La dérive des secteurs publics
Denis Bédard économiste, ancien secrétaire du Conseil du Trésor au Gouvernement du Québec

Si on regarde la réalité en face, le constat est indiscutable : les secteurs publics sont à la dérive car ils sont surdéveloppés, sous-financés et surendettés. Ils en sont à une phase de leur évolution qui se traduira par le déclin du rôle qu'ils ont joué historiquement. À l'instar de ce qui se passe dans les secteurs de l'économie privée qui opèrent dans de telles conditions, ils font face à une révision majeure de leurs opérations. C'est le destin inévitable de tout secteur qui a dépassé les limites de ses capacités de développement.

En plus d'être pris dans une crise financière, les gouvernements font aussi face à une crise de confiance qui s'est développée au fil des ans comme le montre la baisse graduelle des taux de participation électorale et la multiplication des partis politiques (ce qui démontre que nos élites ne savent pas comment sortir de ce dilemme, élément de la crise structurelle dans laquelle le monde est plongé à ce moment de l'histoire; NDLR). Il est difficile dans ce contexte de faire accepter la mise en place de mesures qui permettraient de corriger la crise.

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La croissance économique - de la production de biens et de services marchands au cours des 30 glorieuses années après la 2è guerre mondiale - avait permis un accroissement formidable de bien-être pour le plus grand nombre. Cette évolution sans précédent dans l'histoire humaine s'est fait en combinant le travail humain, le capital productif et l'efficience du couple travailleurs-capital - par la formation et l'adaptation des travailleurs aux machines de production. La croissance continuelle de biens matériels s'est accompagnée de la construction de l'État par prélèvements d'une partie de la richesse produite. L'État crée et développe les conditions de la croissance par les systèmes d'éducation, de santé, de retraites et par les infrastructures. C'est la poursuite de ce système, mis en place grâce aux conditions favorables des 30 glorieuses qui est menacé aujourd'hui.

Le défi est d'adapter l'économie - le secteur privé et les services de l'État, aux conditions d'aujourd'hui: une croissance économique plus faible et des contraintes nouvelles que sont le renchérissement des ressources naturelles dû à la croissance de leur consommation, et l'impact des activités humaines sur l'environnement, principalement la menace du changement climatique. Tout est question de priorités et de choix; dépenser plus dans certains secteurs comme l'éducation, l'innovation, la R&D, et beaucoup moins dans d'autres (cf. le rapport de la cour des comptes pour l'année 2011).

Voir sur le même sujet cet article de Rajuram Rajan (ex chef économiste du FMI) sur le site de Project Syndicate (A crisis in two narratives | Deux lectures de la crise).


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Mis en ligne le 11/02/2012