Les médias arabes en communion
Large couverture des obsèques de Jean Paul II,
encensé pour son dialogue interreligieux.

Par Claude GUIBAL
samedi 09 avril 2005 (Liberation - 06:00)
Le Caire de la correspondante de Libération

Missions spéciales, directs depuis la place Saint-Pierre, prêtres sur les plateaux et nonces en duplex : les médias arabes ont accordé hier une très large place aux obsèques de Jean Paul II, dûment commentées et illustrées par des reportages sur l'oeuvre du souverain pontife et sur les communautés catholiques à travers le monde, notamment au Proche-Orient. Les rites romains, les différences entre les cultes chrétiens, l'histoire de la papauté, ont été disséqués sur les chaînes satellitaires d'information continue comme Al-Arabiya et Al-Jezira.

Depuis le décès du pape, la presse arabe chante à l'unisson les vertus d'un homme salué comme un champion du dialogue interreligieux. «Une feuille est tombée de l'arbre de la paix», regrette le quotidien égyptien Al-Ahram. En décrétant trois jours de deuil officiel, l'Egypte avait tenu à honorer la mémoire de celui qu'elle avait accueilli sur son sol il y a cinq ans, lors d'un voyage qui l'avait conduit au Caire, puis dans le Sinaï, au monastère Sainte-Catherine, sur les pas de Moïse. Dans ce pays à 90 % musulman, les catholiques ne sont qu'une minorité minoritaire au côté des coptes orthodoxes.

Décrit comme «un symbole de paix et d'amour» par le président Moubarak, Jean Paul II avait touché les Egyptiens en appelant à la solidarité avec le peuple palestinien, et en condamnant avec fermeté les guerres en Irak et en Afghanistan. La presse et les hommes politiques ont salué l'«homme de foi et de dialogue, inlassable artisan du rapprochement avec l'Islam». La rencontre oecuménique d'Assise en 1986 ­ où Jean Paul II avait convié tous les représentants des religions à prier pour la paix ­ est perçue comme un moment phare, symbolisant la reconnaissance par l'Eglise catholique de l'islam comme religion à part entière. En visitant la mosquée des Omeyyades à Damas (Syrie), Jean Paul II avait été le premier pape à pénétrer dans un lieu de culte musulman. Le guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Mehdi Akef, a souhaité que son successeur soit, à son image, «un adepte de la liberté, de la sauvegarde des valeurs morales et des droits de l'homme».

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