloquer l'Euro encore plus rapidement (Allemagne, es-tu à l'écoute ?). Mettre fin à l'Euro proprement est la chose à faire.

Mais cela n'arrivera pas tant que la population continuera à croire qu'il va leur apporter la prospérité. D'une certaine façon, il faut gratter le vernis de l'Euro. C'est du toc comme l'image de Monty Python et le Saint Graal.

Source : Coppola Comment, le 18/06/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr.

  1. Oh dear, Professor Sinn......
  2. The government must run deficits, even in good times.
  3. Of Course Scotland Can Use The (Scottish) Pound
  4. Caisse d'émission | Wikipedia
  5. Stability and Prosperity in Monetary Union Speech by Mario Draghi, President of the European Central Bank,
  6. Irish pound Wikipedia
  7. Dissolution of Czechoslovakia
  8. Greece: Phase Two Greek MP Costas Lapavitsas on the economic barriers ahead for Syriza and the challenges of eurozone exit.
  9. How do you say "dead cat" in Latvian?
  10. 1992: UK crashes out of ERM The government has suspended Britain's membership of the European Exchange Rate Mechanism.
  11. German finance minister says no more risks of contagion in euro zone
  12. The ECB is irrelevant and the Euro is a failure
  13. Le Saint Graal Monty Python
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Mis en ligne le 01/08/2014 pratclif.com