Réflexions après la mort du pape Jean Paul II le 2 avril 2005


La mort du pape Jean-Paul II le 2 avril 2005, nous donne l'occasion de réflexions sur notre parcours en matière de religion.

La couverture très médiatisée de la mort du pape Jean-Paul II en temps réel par les télévisions, a été pour nous, comme pour les catholiques du monde entier, une expérience nouvelle où l'émotion collective a été immense. Nous avions vécu la mort des papes Pie XII, puis Jean XXIII et Paul VI mais la télévision n'était pas encore développé à ce point pour faire des reportages en temps réel. Nous avions participé aux évènements de la mort de Pie XII en 1958 et de Jean XXIII en 1963, quand tous les fidèles de France et du monde entier étaient appelés à se réunir pour prier dans les églises. La mort d'un pape a toujours été l'occasion pour l'église d'enseigner un message d'espérance et "le bien mourir" aux fidèles. Avec les moyens modernes de communication, le fait que tous ont pu participer aux voyages de Jean-Paul II et connaissaient ses messages, sa mort et les cérémonies qui l'accompagnent, l'afflixion et l'hommage du monde entier, donnent à l'évènement une émotion particulièrement intense, rappelant à chacun la mort d'un père, d'une mère ou d'un être cher. La mort de Jean-Paul II s'inscrit aussi dans l'exercice du magistère de l'église telle qu'il est enseigné dans l'encyclique de Jean-Paul II, "evangelium vitae".

Comme la plupart des français de notre génération, nous avons été baptisés et catéchisés dans la religion catholique. Nous avons fait notre communion privée, puis solennelle; nous avons été confirmés; nous allions à la messe tous les dimanches, nous nous confessions régulièrement et communions à la messe. Nous participions à toutes les associations de jeunes catholiques: patronages, scouts et guides et plus tard aumoneries des collèges et des lycées et les conférences Saint Vincent de Paul. Plus tard, à Valenciennes, nous avons fait partie de groupes de parents catholiques: les "foyers Notre Dame". A cette époque de notre jeunesse, l'accent était sur "le planning familial".

A l'époque de notre enfance et de notre adolescence, l'église catholique et la religion telle que nous l'enseignaient les parents et la famille, les amis, certains instituteurs et professeurs des écoles et des collèges malgré la laïcité, les prêtres et les religieuses, étaient encore très traditionnelles. Les messes étaient célébrées en latin, le prêtre tournant le dos aux fidèles, et la participation des fidèles aux prières et aux chants s'exprimait aussi en latin. Seule l'homélie du célébrant était prononcée en français. Dans son homélie, le prêtre nous rappelait les traditions de l'église faites d'interdictions et d'obligations de toutes sortes comme aller à la messe le dimanche et les jours des fêtes religieuses obligatoires (dimanche de pâques et lundi de pâques, pentecôte, ascension, assomption le 15 août, toussaint et noël), se confesser et communier au moins une fois l'an à Pâques, sinon on allait en enfer... Elle nous appelait à considérer les protestants et les orthodoxes comme des hérétiques et les adeptes des autres religions comme des païens - juifs, musulmans et tous les autres -, ignorants de la vrai foi et du salut que la religion nous réserverait si nous nous comportions comme préscrit par les commandements de l'église. Il y avait aussi l'interdiction de se marier avec un(e) divorcé(e) ou quelqu'un d'une religion différente sauf à les convertir à la religion catholique et à élever les enfants nés de l'union dans la religion catholique. Elle enseignait que les divorcés, les suicidés, se mettaient en état d'excommunication, c'est à dire hors de l'église et leur interdisaient l'accès aux sacrements y compris la communion, l'extrême onction, et les cérémonies d'enterrement. Tout ceci se passait il y a seulement 50-60 ans quand nous étions enfants et adolescents.

Il y avait aussi les messes dites "basses" et les "grandes messes à 11h00". Les messes basses étaient courtes (30mn au plus), tandis que les "grandes messes" duraient 1h15 à 1h30. On allait aux messes basses pour être libérés plus tôt pour pouvoir partir en pique-nique.

Le catechisme nous enseignait la notion de péché et la distinction entre péchés "mortels" et péchés "véniels" et l'église qualifiait les comportements moralement incorrects de péchés "mortels" ou "véniels". Les premiers nous promettaient l'enfer dans le cas de notre mort sans confession et pardon de ces péchés. Ne pas aller à la messe le dimanche était un péché mortel.

Devenus adolescents, l'église mettait l'accent sur le péché de la chair et interdisait de s'y adonner (onanisme, homosexualité, plaisir sexuel sous toutes ses formes étaient des péchés "mortels"). Elle obligeait les couples à accepter toutes les naissances et interdisait le contrôle des naissances par des moyens non naturels. On parlait peu de préservatifs et encore moins de pillule. Les premiers étaient inaccessibles car non distribués dans le commerce en France, les seconds n'étaient pas encore inventés. Les gens n'osaient pas demander des préservatifs en pharmacie, et ceux qui étaient vendus étaient de mauvaise qualité.

Quand nous nous sommes connus en 1954, pas question de rapports sexuels hors mariage. On se contentait de caresses et de baisers. La plupart des jeunes filles étaient élevées dans la crainte absolue d'être enceintes, car l'on parlait dûrement de celles qui avaient "fauté". Avoir un enfant hors mariage était une catastrophe pour les intéressés comme pour leurs parents, et la plupart du temps cause d'ostracisme. Bien des jeunes gens de la génération précédente ont dû s'exiler pour échapper à la désapprobation de la famille et de l'entourage. Quand nous nous sommes mariés le 29 juillet 1959 à Calais, après avoir suivi une retraite de 3 jours dans un couvent spécialisé pour la préparation au mariage à Lille, nous avons pratiqué la méthode Ogino admise par l'église. Une fois mariés, cela consistait pour Elisabeth à prendre sa température tous les matins et à faire un graphique afin de repérer (par une chute caractéristique au milieu du mois menstruel) le temps de l'ovulation après quoi on pouvait avoir des rapports sexuels en risquant moins d'être enceinte. La méthode était peu sûre, c'est à dire que les gens avaient 4 enfants au lieu d'en avoir 10.... s'ils n'avaient pas pratiqué cette méthode.

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Mis à jour le 27/07/2016 pratclif.com