Commentaire sur le débat du 16 mars 2006 sur le CPE sur F2 (Arlette Chabot)

Cet intéressant débat a montré combien notre société française est crispée, coupée en segments idéologiques qui paraissent inconciliable, à supposer qu'Arlette Chabot ait choisi les intervenants pour qu'ils soient représentatifs, ce qui est loin d'être sûr, tant ce doit être difficile de faire venir des gens qui ont quelque chose d'utile à dire.

Pour ma part je retiens ceci. Il y a d'une part des étudiants dont l'écrasante majorité s'exprime contre le CPE, la précarité, l'entreprise et l'économie de marché, qualifiée de libéralisme. Ils sont soutenus par une politique qui tient le même langage, Martine Aubry. Il y a d'autre part des personnalités du monde de l'entreprise (3 seulement), 1 ministre, (Gilles de Robien), 1 représentante de l'UMP spécialiste de ces questions; il y a le secrétaire de la CFDT qui tient un discours mesuré, positif voire convaincant. Il y a enfin des étudiants "pour le CPE" et surtout le témoignage d'un jeune qui a fait sa carrière avec succès en quittant la France, d'abord pour la Suède, puis pour le Royaume Uni où les jeunes n'ont pas de problèmes d'emploi.

Le fait que tout le monde se polarise sur le CPE alors que c'est sur la croissance économique, c'est à dire l'augmentation de la production, qu'il faudrait débattre, est révélateur. Il semble que les étudiants et leurs profs, les journalistes et donc la population dans son ensemble ne comprenne pas comment fonctionne l'économie et l'entreprise. Une entreprise a des coûts et des recettes et doit les équilibrer; et quiqu'on en dise le personnel fait partie des coûts. Pour réduire le chômage en général et celui des jeunes en particulier, il faut que la demande de production des entreprises augmente. Telle est la condition sine qua non; les pays mentionnés, Danemark, Suède et Royaume-Uni l'ont compris. A partir de là, c'est François Chérèque qui a raison: il faut que pour tous, l'État s'emploie à faciliter la sortie du chômage frictionnel ceux qui perdent leur emploi pour raisons économiques. Il faut s'inspirer des "Job centers anglais". Mais en France, nous sommes dans une situation de chômage structurel dû à l'insuffisance de la production nationale.

Selon moi, le CPE a été très mal vendu par de Villepin; et François Chérèque a bien expliqué pourquoi. C'est encore une facétie d'énarque. Maintenant comment en sortir? Car une fois de plus c'est la crise, alors que le chômage et particulièrement celui des jeunes est un vrai problème. Voilà 30 ans que sommes dans une situation de chômage structurel; une foule d'experts, d'économistes, de journalistes et de commentateurs de tous bords, français et internationaux, en décrivent les causes et suggèrent les remèdes, remèdes qui ont marché dans d'autres pays de l'OCDE. Les USA étaient dans une situation similaire au début des années 1980; et le Royaume-Uni était l'homme malade de l'Europe à la fin des années 1980. Le Danemark a fait passer son taux de chômage de 12% en 1993 à moins de 6% aujourd'hui. Le Canada aussi.

Alors qu'attendez vous à France Télévisions pour contribuer mieux à l'éducation économique des français?


Créé le 19/03/2006 par Pierre Ratcliffe. Contact (pratclif@free.fr) Site web (http://pratclif.com)