La fin du pétrole pas cher

La fin du pétrole pas cher que nous connaissons depuis la fin de la 2è guerre mondiale et qui a permis le formidable développement et le niveau de vie que nous connaissons aujourd'hui, c'est pour maintenant?

Le pétrole, c'est 99% des transports - la voiture individuelle, les transports routiers et maritimes, les transports aériens; les industries, la chimie et une bonne partie de la production d'énergie électrique. Les transports individuels ont permis le repeuplement des campagnes par le retour des actifs travaillant à 40-60km de leur lieu de résidence. En 1962, la population du canton de Fayence était de 6500 personnes, vivant principalement des produits de leur terre; en 2008, nous sommes 25 000 habitants permanents et 50 000 durant les 2-3 mois d'été. Nous devons tout cela à la voiture et au pétrole pas cher.

Prix des carburants et taxation

Le pétrole a franchi en janvier 2008 la barre psychologique des 100US$/baril (1baril=160litres), et les prix à la pompe ont atteint des niveaux sans précédent. En juin 2008, le prix a atteint les 140$/baril et la hausse devrait se poursuivre. L'augmentation affecte tous les carburants, essence, gazole, fuel domestique, gazole détaxé des routiers et des pêcheurs, kérosène des compagnies aériennes. La TIPP constitue une composante importante du prix à la pompe, et l'euro fort 1.45$/€ en janvier 2008 contribue à atténuer l'effet de la hausse du prix du pétrole puisque les transactions se font en dollars. La TIPP c'est une taxe fixe sur le litre de carburant vendu à la pompe 60cts/l pour l'essence, et 45cts/l pour le gazole. Comme les français, globalement, ont réduit leur consommation, à la fois à cause de l'amélioration des consommations spécifiques des véhicules des constructeurs, parce qu'ils réduisent leur kilométrage annuel, et qu'ils consomment plus de gazole car les voitures diesel sont plus prisées, le produit de la TIPP pour le gouvernement a baissé. La TIPP a rapporté l'année dernière à l'État et aux régions 24.6 milliards d'€. Soit 200 millions d'€ de moins qu'en 2005. Tout simplement parce que la consommation en carburant des français est en baisse. Les voitures neuves consomment moins. Et surtout, nous roulons moins. L'Insee a établi que les Français ont réduit leur consommation de carburants de 6% en quatre ans. En revanche la TVA sur les carburants augmente avec le prix du pétrole puisque c'est un pourcentage sur les ventes: 19.6% sur le coût de production - pétrole brut + transport maritime + raffinage + distribution - et sur la TIPP. Voir la décomposition en janvier 2008. La fiscalité par litre de carburant à la pompe représente en janvier 2008, 64% pour l'essence et 57% pour le gazole.

En 2007, la TIPP a rapporté à l'État 24.6 milliards d'€ et la TVA 6.6 milliards. Et plus l'essence est chère, plus elle rapporte à l'État. Mais ceci est un choix politique; l'État choisit les produits qu'il taxe pour contribuer à la constitution de ses recettes. Alcools, tabacs, carburants et autres... La France ne paie pas plus de taxes sur les carburants que la moyenne européenne. Voir ceci (page 11). C'est un choix européen qui résulte du fait que l'Europe n'a pas de pétrole et que tous les pays ont choisi d'en modérer la consommation. Ce fut le cas après le premier choc pétrolier en 1973. C'est la raison pour laquelle les constructeurs de voitures ont développé des véhicules économes en énergie et qu'ils continuent de le faire, poussés par le changement climatique et la nécessité de réduire les émissions de CO2. La situation est différente en Amérique du Nord, qui dispose de ressources pétrolières; traditionnellement les consommateurs ont eu des véhicules spacieux et lourds et peu économes en énergie, et l'État ne taxe pas les carburants mais autre chose pour constituer ses recettes.

Diesel gazole une particularité française

Une particularité de la France est la forte part du diesel dans notre consommation de carburants. Elle résulte là aussi du choix de fiscalité, à savoir une TIPP très inférieure pour le diesel (45cts€/litre) comparée à l'essence (60cts€/litre); ce choix auquel les consommateurs se sont habitués, a été fait pour favoriser les industriels, principalement les transporteurs routiers, les pécheurs et le petites et moyennes entreprises. Mais les constructeurs automobiles français, notamment avec Peugeot en tête, ont développé des moteurs diesel particulièrement performants et sont aujourd'hui en position d'excellence sur le marché mondial. Les moteurs diesel produisent moins de CO2/km que les moteurs à essence, et les constructeurs développent des technologies de filtration pour réduire en dessous des normes, les particules solides émises. Avec ces performances accrues, et une TIPP qui donne un prix à la pompe toujours inférieur à celui de l'essence en France, les consommateurs sont incités à la consommation de diesel. Mais la proportion relative de diesel et d'essence par le raffinage d'un pétrole brut est une donnée fixe qui dépend des caractéristiques du pétrole brut. Voir ce schéma du raffinage. Il en résulte que la France ne produit pas assez de diesel et trop d'essence. Ailleurs on produit trop de diesel et pas assez d'essence. La France importe donc du diesel et exporte de l'essence, notamment avec les États-Unis. Telle raffinerie distille puis convertit 90% du pétrole brut traité en carburants légers - essence, gazole et kérosène - dans les proportions respectives de 59% 29% et 5%. Voir raffinage mode d'emploi.

le prix du pétrole n'a pas de raisons de baisser

En Europe, comme en Amérique et ailleurs dans le monde, il importe de donner des signaux de vérité économique des prix, notamment l'impact sur l'air de atmosphèree qu'on ne peut plus considérer comme gratuit. Car dans le contexte nouveau du réchauffement climatique, il nous faut réduire notre dépendance du pétrole afin de réduire les gaz à effet de serre (CO2). Cela va nécessairement impliquer des changements de comportement, voire de mode de vie. Il est clair que la voiture est devenue indispensable à la plupart d'entre nous - même si à Paris 50% des habitants n'ont pas de voiture. Mais l'effet de la hausse du pétrole n'est pas le même effet selon que l'on a un bas revenu, un revenu moyen ou un haut revenu. La hausse affecte dramatiquement les bas revenus, ceux qui roulent en vieille voiture d'occasion et qui doivent faire un aller-retour de 40-60km voire plus, pour se rendre à leur travail. Et cela d'autant plus que les contrôles techniques deviennent plus draconiens et plus chers et qu'ils doivent être renouvelés tous les deux ans avec des réparations ou remises en état onéreuses. La hausse du prix du pétrole affecte peu les moyens revenus et pas du tout les hauts revenus, typiquement ceux qui se rendent pour travailler dans Paris en 4x4. Le prix actuel du pétrole devrait donc encore beaucoup augmenter pour les affecter.

Vu que tous les experts s'accordent à dire que le prix du pétrole ne baissera pas, mais qu'il pourrait encore augmenter - le prochain plafond psychologique serait-il 200US$/baril?, il va donc falloir s'adapter. Voir ici l'étude de l'INSEE sur la baisse de la consommation automobile en France. Il est très probable que, comme lors du premier choc pétrolier dans les années 1970, la tension qui s'établit sur le marché pétrolier va appeler de formidables progrès technologiques.

Par ailleurs, avec la conjonction du réchauffement climatique et les négociations de Bali suite au protocole de Kyoto, la prise de conscience des enjeux énergétiques est devenue planétaire, y compris chez les plus réticents jusqu'à présent, les États-Unis. Dans le cadre de ces accords, on va assister un un formidable transfert de technologies des pays développés vers les pays émergeants comme la Chine et l'Inde afin de leur permettre de disposer des technologies les plus avancées en matière de production d'énergie propre, sequestration et srockage du carbone, et économies d'énergie.

Quelle est la réalité de la hausse du pétrole; réserves, production, consommation et croissance de celles-ci.

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Mis en ligne le 06/03/2012