Mystère de l'avant "conception"
et de l'après "mort"

Nous n'aurons jamais accès à la connaissance de l'avant "conception" et de l'après "mort" . Cela échappe à l'observation de notre cerveau puisqu'il n'existe pas "avant" et qu'il n'existe plus "après". Ces questions relèvent donc de la foi et de la religion.

J'extrais ceci du document conciliaire Nostra Aetate: "Les hommes attendent des diverses religions la réponse aux énigmes cachées de la condition humaine, qui, hier comme aujourd'hui, troublent profondément le coeur humain: Qu'est-ce que l'homme ? Quel est le sens et le but de la vie ? Qu'est-ce que le bien et qu'est-ce que le péché ? Quels sont l'origine et le but de la souffrance? Quelle est la voie pour parvenir au vrai bonheur ? Qu'est-ce que la mort, le jugement et la rétribution après la mort ? Qu'est-ce enfin que le mystère dernier et ineffable qui entoure notre existence, d'où nous tirons notre origine et vers lequel nous tendons ?"

Les progrès de la connaissance scientifique depuis ces 50 dernières années ont éclairé la compréhension de notre évolution génétique. Surtout la découverte de la molécule d'ADN par Crick et Watson en 1962 ont ouvert la voie à la biologie moléculaire, apporté des preuves à la théorie de l'évolution de Charles Darwin. En même temps, les recherches sur la structure et le fonctionnement du cerveau et sur les origines du langage, nous permettent de mieux comprendre notre prodigieuse évolution culturelle qui a donné lieu à tout notre savoir scientifique et technique et a permis la croissance exponentielle de nos effectifs. L'évolution génétique très lente a été supplée par l'évolution culturelle ou memetique, des milliers de fois plus rapide, grâce au langage et à la transmission de cerveau à cerveau des idées, des connaissances acquises et de leur accumulation de génération en génération. Cette nouvelle forme d'évolution a été décrite pour la première fois par Richard Dawkins, c'est la memétique ou transmission de memes (idées, concepts, langage etc.), mot choisi pour son analogie avec gènes.

Voir l'oeuvre de Charles Darwin. Charles Darwin a été un des plus grands génies de l'humanité, car il a été un réel novateur dans son domaine. Sa théorie de l'évolution bâtie sur la sélection naturelle et la sélection sexuelle avait peu d'antécédants, contrairement à Isaac Newton, autre grand génie du siècle des lumières, mais qui avait avant lui nombre de savants. Et un autre site sur Newton.

La biologie moléculaire nous explique comment à partir d'une cellule unique, résultat de l'union sexuelle de notre père et de notre mère, nous nous sommes développés, par la multiplication cellulaire, jusqu'à atteindre comme l'observe l'embryologie, l'état de notre corps avec tous ses organes, dont notre cerveau; dans le cerveau, il s'est développé et accumulé tout le savoir acquis par Homo.sapiens.sapiens depuis son origine; et c'est ce cerveau qui se pose tant de questions sur ses origines et sa destinée individuelle ultime. A ces questions existentielles, les religions répondent de manière dogmatique: la foi dans une doctrine qui n'a pas de fondements scientifiques.

Voir ici dossier sur les origines de l'homme.

De l'évolution qui nous a donné ce cerveau, il résulte que nous sommes capables non seulement d'appréhender le monde, d'agir et d'y évoluer pour assurer notre survie, atteindre l'âge de la reproduction et nous reproduire à notre tour, mais aussi de réfléchir sur nous mêmes et d'échanger ces réflexions avec nos congénères. Nous sommes angoissés à la certitude, acquise peu à peu, que tout cela s'arrêtera un jour lors de notre mort, que le temps de la séparation d'avec ceux que nous aimons viendra. Cette angoisse habite chacun de nous; nous la partageons par le langage. Dès le début d'Homo.sapiens, on a tenté de répondre à cette angoisse par la pensée, la philosophie et la religion. Il est certain que ces questions existentielles nous hantent depuis l'apparition de notre espèce et que les réponses élaborées individuellement et collectivement sont transmises, oralement, de génération en génération. Nous ne connaissons la philosophie et les religions, dans leur forme écrite, que depuis l'invention de l'écriture, c'est dire depuis moins de 4000 ans, c'est à dire l'âge de bronze. Il en est ainsi de la philosophie grecque et de la bible, origine de nos 3 religions monothéistes. Sur ce sujet voir ce qu'en dit Luc Ferry dans "la victoire du christianisme sur la philosophie grecque".

Nous sommes partis d'une combinaison de gènes provenant de nos parents, la moitié de notre père et la moitié de notre mère, eux mêmes partis d'une combinaison de gènes provenant de leurs parents, et ainsi de suite en remontant le temps et les générations. Il y a donc chez chacun de nous un ou plusieurs gènes qui peuvent se dire "tiens en ce moment je suis chez Pierre" et je suis aussi chez Anne-Cécile, chez Mateo et chez Lisa , ou chez Florence et chez Mathilde, Antoine, Sophie et Guillaume; mais hier j'étais chez Albert, avant hier chez Allen William, avant avant hier chez William.... et d'autres de nos gènes peuvent se dire: hier j'étais chez Renée, avant hier chez Marguerite, avant avant hier chez Maria.... Et ainsi de suite. Nous sommes donc les "véhicules" de nos gènes. Avec certitude scientifique aujourd'hui, on peut dire que nos gènes ne meurent jamais. Pensons aussi que si nous sommes 6.5 milliards d'individus sur la planète aujourd'hui, nous n'étions que 1  milliard en 1800; en France 60 millions aujourd'hui en 2007, mais 24 millions en 1800. La plupart des français de 2007 ont donc les mêmes gènes que les 24 millions de français de 1800.

NOus sommes donc une combinaison de génétique et de culture de nos cerveaux; "nature and nuture" en anglais ou "nature et éducation" en français. Les deux me paraissent inséparables et caractériser l'espèce humaine. Et par cela, l'évolution continue, de génération en génération, presque sous nos yeux. Par analogie, les oiseaux migrateurs sont le résultat de l'évolution donc de la structure de leur génome, mais ils savent aussi se déplacer d'un endroit de la planète à l'autre ex nord de la Suède - Sénégal, pour échapper à l'hiver. Lors de ces migrations, ils se guident sur le soleil - ceux qui volent de jour - ou sur la lune ou les étoiles - ceux qui volent de nuit - donc ils s'orientent par un angle, et ils reviennent au point de départ en suivant l'angle opposé. On a bagué des oiseaux et observé qu'ils migraient d'un endroit précis en Suède jusqu'au Sénégal et qu'ils revenaient au point de départ précis (un moulin). On a observé aussi que les oiseaux se gavaient de nourriture avant de partir. Tout cela est qualifié d'"instinct". Mais n'est ce pas comme pour nous une combinaison de "nature et d'éducation" un acquis de leurs cerveaux.

Voir des simulations sur les sujets ADN et biologie moléculaire.

Tout cela est scientifique et quasiment certain, du moins hautement plausible, car basé sur l'empirique combinant les sciences mathématique, physique, chimie, et tous les moyens techniques qui vont avec. Et je pourrais m'en tenir là, considérant qu'avant ma conception et après ma mort il n'y a rien et que ma conscience intérieure, activité continuelle de mon cerveau, cessera lors de ma mort.

Mais cela ne satisfait pas la grande majorité des hommes et des femmes. Car les grandes questions angoissantes demeurent et n'ont pas de réponse, car il n'y aura jamais de réponse scientifique. Foi religion, philosophie d'une part et science d'autre part appartiennent donc à deux domaines totalement disjoints de la connaissance humaine. Mais alors, toutes les connaissances développées en dehors de la méthode scientifique moderne, toute la philosophie des grecs, la théologie des pères de l'église, la philosophie des lumières, et celle des autres religions du monde, seraient-elles vaines et reléguées au rang de sous-cultures ne dépendant du subjectif? Tel est le fond du discours du pape à Ratisbonne le 12 septembre 2006.

J'extrais le paragraphe suivant du discours du Pape à Ratisbonne: "... Seul le type de certitude dérivant de la synergie des mathématiques et de l'empirique nous permet de parler de science. Ce qui prétend être science doit se confronter avec ce critère. Et ainsi, même les sciences qui concernent les questions humaines, comme l'histoire, la psychologie, la sociologie et la philosophie, cherchaient à se rapprocher de ce canon de la science. Pour nos réflexions est cependant aussi important le fait que la méthode comme telle exclut la question de Dieu, la faisant apparaître comme une question ascientifique ou préscientifique. Mais cela nous place devant une réduction du domaine de la science et de la raison, dont il faut tenir compte. "

Il faut lire le discours du pape Benoit XVI à Ratisbonne le 12 septembre 2006, s'adressant à la communauté scientifique. C'est ce discours qui a suscité les réactions absurdes des musulmans dans le monde; car il s'adresse à tous et pas seulement à eux.

Le Pape Benoit XVI ne fait que réaffirmer la doctrine traditionnelle de l'église, - suprématie de la foi sur la raison et la philosophie -, ce qui explique la victoire du christianisme sur la philosophie grecque et sa domination de la pensée européenne pendant 15 siècles jusqu'à la renaissance. Cela est très bien expliqué dans le livre de Luc Ferry "Apprendre à vivre, traité de philosophie à l'usage des jeunes générations" La Victoire du Christianisme pages 70-110 chez Plon. Voir les pages les plus significatives.

Le christianisme s'est développé pendant les premiers siècles dans le monde gréco-romain dont la culture s'était imposée en Europe de l'Ouest, autour de la mer méditerranée, au moyen orient et en Turquie actuelle. Un monde dominé par des élites aristocratiques où l'esclavage était le mode d'appropriation des ressources de travail nécessaires à l'activité économique - culture et élevage des plantes et animaux domestiqués - transports et échanges de produits et de services. Les penseurs grecs et romains nous ont laissé des écrits sur la manière dont cette civilisation a répondu aux grandes angoisses de l'homme liées à la naissance et à la mort.

Nous sommes dépositaires d'une culture accumulée pendant des siècles par tous les hommes et transmis de cerveau en cerveau par nos parents, notre entourage d'hommes et de femmes avec lesquels chacun de nous entretient des relations toute au long d'une vie de 80 ans... On a tendance à ne considérer dans notre histoire évolutive que la génétique, ce qu'on observe de manière scientifique objective au microscope. Notre cerveau fait effectivement partie de cela; mais son contenu culturel aussi. Ce contenu n'est pas visible au microscope dans le cerveau; on ne voit que les éléments, neurones et synapses, qui permettent la constitution du contenu. Mais le contenu de cette culture est réel; il est visible matériellement dans toutes les oeuvres de notre espèce humaine: langages, techniques, arts, brefs tous les savoirs et savoirs-faire accumulés de générations en générations.

Cette idée va me permettre de comprendre pourquoi les religions et les idéologies ont une telle influence sur l'espèce humaine et pourquoi tant d'horreurs ont été commises, et sont toujours commises de nos jours - des dizaines voire des centaines de morts tous les jours dans le monde, au nom de la religion et de la foi et en vociférant le nom de Dieu, Dieu est Grand ou Allah Akbar; et nous mêmes chrétiens d'occident, avons fait pareil en d'autres temps - pas si lointains - au nom de notre Dieu, du Christ et du Saint-Esprit.


Mis en ligne le 03 octobre 2006 par Pierre Ratcliffe Contact: (pratclif@free.fr)    site web: http://pratclif.free.fr