Néolibéralisme: la liberté pour les dirigeants d'entreprises
de faire tout ce qu'ils veulent pour le bénéfice de tous?

À propos de "Polémique et réactions autour du dossier Société Générale"

J'entends dire par des spécialistes de la finance et des entreprises du CAC40 qu'il est normal que les dirigeants de ces entreprises gagnent des sommes astronomiques. Comme les stars du football. De tels stars du business capables de diriger de telles entreprises, sont tellement rares qu'il est normal qu'ils aient des revenus faramineux.

Tiens, j'extrais ceci concernant le président de Vinci Antoine Zacharias. C'est de Jean François Kahn dans "abécédaire mal pensant" chez Plon.


Cela aurait pu ne jamais sortir des cercles d'initiés. Antoine Zacharias, le patron du groupe Vinci, avait décidé de prendre sa retraite de président et de confier la barre à l'un de ses hommes de confiance, Xavier Huillard. Sans doute, tout en assurant très juteusement ses beaux jours, conservait-il, en réalité, plusieurs fonctions largement rémunérées. Mais on en avait vu d'autres...

Au prix de quelques remoux, on s'apprêtait donc à refermer le couvercle. Quand, soudain, ce Zacharias s'avisa qu'il pourrait peut-être obtenir un petit rab. Il exigea donc, pour le récompenser d'avoir négocié avec succès le rachat de la part de l'État dans la Société des Autoroutes, qu'on lui verse une prime de 8 millions d'euros (35 millions de francs) – c'est ce qu'un salarié « médian » gagne en trois cents ans, c'est-à-dire ce qu'il gagnerait s'il travaillait depuis le règne de Louis XIV. Pour Zacharias, ce n'était qu'une prime. Une prime de trop, cependant, qui posa au nouveau président un cas de conscience. Il s'en ouvrit, avec beaucoup de circonspection, à son prédécesseur. Qui admit que cette ultime exigence était effectivement un peu indécente ? Pas du tout ! Il décida, au contraire, illico, de faire virer son successeur et fit convoquer un conseil d'administration à cette fin. Xavier Huillard en tira la conclusion qu'il était plus près de la porte que de l'augmentation. Perdu pour perdu, il envoya, à tous les administrateurs, une lettre de six pages pour leur révéler concrètement et froidement ce qui n'était, jusqu'alors, que murmuré. Formidable document qui révèle à quel point, en deux décennies, toutes les hiérarchies du rapport d'argent et du rapport à l'argent, et, en conséquence, toute la hiérarchisation de l'humain par rapport au financier, se sont radicalement inversées. En conséquence de quoi, un nouveau capitalisme est apparu, s'est imposé, qui bat en brèche toutes les valeurs et tous les principes du capitalisme libéral traditionnel.

Que découvrait-on, en effet, effaré, stupéfait, en lisant la lettre de Xavier Huillard : qu'Antoine Zacharias (dont l'entreprise avait considérablement prospéré grâce, notamment, à la contribution de tous ses personnels) s'était fait attribuer, en quelques années, des stock-options représentant 250 millions d'euros (bien lire euros) de plus-values, et qu'il s'apprêtait à se faire attribuer une nouvelle tranche de 50 millions d'euros, soit pas loin de 2 milliards de francs en tout ! Or, son salaire ayant été porté à 4,4 millions d'euros par an, soit presque 2,5 millions de francs par mois, il se voyait octroyer une retraite de 2,2 millions d'euros par an, plus une indemnité de faux départ de 13,2 millions d'euros réversible à son épouse et payable en Suisse. Voilà qui représentait un paquet d'adieu de 50 millions d'euros, soit ce qu'un salarié moyen gagnerait en deux mille cinq cents ans, donc en travaillant depuis Démosthène ou les derniers pharaons !

Or, ce n'était pas tout : ce que Xavier Huillard révélait, également, dans sa lettre, c'est que le groupe Vinci avait investi 50 millions d'euros dans l'achat, pour le compte de ses trois principaux dirigeants, dont Zacharias, d'un hôtel particulier rue Balzac à Paris (prix d'achat 12 millions d'euros, 33 millions d'embellissement dont 12 millions d'euros de meubles d'antiquaires, le tout payé sur des compteshébergés dans des paradis fiscaux, appartenant à des amis de la maison), et que l'architecte choisi avait également effectué, aux frais du groupe Vinci, des travaux dans trois résidences personnelles de Zacharias à Paris, en province et à Genève. Mieux : une somme de 430 000 euros annuels – 3 millions de francs – avait été affectée à des prestations de restauration destinées à l'hôtel particulier de la rue Balzac. Or, le patron de cette entreprise de restauration était un conseiller personnel de Zacharias, Serge Michel, membre du conseil d'administration, comme d'ailleurs Alain Minc qui vota toutes les augmentations de Zacharias et était lui-même payé pour ça. Enfin, ce même Serge Michel était actionnaire du restaurant de luxe Ledoyen au profit duquel les dirigeants du group Vinci signaient, chaque année, pour 422 000 euros de notes de frais. Au total, les sommes engrangées par Antoine Zacharias, avec, jusqu'au clash final, l'accord de son conseil, représentent plus de trois cent mille salaires mensuels, trente mille années de travail et de quoi créer, pendant un an, trente mille emplois.

Certes, ce cas est paroxystique ; mais il n'est pas totalement isolé. Bernard Arnault, patron de LVMH, dispose d'une possibilité de plus-value de 210 millions d'euros sur ses propres stock-options. Le patron de la compagnie d'assurances Axa, profite, lui, de 58 millions d'euros de plus-values en sus de son mégasalaire et autres primes. Tout cela, qui eût été inimaginable il y a encore vingt ans, témoigne d'une telle « centralité » de l'argent devenu mesure unique de toute chose, et d'une telle déconnection de ses principaux détenteurs d'avec la réalité de ce bas monde, qu'on peut se demander si le néocapitalisme devenu fou n'engendrerait pas chez ses principaux acteurs une forme de démence...


et les grands scandales financiers; les milliards perdus, aux frais des contribuables?

Voir livre Noir de l'ENA: promotion Titanic.

Extraits

Depuis 1974, la France régresse ; depuis 1974, la France se fait distancer par d’autres nations et son influence internationale n’a cessé de s’amoindrir.

Les analyses se sont multipliées, les explications ou plutôt les excuses, ont abondé, mais le déclin continue inexorablement.

Pourquoi ? Parce que personne n’a osé tirer la conclusion qui s’impose, encore moins osé formuler ce que certains vont considérer comme sacrilège : si la France décline, c’est à cause de sa classe dirigeante, celle que nous avons tous l’habitude de mettre sur un piédestal parce qu’elle représente la puissance, parce qu’elle tient la plupart des leviers de commande, parce qu’elle reçoit honneurs et décorations.

1974 : c’est le début de la montée du chômage mais aussi de l’arrivée au faîte du pouvoir des générations d’énarques de l’après guerre, parvenues à maturité. C’est une classe dont la plupart des membres, s’ils ont été brillants aux examens, sont incompétents une fois sur le terrain.

Lorsque les petits génies de cette classe s’affrontent au marché, lorsqu’ils le font hors la protection de l’Etat qui les a oints, cela se termine presque toujours par un désastre (voir les biographies de Promotion Titanic).

Très peu sont ceux qui ont survécu à une formation inadaptée et au mandarinat, formule qui a détruit la Chine médiévale et qui consiste à donner le pouvoir et la puissance à vie à des jeunes gens de 25 ans sous l’unique prétexte qu’ils ont réussi des concours difficiles. Pire encore, il ne s’agit même pas d’une classe mais d’une caste, c’est à dire d’un petit groupe d’hommes et de femmes, qui ont confisqué le pouvoir non pour servir la nation, ce qui était leur raison première, mais pour se servir eux-mêmes et multiplier leurs privilèges. En effet, si la grande majorité des énarques sert l'État avec compétence et dévouement, la centaine de carriéristes qui détient les postes clés à la tête de l'État ou des entreprises se caractérise quant à elle par son incompétence, son irresponsabilité et le service de ses intérêts personnels. Au sein de cette caste, il n’y a plus guère d’hommes d’Etat, d’hommes pour lesquels l’intérêt du pays passe avant l’intérêt personnel.

Le plus dramatique est que cette caste, qui paralyse la France, est composée d’un nombre très faible de personnes. Les anciens élèves de l’ENA, car c’est essentiellement eux dont il s’agit, sont à peine plus de 5000. Mais ce sont seulement quelques centaines d’énarques carriéristes qui ont la mainmise sur la quasi-totalité des postes-clés de la haute administration et du pouvoir exécutif, grâce auxquels ils contrôlent en fait le pouvoir législatif. Ainsi, près de 80% des postes de directeur du ministère des Finances, 75% des directeurs des cabinets ministériels, et la présidence de la République sont aux mains des énarques.

Les grandes entreprises françaises sont dirigées par une caste qui s'autoprotège;

Voir ces liens:


Mis en ligne le 02/02/2008 par Pierre Ratcliffe. Contact: (pratclif@free.fr) sites web http://paysdefayence.blogspot.com et http://pierreratcliffe.blogspot.com