Liban: violents combats au sud un mois après
le début de l'offensive israélienne

Courrier international 2006 Par Nagib KHAZZAKA

Des combats acharnés ont fait rage jeudi au Liban sud, où des colonnes de blindés venues d'Israël se sont lancées à l'assaut de nouvelles positions du Hezbollah, la milice chiite dont la résistance ne faiblit pas, un mois après le début de l'offensive israélienne.

Israël assure cependant qu'il n'a pas encore lancé les opérations plus étendues à l'intérieur du territoire libanais, décidées mercredi par le cabinet de sécurité, officiellement pour donner une chance d'aboutir aux difficiles tractations de paix en cours à l'Onu.

Des combats nocturnes particulièrement violents avaient éclaté dans le secteur de Marjayoun, une ville chrétienne située dans le sud-est de la zone frontalière. Les blindés venus du nord d'Irsaël sont ensuite partis à l'assaut de la localité de Khiam, une place forte des combattants du Hezbollah, distante d'une dizaine de kilomètres.

Selon des correspondants de l'AFP, le Hezbollah a lancé en fin de matinée une contre-offensive pour tenter d'arrêter la progression israélienne vers Khiam.

De violents combats se déroulaient en début d'après-midi, et plusieurs blindés israéliens ont été détruits dans la contre-attaque.

Selon la télévision satellitaire arabe Al-Jazira, huit soldats israéliens ont été blessés au Liban sud jeudi, une information non confirmée par l'armée israélienne.

Un mois de guerre n'a pas permis à Israël et à sa puissante armée de venir à bout de la résistance des combattants du Hezbollah, qui contrôlent le sud du Liban et bombardent quotidiennement le nord d'Israël de leurs roquettes.

Ceci est à rapprocher du concept de guerre de 4ème génération.

Leur chef Hassan Nasrallah avait assuré, Mercredi à la télévision, que la puissance de frappe de ses hommes était intacte.

"Nous allons transformer la terre du sud en tombeau pour les soldats de l'adversaire", avait-il assuré, en menaçant aussi Israël de nouvelles attaques meurtrières, et en appelant les habitants arabes de Haïfa, la troisième ville du pays déjà cible de plusieurs salves de roquettes, à partir de chez eux.

Si les combats terrestres se concentrent dans le sud du Liban, où Israël veut instaurer une zone de sécurité dans le secteur frontalier afin d'en éloigner les combattants du Hezbollah, la guerre qui a éclaté le 12 juillet a causé des destructions dévastatrices dans tout le Liban, où plus de mille civils sont morts.

Jeudi, Israël a demandé, dans des tracts largués par ses avions, aux derniers habitants de la banlieue sud de Beyrouth, un secteur chiite où est implanté le Hezbollah, de quitter leurs habitations.

Cette banlieue, pilonnée de nombreuses fois par les obus israéliens depuis le début de la guerre, est aujourd'hui en ruines.

Toujours à Beyrouth, un bombardement de la marine israélienne contre deux relais de la radio d'Etat, au coeur et au nord de la capitale, a fait deux blessés légers. C'est la première fois que Beyrouth même est touché par un bombardement depuis le 19 juillet.

D'autres raids sur la plaine de la Bekaa, dans l'est du Liban, ont fait un mort et 15 blessés selon la police.

Mercredi soir, l'armée israélienne avait procédé à d'importants mouvements de troupes à la frontière entre le nord d'Israël et le Liban sud, tandis que l'artillerie pilonnait systématiquement la région.

L'annonce de ces combats a suscité des interrogations sur un début de l'offensive terrestre d'envergure, après le feu vert donné par le cabinet israélien de sécurité.

Mais un porte-parole de l'armée israélienne a assuré que cette offensive élargie n'avait pas encore été lancée, et qu'il s'agissait d'une "opération ponctuelle" contre les positions du Hezbollah.

Selon les médias israéliens, qui citaient jeudi des responsables politiques, la mise en oeuvre de la décision d'étendre les opérations terrestres au Liban sud a été différée pour donner une chance aux efforts diplomatiques en cours à l'Onu.

A New York, les efforts au Conseil de sécurité en vue de la rédaction d'un projet de résolution retouché sur un cessez-le-feu piétinent depuis plusieurs jours.

Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité - Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Chine et Russie - devaient se réunir à nouveau jeudi.

Mais les discussions se heurtent à des divergences apparues après le rejet par le Liban d'un projet de résolution préparé par la France et les Etats-Unis, critiqué par Beyrouth parce qu'il ne prévoit pas de retrait immédiat des troupes israéliennes du Liban sud après l'arrêt des combats.

Le texte prévoit également le déploiement d'une force internationale au Liban sud.

Pour tenter d'arracher un amendement au projet, le Liban a décidé lundi d'envoyer 15.000 soldats reprendre le contrôle du sud du pays, dès le retrait israélien, avec une force de Casques bleus renforcée. L'actuelle Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) est déployée dans le sud depuis 1978.

Dans son allocution télévisée mercredi, Hassan Nasrallah a approuvé la proposition de déploiement libanais, crédibilisant de ce fait la position de Beyrouth et estimant que cela "ouvrira la voie à une solution politique à la crise".

Seule milice libanaise à ne pas avoir désarmé, le Hezbollah avait en effet toujours refusé le retour de l'armée dans le sud du pays.

La France et les Etats-Unis divergent cependant sur les moyens de prendre en compte le point de vue libanais, et le président français Jacques Chirac a averti mercredi qu'en cas de blocage, Paris pourrait faire cavalier seul et déposer son propre texte.


Voir communiqué de WorldAcademy sur cette guerre entre Israël et l'Hezbollah.

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Mis en ligne le 10/08/2006 par Pierre Ratcliffe. Contact: (pratclif@free.fr)