Qu'est ce qu'un paradigme ?

Un paradigme est un modèle de pensée qui organise et oriente la recherche et la réflexion dans un domaine de connaissances spécifiques, par exemple l'astronomie, la médecine, l'économie, ou l'écologie. Par exemple, le paradigme en vigueur dans le domaine de l'astronomie organise les connaissances acquises selon des méthodes propres, des hypothèses ou des présupposés, des non-dits, ce qui va de soi, ce que tout le monde admet, pense ou fait sans se poser de questions, bref, tout ce qui relève de l'observation courante accessible à tous et que l’on tient pour vrai. Cette description d'un paradigme, valable à un moment donné de l'histoire, correspond à ce que les anglais appellent "conventional wisdom" et que l'on peut désigner sous le nom savant d'épistémologie. D'après le "petit Robert" l'épistémologie est l'étude critique des sciences destinée à en comprendre l'origine logique, la valeur et la portée. L'épistémologie s'apparente donc au mode de fonctionnement de la connaissance.

Les médecins et les physiologistes qui ont refusé collectivement pendant plus de 100 ans la théorie d'Harvey sur la circulation sanguine présentaient-ils tous un déficit intellectuel majeur pendant toute cette période?. … non, évidemment pas. Seulement, un changement de paradigme nécessite le plus souvent de surmonter des obstacles épistémologiques qui désignent "des représentations induites en particulier par les expériences premières que nous avons associé à un concept" (Bachelard). Cette notion d'obstacle permet de comprendre les raisons de l’exemple de la circulation sanguine. Face à un changement de paradigme, les partisans d’un ancien paradigme ne sont pas sensibles aux caractéristiques d’un nouveau ni aux démonstrations qui réfutent l'ancien.

Un changement de paradigme contemporain. Les problèmes économiques actuels: globalisation, écologie, surconsmmation et déchets menacent l'équilibre de la planète.

Les effets des dysfonctionnements économiques actuels, qui contribuent à plonger notre société dans le désarroi, ont autant une origine épistémologique qu’économique, car les applications du dogme des théories économiques actuelles sont toutes fondées sur la gestion des ressources rares et sur la recherche de la meilleure allocation de ces ressources pour maximiser la production de biens et de services. (Voir l'article" Pénurie et abondance").

A cet égard, l'économie néoclassique a bien fonctionné puisque les autres systèmes ont échoué, notamment la plannification centralisée de l'ex URSS. Mais l'économie néoclassique n'a pas tenu suffisamment compte de la justice dans la distribution de la production puisque 15% des habitants de la planète, situés dans les pays développés, consomment 85% de la production globale et que dans ces pays eux-mêmes, des inégalités s'accententuent et s'accroissent entre ceux qui consomment et ceux qui sont exclus. Le paradigme avait comme présupposé que l'augmentation de richesse profiterait progressivement à tout le monde par un effet d'entraînement vers le haut. Il en a été ainsi mais de manière très imparfaite comme en témoignent les écarts croissants entre riches et pauvres entre le Nord et le Sud et dans les pays du Nord eux-mêmes. D'autre part l'économie néoclassique a occulté totalement le facteur d'échelle de la production globale à savoir le produit de la consommation par tête par la population. Or c'est ce produit qui fait craindre que l'économie mondiale ait dépassé les capacités de la planète à régénérer les ressources et les services naturels qu'elle nous fournit. Le retour à l'équilibre et à un développement durable, s'il est encore possible, passe par la baisse de la consommation par tête dans les pays développés où la fécondité est stabilisée et par la baisse de la population par la baisse de la fécondité dans les pays du Sud.

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Mis à jour le 27/01/2012