Travail et retraite

Travailler dans le secteur marchand

Dans le secteur marchand, tous les échanges se réalisent sous la forme de transactions de caractère contractuel, stipulé par le droit civil et commercial. Les échanges étant des transactions, toute production d'un bien ou d'un service correspond aux besoins d'un consommateur. Tout ce qui se produit doit donc impérativement être consommé. Producteurs et consommateurs sont les côtés recto et verso d'une même page ou les côtés pile ou face d'une même pièce de monnaie.

Travailler dans le secteur marchand c'est appartenir à une collectivité - une entreprise - qui produit des biens ou services, vendus à - et achetés par - des clients consommateurs, à un prix qui permet de couvrir tous les coûts de production de ces biens ou services. Collectivité c'est un ou des propriétaires - patron(s) ou actionnaires - des salariés, des fournisseurs de produits intermédaires, des clients, et la collectivité locale et l'État qui fournissent le cadre institutionnel, juridique et environnemental dans lequel l'entreprise fonctionne.

Dans les coûts, il y en a qui sont externes à l'entreprise et sur lesquels elle a plus ou moins d'influence par l'action de ses services "achats". Ce sont les coûts de tous les produits et services qu'elle achète à d'autres entreprises et qui sont les produits et services finals de ces entreprises. Ce sont les coûts intermédiaires: l'énergie, l'eau, les matières premières et autres produits finis qui entrent dans le procédé de fabrication, les assurances, etc. Le prix de vente constitue la valeur de la production finale de l'entreprise. Le prix de vente moins les coûts intermédiaires - que l'entreprise paie à d'autres - constitue la valeur ajoutée de l'entreprise; la valeur de ce qu'elle produit est plus élevée que ce qu'elle achète pour produire. La somme des valeurs ajoutées de toutes les entreprises est la production matérielle de l'ensemble de l'économie.

Les coûts internes sont les coûts du personnel, les coûts d'investissements et les coûts des services de la collectivité locale et de l'État que l'entreprise paie sous la forme de charges sociales et de prélèvements fiscaux. Ces trois coûts ne peuvent être couverts que si la valeur ajoutée est suffisante, sinon l'entreprise perd de l'argent que seul le propriétaire - individu ou actionnaires - peut couvrir en prélevant sur ses fonds propres et dans ce cas ces fonds propres diminuent - et le cas échéant en les augmentant par des apports de fonds supplémentaires. Si cette situation de perte est exceptionnelle cad. le résultat d'une année ou deux, l'entreprise enregistre une perte qui diminue les fonds propres de l'entreprise. Mais si la perte est trop importante ou que cette situation perdure, le propriétaire de l'entreprise doit compenser les pertes cumulées par un apport de fonds propres supplémentaires, sinon il doit cesser son activité. En l'absence d'apports de fonds propres supplémentaires par le(s) propriétaire(s) de l'entreprise, la loi impose la cessation d'activité quand les fonds propres sont descendus à la moitié du capital social - le capital de départ -, cad. quand l'entreprise a perdu la moitié du capital de ses actionnaires. La cessation d'activité se fait par la procédure de déclaration au Tribunal de Commerce et par la mise en oeuvre d'une procédure de gestion collective de l'entreprise.

Quand une entreprise doit se restructurer ou cesser son activité en licenciant son personnel, la situation est toujours ressentie comme un échec par les salariés, les cadres et les dirigeants. Plus qu'un échec, le licenciement est un drame pour la plupart des salariés car ils sont souvent lourdement endettés, pour leur logement, leur(s) voiture(s), leurs appareils ménagers. La perte d'emploi signifie donc de très grandes difficultés? Mais les transformations de l'outil industriel, en réponse aux progrès et aux changements techniques ainsi que des préférences des consommateurs, sont inévitables. Les salariés qui perdent leur emploi n'ont pas d'autre défense que d'obtenir des conditions de licenciement qui favorisent leur transition vers d'autres activités de l'économie qui restent en demande ou qui sont en croissance. Cela implique des indemnités plus généreuses et des facilités de formation sur une durée suffisamment longue. Or les coûts de ces ajustements ne sont quasiment jamais pris en compte par les entreprises car ils majoreraient leurs prix de vente.

La mondialisation de l'économie qui s'est développée à nouveau depuis la fin de la guerre foide et l'effondrement de l'Union Soviétique à la fin des années 1980, a permis la libéralisation des échanges au plan mondial; il en est résulté une formidable croissance des échanges commerciaux internationaux par lesquels les experts expliquent la croissance économique mondiale sans précédent des 3 dernières décennies. Lecommerce international a été multiplié par sept. La première mondialisation qui s'était produite à la fin du 19è siècle et qui s'était déroulée jusqu'à la fin de la première guerre mondiale en 1918 et jusqu'à la grande crise de 1929, avait eu des effets analogues.

La fin de l'affrontement idéologique et militaire entre les blocs occident-URSS à la fin de la décennie 1980-1990, a permis le développement des échanges internationaux en capitaux, en biens et en services notamment financiers. Le processus s'est conjugué aux progrès techniques énormes dans tous de domaines, principalement les transports terrestres, maritimes et aériens, les grandes machines de terrassements et de génie civil, l'informatique et les communications, et un système consumériste encouragé en Occident - à l'instigation des États-Unis - après la 2è guerre mondiale dans la perspective de reconstruction d'un système dévasté par la guerre. Mais la libéralisation des échanges a conduit à une modification profonde des systèmes nationaux de production/consommation.

Dans un système national de production/consommation, le processus de formation de la valeur ajoutée d'une entreprise n'impliquait que des producteurs nationaux; tout le monde était soumis aux mêmes règles sociétales édictées par l'État. Les différences de productivité et donc les conditions de concurrence, s'exerçaient dans un cadre limité. La motivation première des entreprises était de produire des biens et des services dont les hommes avaient besoin. La production impliquait la meilleure combinaison possible des facteurs investissement, consommation, emploi, conditions de travail, formation des personnels aux procédés de production.

Dans le système mondial, il n'en est plus du tout ainsi. Prenons l'exemple de pantalons fabriqués en Malaisie. Le producteur achète le tissus par exemple au Sénégal, les boutons en Hongrie, les fermetures éclair en France, le fil en Italie, les machines à coudre en Allemagne, et fait appel à un ensemblier Suisse pour concevoir et réaliser son atelier de confection. Une fois en production le producteur vend ses pantalons à un importateur européen ou américain qui va distribuer sa production dans des pays à hauts revenus. Il est clair que la production de tous les produits intermédiaires bénéficie à l'économie donc aux producteurs/consommateurs de chacun des pays d'origine et le produit final à l'économie de la Malaisie donc à ses producteurs/consommateurs. Mais la valeur du produit le pantalon, reflète les conditions de vie propres de chacun des pays d'origine. En étendant cet exemple à des produits comme des cartes mères et des disques durs d'ordinateurs, des ordinateurs portables et des téléphones portables, on comprend mieux l'impact de la mondialisation sur le système de production/consommation en avantages et en inconvénients. Voir ici un schéma illustrant la nouvelle économie. La BBC rapporte que Singapour a enregistré la plus forte baisse d'activité de son histoire économique: -19.7% au premier trimestre 2009. Voir ici.

Travailler dans le secteur public

Travailler dans le secteur public c'est appartenir à une collectivité - une administration, l'éducation nationale, un hôpital, un ministère, une commune, un département, une région - qui produit des services "gratuits" non marchands. Les coûts de production de ces services sont couverts par les impôts que l'État et les collectivités locales prélèvent sur les ménages et les entreprises. Les personnels travaillant dans le secteur public tirent donc leur pouvoir d'achat de biens et de services marchands, de la production des entreprises du secteur marchand cad. des coûts payés par ces entreprises à l'État et aux collectivités locales et d'une diminution de rémunération et de pouvoir d'achat des personnels qui y sont employés. Par ailleurs, les fonctionnaires des services publics bénéficient d'un emploi à vie car la pérennité de ces services publics est garantie sur longue période, cad. que le licenciement par suite de cessation d'activité est quasiment impossible.

Le système libéral qui s'est développé depuis 3 décennies a mis en opposition les services publics rendus par l'État et la production marchande. Les services publics ne seraient assurés que par des prélèvements parasites sur la production marchande qui seule serait génératrice de vraie richesse, cad. la consommation.

Retraités

Les retraités - tous des ménages ou particuliers - tirent leur droits à consommer les produits et services marchands, de prélèvements effectués durant leur période d'activité, prélèvements qui ont constitué une réduction de leur pouvoir d'achat d'alors. Ces prélèvements furent utilisés pour payer les pensions des retraités lorsqu'ils étaient en activité; c'est le système par répartition qui prédomine en France. Le système par capitalisation utilise les prélèvements sur les actifs en les plaçant dans l'économie marchande, escomptant de celle-ci une croissance de valeur. En réalité, les fonds de pension prélèvent sur les entreprises du secteur marchand une part importante de leur richesse en exigeant des taux de rentabilité sur fonds propres de 15% voire plus. Le système de retraites par capitalisation est heureusement peu utilisé en France.

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Mis en ligne le 11/04/2009 par Pierre Ratcliffe. Contact: (pratclif@free.fr) Portail: http://pratclif.com