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Réflexions sur l'économie
Libéralisme/Étatisme (suite)

Les critiques du jour vont à Sarkozy; sa popularité a subi la plus forte chute en un an, depuis son élection, comme jamais vue avant. La France se gouvernerait-t-elle en fonction des sondages et de la pression de la rue? Voir les sondagesà gauche.

Les français sont décus de la première année de Sarkozy; c'est du moins ce qui ressort des sondages calamiteux pour lui. C'est qu'il avait tant promis et s'était fait élire sur un programme précis. En 2007, 53.4% des votants avaient choisi Sarkozy comme président parce qu'ils voulaient des changements par rapport au passé: 25 ans d'histoire de Mitterrand et Chirac, où la croissance économique avait été plus faible en France que la moyenne de l'Europe; le chômage - notamment chez les jeunes et les seniors - était plus élevé que la moyenne de l'Europe; les prélèvements fiscaux dépassaient 54% du PIB; la dette croissait plus vite que dans les autres pays de l'Europe.

Les tentatives de réforme structurelles avaient toujours été bloquées par les syndicats et autres intérêts corporatistes, blocages qui faisaient généralement suite aux défilés et manifestations dans la rue. Depuis longtemps, le pays donne l'impression d'être gouverné en fonction de l'appréciation du nombre de manifestants dans les rues des grandes villes de France. L'Assemblée des députés ne servant alors que pour applaudir le gouvernement et se considérant comme "ses godillots".

La politique étrangère de Sarkozy donne quelques bonnes couleurs à son action et lui vaut les compliments flatteurs des américains et des anglais, lors de sa visite à Washington et à Londres: remise sur les rails du traité (simplifié) de constitution européenne, retour dans le commandement intégré de l'OTAN, accroissement des troupes françaises en Afghanistan, plus de "parler vrai" à l'égard de la Russie et de la Chine, prise en compte plus affirmée des droits de l'homme, tout en continuant de bénéficier de commerce accru avec la Chine et d'autres pays, comme d'autres. Comme l'a dit Bernard Kouchner lors de l'émission "à vous de juger" d'Arlette Chabot le 15 mai 2008, la France parle à tout le monde, exprime ses valeurs, affirme les droits de l'homme; mais dans un esprit de réalisme tenant compte des spécificités de chaque pays et de chaque peuple, car il ne faut pas compromettre les intérêts économiques et commerciaux.

Mais c'est sur le plan intérieur que Sarkozy est jugé, et à l'aune des promesses de sa campagne électorale: "je serai le président du pouvoir d'achat, la France a besoin de réformes, je les ferai; je ferai ce que dis", etc. S'il avait tenu il y a un an, le langage de vérité que la situation d'aujourd'hui justifierait - pétrole à 127$/baril, hausse des prix alimentaires, crise des subprimes aux EU, taux de change de l'€ de 1.45$, il n'aurait peut-être pas été élu. Nous aurions comme présidente Ségolène Royal qui serait confrontée aux mêmes difficultés; les mêmes syndicats et intérêts corporatistes seraient dans la rue, et l'opposition s'exprimerait sans doute de la même façon.

Nous évoluons sans doute vers un système différent de celui que nous connaissons depuis 50 ans. Car la planète commence à craquer de partout.


Mis en ligne le 20/04/2008 par Pierre Ratcliffe. Contact: (pratclif@free.fr) sites web http://paysdefayence.blogspot.com et http://pratclif.com