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Voeux 2010: la situation économique politique et sociale

En conséquence de ce qui précède, plusieurs aspects interviennent pour déterminer la situation économique et sociale d'une société:

Assurer un état patrimonial et de production de biens et services privés et publics qui satisfasse de manière équitable les besoins de tous aujourd'hui; et une croissance de cette production pour le futur, pour tenir compte de l'accroissement de la population et de l'accroissement des besoins.

Assurer le plein emploi: un emploi et des revenus décents pour tous ceux qui sont en âge et aptes à travailler; pour qu'ils exercent une activité au sein de la société et puissent vivre décemment selon le niveau de vie atteint: un logement, de la nourriture, de l'habillement, le transport au lieu de travail, des services de santé, l'éducation, et le plus possible de biens et services qui constituent la vie courante de la majorité d'entre nous en 2010 mais dont on commence à réaliser qu'il s'agit de sur-consommation (lien).. Cet aspect est mis à mal par une insuffisance de la production et/ou un mauvais partage de celle-ci dont le chômage massif est la manifestation la plus criante. On ne peut pas parler de sur-consommation dans une société où sévit un chômage massif, de la précarité, des emplois à temps partiel, un revenu insuffisant d'une partie importante de la population pour pouvoir vivre de manière satisfaisante cad. au niveau général atteint. Il s'agit donc d'abord d'inégalités dans le partage de la production. Mais avant de s'attaquer aux inégalités, il faut que tout le monde travail et qu'on ait seulement que du chômage conjoncturel. Car réduire ces inégalités sans revenir préalablement au plein emploi, c'est accroître l'assistanat. Or l'emploi en France, déjà faible notamment chez les jeunes et les seniors, s'est encore dégradé à cause de la crise.

Assurer le plein emploi et des revenus décents à tous nécessite d'accroître la production donc croissance du PIB. 10% de la population active est au chômage, et compte tenu des emplois partiels et précaires il y a 15% de la population dont le revenu est inférieur à 60% du salaire médian. Les entreprises sont en sous-production par rapport à leurs capacités. Le pays importe plus qu'il n'exporte.

La mondialisation: la libéralisation des échanges commerciaux de produits, services et capitaux entre tous les pays, afin d'exercer la théorie de l'avantage comparatif et contribuer à l'accroissement de bien être pour tous. Ceci est à la base du GATT et de l'OMC qui lui a succédé. C'est au sein de l'OMC qui comprend 152 pays membres et 30 candidats que se règlent tout le commerce international. La théorie de l'avantage comparatif permet à chaque pays d'organiser son économie de manière à utiliser ses ressources de la meilleure manière et écouler sa production sur la planète entière. Sans développement du commerce et liberté des échanges, les sociétés en resteraient dans des situations autarciques comme les communautés isolées en France jusque dans les années 1960 (exemple Saint Véran dans le Queyras), ou les sociétés de l'Himalaya (exemples Mustang ou Dolpo) aujourd'hui. Le commerce international, généralisation du commerce national, est donc globalement bénéfique. Mais il peut s'accompagner d'effets dévastateurs sur les économies selon leur degré d'hétérogénéité en matière de niveaux de salaires et de protection sociale. Il doit donc être régulé.

Il y a d'abord des avantages comparatifs "absolus", comme c'est le cas des combustibles fossiles - pétrole, gaz et charbon - du minerai de fer et des minerais métalliques non ferreux - cuivre, plomb, zinc, or, argent, uranium. Il y a ensuite des avantages comparatifs "relatifs", comme c'est le cas de pays à faible coûts de main d'oeuvre et faible protection sociale. Il y a en troisième lieu l'avantage de "taux de change". Pour ce qui concerne la France, la concurrence des pays à bas coûts de MO et au taux de change sousévalué est la cause principale du déficit du commerce extérieur et du déficit de la balance des paiements courants, de la pression à la baisse et stagnations des salaires, ainsi que des fermetures d'entreprises et des délocalisations. Cette note de conjoncture de l'INSEE en explique bien les mécanismes. Cela suggère dire que les avantages de la mondialisation en termes d'opportunités d'achats de produits moins chers pour les français sont payés par une dégradation de l'emploi et une pression à la baisse des salaires.

L'OMC prévoit bien une possibilité pour les pays de se doter de mesures protectionnistes en cas de dumping, cad. de vente à prix inférieur au coût de production. Mais qu'entend-on par dumping et par coûts de production? Les différends qui opposent des pays sur des mesures protectionnistes portent sur l'interprétation de ces critères. Quand la MO chinoise est 20-30 fois plus faible que chez nous, la protection sociale faible aussi, que l'environnement n'est pas respecté.... les coûts ne tiennent pas compte de tels externalités et sont donc plus faibles qu'ils ne devraient l'être; il y a donc bien dumping.


Pierre Ratcliffe

Mis en ligne le 18/12/2011