On the "North" "South" divide

swarms of chinese consumer products

Sur la division "Nord" "Sud"

l'invasion des produits de consommation chinois

Selon le paradigme économique néoclassique en vigueur, les pays développés ou pays du "Nord", constituent les marchés où les pays sous développés, en voie de développement, ou pays du "Sud", peuvent vendre leurs produits. Les pays du "Sud" constituent les marchés où les pays du "Nord" peuvent vendre leurs biens d'équipements et apporter les capitaux dont les pays du "Sud" ont besoin, pour continuer de se développer, assurer leur bien-être et leur progrès économique.

Les produits du "Sud" sont traditionnellement des produits agricoles alimentaires et non alimentaires: sucre, café, cacao, coton, chanvre, jute, caoutchouc, mais avec l'émergence des pays du sud-est asiatique, et plus récemment de la Chine et de l'Inde, dans le commerce international, les produits du "Sud" incluent maintenant de plus en plus de biens de consommation courante: équipements informatiques, textiles, montres, etc... Les importations d'habits depuis la Chine sont d'actualité aujourd'hui. Voir un article sur la situation des produits textiles chinois.

Tous les produits de consommation courants provenant de pays du "Sud", notamment de la Chine et de l'Inde, sont très avantageux en prix pour les consommateurs des pays du "Nord" car les pays du "Sud" ont des niveaux de vie, en termes de PNB/habitant, beaucoup moins élevés que ceux des pays du "Nord". Les conditions de travail y sont souvent inacceptables pour des travailleurs Européens et leurs systèmes de protection sociale inexistants ou peu développés. Dans le cas de la Chine et de l'Inde, en raison du niveau de leur population (plus d'un milliard d'habitants dans chaque pays) et de la forte répartition de celle-ci dans les zone rurales, le réservoir de main-d'oeuvre "bon marché" n'est pas là de se tarir. Il s'écoulera encore plusieurs décennies avant que le niveau de vie des campagnes s'élève.

Il est clair que les pays du "Sud" ne pourraient pas vendre leurs produits aux pays du "Nord" s'ils ne bénéficiaient pas de cet avantage de prix qui est aussi un avantage pour les consommateurs des pays du "Nord" en termes de pouvoir d'achat. Mais les pays du Sud ont besoin d'acheter les équipements industriels et la technologie du "Nord" pour réaliser ces productions, en volume, en qualité et aux normes acceptables par les pays du "Nord". Les ventes de capitaux du Nord au Sud en sont la contre partie. Ces ventes peuvent se faire sous la forme de délocalisations de moyens de production de producteurs du Nord, soit vers des pays à bas coût de main d'oeuvre autres que la Chine pour pouvoir soutenir la concurrence des Chinois sur les marchés du "Nord", soit en Chine elle-même. Les productions du Sud non absorbées par leurs populations, en raison de la faiblesse de leur pouvoir d'achat, sont vendues sur les marchés du Nord ce qui permet de payer les équipements. En théorie, l'équilibre doit s'établir par la "main invisible" d'Adam Smith, mais avec en plus, si nécessaire, l'action sur les taux de change, et des accords bilatéraux ou multilatéraux visant à la modération, entre les partenaires commerciaux.

Le problème est de réaliser l'équilibre, à un moment donné, par exemple pour que les produits Chinois ne provoquent pas l'effondrement des producteurs des mêmes produits dans le "Nord". Cela passe par des accords bilatéraux qui impliquent une restreinte volontaire des Chinois et des accords internationaux au sein de l'organisation mondiales du commerce WTO/OMC. Son nouveau Directeur Général Pascal Lamy, ex commissaire européen au commerce extérieur a déclaré que ceci entrait dans le champ de vision de l'OMC.

Depuis 30 ans, les producteurs de biens de consommation restructurent et réduisent leurs opérations dans les pays développés, vont implanter des usines dans les pays à faible coûts de main d'oeuvre où les systèmes de protection et les charges sociales sont peu développés et exportent leurs productions vers les pays développés. Ils créent ainsi des chômeurs et imposent aux pays développés des charges de reclassement des personnels licenciés. Voir une excellente description du processus en Amérique même. Les décisions de restructuration (réduction de la taille des établissements, avec réductions d'effectifs, voire les fermetures et licenciements de tout le personnel) prises par les entreprises ne tiennent aucun compte de ces coûts sociaux qui doivent être supportés par les communautés nationales sous forme de retraites anticipées, de prise en charge et d'indemnisations des chômeurs.

L'émergence de la Chine et de l'Inde comme acteurs importants de l'économie mondiale soulève d'autres questions en relation avec le développement durable. Le facteur d'échelle de l'économie mondiale, à savoir, consommation/capita multipliée par la population, n'est-il pas en train d'atteindre voire de dépasser les limites écologiques de la planète? c'est à dire sa capacité à renouveler les ressources naturelles que nous prélevons sur elle, à assurer les services écologiques dont toutes les espèces et formes de vie ont besoin dans un processus inter-relationnel, et d'absorber les déchets, solides liquides et gazeux, que nos sociétés de consommation rejettent. Voir un article sur la Chine dans ce contexte et aussi North-South divide incompatible population/resources.

Le simple calcul suivant illustre ce propos: considérons avec la Banque Mondiale en 2004 que 85% des ressources de la planète sont utilisées par les 15% de la population la plus riche de la planète. Soit R les ressources actuellement prélevées sur la planète. 85% de R sont utilisées par 15% des 6.5 milliards d'habitants en 2005. Pour que les 85% de la population la plus pauvre ait le même niveau de consommation, il faudrait que les ressources prélevées sur la planète soient multipliées par un facteur M = 5.6, comme le montre l'équation suivante. Et ceci sans compter l'augmentation de la population mondiale qui continuera dans les prochaines décennies.

En fait c'est plus, car même si on peut s'attendre à une amélioration de l'utilisation des ressources, l'augmentation du prélèvement de ressources portera principalement sur des ressources naturelles, plus difficiles d'accès, plus pauvres en teneurs; il faudra aussi prélever des ressources supplémentaires pour constituer le capital d'équipements nécessaires à cette exploitation de 5.6 fois plus de ressources. Or la planète présente déjà des signes inquiétants de saturation avec le niveau des prélèvements d'aujourd'hui.

Il n'y a pas d'autre solution pour éviter l'effondrement, que de stabiliser et même réduire la consommation dans les pays du "Nord", et stabiliser voire réduire la population dans les pays du "Sud".

Voir la solution radicale et les méthodes proposées par


Créé le 12/09/2005 par Pierre Ratcliffe. Contact: (pratclif@free.fr)