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De l'adage "la critique est aisée mais l'art est difficile"

On reproche aux journalistes et aux blogueurs tels Jean François Kahn de critiquer mais de ne pas faire des propositions; Jean François Kahn fait bien des propositions, notamment dans le cas de la crise financière (lien), mais je pense qu'il ne s'agit que d'idées. Il n'appartient pas aux analystes de formuler des propositions, à la différence des politiques ou des ingénieurs. C'est pourquoi, je crois que l'adage "la critique est facile, l'art est difficile" peut être envisagé autrement que selon l'interprétation originelle (lien).

L'analyse d'un problème, de ses causes, de ses tenants et aboutissants relève de méthode et de rigueur, c'est "l'analyse critique". L'analyse d'un problème d'une part et les propositions de mesures pour le résoudre d'autre part, relèvent d'un travail, d'une compétence et d'une temporalité différents. Bien comprendre un problème dans la multiplicité et la complexité de ses aspects, le décrire et le quantifier, est indispensable pour permettre de trouver des solutions. Le plus souvent quand l'analyse critique d'un problème est pertinente, les solutions en découlent plus facilement. De plus, la solution n'est pas seulement technique et interne au problème; en effet, elle implique des acteurs plus ou moins nombreux et influents; la compréhension du problème par ces acteurs, est une partie de la solution car elle conditionne leur acceptation de la pertinence de l'analyse et de la solution.

Celui qui "critique" est souvent critiqué à son tour avec l'argument "pouvez-vous faire autrement ou mieux?". Je n'échappe pas à la critique. Mais pour les problèmes complexes qui affectent la société d'aujourd'hui, ceci n'est pas pertinent. L'analyse d'un problème est un vrai travail qui requiert du temps, de l'intelligence, de l'expérience. La formulation d'une solution est un autre travail qui requiert d'autres compétences, techniques, sociales et politiques, et qui doit s'appuyer sur l'analyse critique.

Il faut distinguer les "problèmes" qui impliquent les humains et qui sont la conséquence de leurs actions, de leur nombre et de leur mode de vie, et les phénomènes naturels, volcans, tremblements de terre, tempêtes, inondations... Face aux phénomènes naturels imprévisibles, l'analyse et les solutions possibles relèvent d'une méthodologie différente. Je ne m'intéresserai donc qu'aux problèmes qui impliquent les humains.


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Mis en ligne le 09/05/2010 par Pierre Ratcliffe.