Activisme anti-nucléaire ou pro-nucléaire?
peut-on se passer du nucléaire?


Toutes les centrales nucléaires de France

L'activisme anti-nucléaire est ancien; il date de l'emploi des premières bombes atomiques contre le Japon, ce qui l'a amené à capituler sans conditions en septembre 1945. Dans une politique de recherche d'hégémonie sur la totalité du Sud Est Asiatique, à l'instigation de la caste militaire japonaise, le Japon était entré en guerre contre la Russie (1904-1905); puis le Japon a envahi la Chine, laissant pour l'histoire les atrocités commises à Nankin. Il y eut ensuite l'attaque de Pearl Harbour, et l'entrée en guerre contre les États-Unis et l'Angleterre aux côtés des forces de l'axe. Voir l'histoire du Japon de cette époque "le Japon à la recherche d'un empire (1931-1945).

L'activisme anti-nucléaire a aussi été alimenté par les nombreux incidents de sureté principalement l'accident de 3 miles Island aux États-Unis en 1979 et l'accident de Chernobyl en 1986, et en 2011 celui de la centrale de Fukushima au Japon. La centrale de Chernobyl développée en URSS avait des caractéristiques techniques qui en faisaient un danger particulier. La technologie moderne n'a pas ces dangers selon EDF et le lobby pro-nucléaire en France. Pour en savoir plus sur ces accidents:

L'accident de Chernobyl a marqué un coup d'arrêt de 25 ans au développement du nucléaire dans le monde; seule la France a continué son programme d'équipement; ce choix avait été fait sous le General de Gaulle, d'abord pour produire la bombe atomique française, puis en raison de l'absence de ressources significatives de combustibles fossiles, notamment pétrole et gaz sur notre territoire, pour produire l'électricité nécessaire au développement industriel du pays après la 2è guerre mondiale.

Voir ici la liste de tous les sites anti-nucléaire du monde. On peut vérifier que la grande majorité de ces sites sont contre le nucléaire militaire et sa prolifération qui serait facilitée par le nucléaire civil pour la production d'énergie électrique.

Après la deuxième guerre mondiale et les bombes lancées sur le Japon, la communauté internationale a très vite mis en place les institutions pour maîtriser sur le plan global, l'emploi de la technologie nucléaire. Avec la mission de permettre les applications pacifiques - énergie certes, mais aussi applications médicales - et d'empêcher l'emploi du nucléaire à des fins militaires. C'est de là qu'est issue l'Agence Internationale de l'Énergie Atomique (AIEA) ou International Atomic Energy Agency (IAEA). Comme certaines nations avaient développé la bombe atomique - USA, URSS, France - la mission de l'AIEA fut d'empêcher la prolifération des armes atomiques, par le consentement des nations. C'est la raison du traité de non prolifération (TNP) signé en 1968. Le dilemme permanent de la communauté internationale, et de l'AIEA c'est de permettre et développer l'emploi du nucléaire à des fins pacifiques, mais d'empêcher - en surveillant et en contrôlant les sites et les emplois à des fins militaires. Le problème s'est posé pour l'Inde, la Pakistan, l'Irak, la Corée du Nord et aujourd'hui l'Iran.

Voir ici exposé le dilemme du nucléaire civil/militaire par l'AIEA.

Qu'en est-il du nucléaire civil?

En France, Stephane Lhomme porte parole du réseau "Sortir du nucléaire" est un activiste anti-nucléaire. Voir son éditorial du 16/1/2008. Cet éditorial souligne que le nucléaire ne représente que 2.5% de l'énergie consommée dans le monde. Ça c'est par rapport au total, c'est à dire y compris les combustibles fossiles utilisés pour les transports terrestres maritimes et aériens. La part du nucléaire dans la production d'électricité mondiale est de 16% (2004 source Agence Internationale de l'Énergie). Avec le pétrole, l'électricité est l'énergie abondante et bon marché que nous connaissons; c'est ce qui a permis l'allongement des études, le passage du tourisme à 10% du PIB, la tertiarisation de l'économie, le retour à la campagne, l'apparition des mégapoles, la production de masse, l'augmentation du pouvoir d'achat, le triplement de la consommation de viande et quelques babioles annexes. La part du nucléaire dans la production d'électricité est de 16%. Avec l'augmentation du parc nucléaire à travers le monde, pour laquelle la France milite, tant pour juguler l'effet de serre que pour favoriser son industrie nucléaire puissante, elle pourrait augmenter; hypothèse: elle passerait à 22-25%. La part de la production d'électricité par le nucléaire en France a été de 88% en France en 2006 (source AIE et cf. vos factures EDF).

Voir ici:

L'énergie nucléaire civile a beaucoup contribué à la prospérité française; elle a permis de s'affranchir de la dépendance du pétrole et des combustibles fossiles dont la France n'est pas dotée. La production d'électricité est un facteur énorme d'amélioration du niveau de vie. Le problème du nucléaire chez nous ne se pose pas en termes d'équipements mais de renouvellement d'installations arrivant en fin de vie technologique, comme l'EPR à Flamenville. La production d'électricité nucléaire abondante et à faible coût ne doit pas freiner le développement des technologies alternatives - hydraulique, éolien, solaire, biomasse, géothermique - que l'État doit développer pour atteindre l'objectif de 20% fixé par l'UE... et d'autre part les économies d'énergie par les technologies nouvelles, comme des moteurs plus performants, des véhicules hybrides carburant liquide et électricité, les pompes à chaleur pour le chauffage domestique, l'isolation performante des bâtiments résidentiels, commerciaux et industriels.

Écouter Henri Prévot, ingénieur général des mines, du ministère de l'industrie. Trop de pétrole ! Energie fossile et réchauffement climatique. Réduire notre dépendance à l'énergie fossile.

La production d'électricité par voie thermique en France (nucléaire comme charbon) a un rendement de seulement #35%; 65% de l'énergie est perdue sous forme de chaleur (les grandes tours de refroidissement). Notre système de production d'énergie repose sur une conception de l'après guerre et des 30 glorieuses. Des grandes centrales (charbon et nucléaires) de 600-900-1300-1435MW, alimentant ménages et entreprises via un réseau interconnecté de dimension nationale et internationale. L'évolution vers la grande taille des centrales était poussée par la recherche d'économies d'échelle. Dans les pays de l'Est, les centrales sont au coeur des villes et la chaleur est utilisée pour le chauffage et les besoins industriels. La production par les techniques renouvelables ne se prête pas à l'accroissement de facteur d'échelle; ce sont des petites unités proches des lieux d'utilisation et quand c'est par la voie thermique (biomasse ou déchets transformés en CH4) on peut aussi utiliser la chaleur produite. Le gisement d'économies d'énergie est donc considérable.

L'extension du parc de centrales nucléaires dans le monde est contraint par l'activisme anti nucléaire. L'acceptation par le public, le traitement des déchets radioactifs finals, les problèmes de sureté, les risques d'accidents à conséquences catastrophiques, les risques d'utilisation de la technologie à usage militaire et la prolifération des armes nucléaires, constituent des risques majeurs difficiles à maîtriser. Si ces contraintes ne sont pas résolues, il est probable que l'énergie nucléaire civile ne se développera pas et que sa contribution à la production d'électricité stagnera voire diminuera à l'avenir. C'est pourquoi, dans la plupart des pays, la perception de tous ces risques limite fortement l'implication du secteur privé dans le nucléaire civil. La situation en France est particulière en raison de l'histoire du nucléaire dans notre pays; depuis le commissariat à l'énergie atomique CEA, la part du nucléaire dans la production d'électricité EDF, Gogema et Framatome, fusionnés et devenus AREVA.

Voir ici l'histoire du nucléaire en France. Elle est étroitement liée aux militaires et à la bombe atomique française. Mais avec en plus, la guerre des filières entre le CEA et EDF.

Vingt ans s'étant passés depuis Chernobyl, l'intérêt du nucléaire revient partout dans le monde, à cause des problèmes d'énergie, la hausse du prix du pétrole, les tensions sur le marché international du pétrole et du gaz, la forte concentration des réserves en quelques pays, l'arrivée de la Chine, de l'Inde et autres pays émergeants comme consommateurs, et surtout le changement climatique provoqué par les gaz à effet de serre produits par la combustion des combustibles fossiles. L'enjeu est de réduire notre consommation de combustibles fossiles pour échapper au désastre écologique que provoquera le changement climatique et une élévation de la température moyenne de la planète.

Voir ici "Le nucléaire, pourquoi pas?" une conférence de Marcel Boiteux ex directeur général de l'EDF et Philippe Jurgensen.

Le nucléaire est un risque qu'on ne doit pas minimiser, mais le changement climatique est une certitude. Sans réduction drastique de nos émissions de CO2, nous allons être contraints par le changement climatique d'où l'intérêt renouvelé du nucléaire.

Les centrales nucléaires avec les technologies actuelles employées dans le monde ne permettent pas de détourner l'emploi du nucléaire civil à des fins militaires. Pour fabriquer une bombe atomique, il faut de l'uranium enrichi; les procédés d'enrichissement sont la concentration isotopique avec emploi de centrifugeuses; ou la récupération de déchets de la fission plutonium ce qui nécessite d'arrêter la centrale de manière prolongée. Voir ici "que faut-il pour fabriquer une bombe atomique?". De telles activités sont contrôlées par l'AIEA. La surveillance permanente des installations nucléaires dans le monde par l'AIEA est le moyen dont dispose la communauté internationale pour connaître toute tentative d'emploi possible à des fins militaires. Partant de là, la communauté internationale peut faire pression pour empêcher un pays de détourner les usages civils de l'atome pour fabriquer une bombe.

Mais les cas de la Corée du Nord et de l'Iran aujourd'hui comme hier de l'Irak, montrent que cette pression est difficile à exercer efficacement. Voir ici liens sur l'Iran et la bombe A. Et certains pays ont la bombe atomique car ils n'ont pas signé le traité de non prolifération du nucléaire Il s'agit de l'Inde, du Pakistan et d'Israël; et la Corée du Nord s'en est retirée en 2003...

En conclusion, les risques du nucléaire sont l'utilisation militaire d'une part, d'autre part les risques civils liés à la sureté des installations, au traitement des déchets et à la désinstallation des équipements en fin de vie technique. Le nucléaire permet de produire l'énergie électrique la moins chère, sans gaz à effet de serre, de manière continue et ainsi de fournir une part importante de nos besoins en énergie. La production minière du minerai d'uranium, son traitement par procédé chimique pour l'enrichir et concentrer la partie fissile, est une activité minière classique qui produit des déchets et qui contribue à l'effet de serre comme toute activité industrielle, depuis le site de production jusqu'à celui de l'utilisateur final. Le démantèlement des installations existantes et en opération est un problème qui ne s'est pas encore posé; les ingénieurs envisagent de maintenir les installations en fonction de manière indéfinie en les entrenant et en les modernisant.

Mise à jour le 09/07/2013