Allongement de la durée du travail: 41 ans en 2012
Le gouvernement se trompe.
car tout n'a pas été pris en compte

Suivant les recommandations du COR Conseil d'Orientation des retraites et du Rapport Charpin, le Gouvernement veut passer à 41 ans la durée de cotisations du régime général, donc de travail, nécessaires pour pouvoir liquider sa retraite à taux plein à partir de 2012 (à raison d'un trimestre supplémentaire d'ici là). Ce dispositif affectera de la même manière toutes les retraites complémentaires.

1993, le gouvernement Balladur faisait passer la durée de cotisations de 37.5 ans (150 trimestres) à 40 ans (160 trimestres); la mesure était répartie sur 10 ans à mesure d'un trimestre supplémentaire par an à partir du 1/1/1994. Voir tous les liens sur cette réforme.

C'est que sous Mitterrand arrivé au pouvoir en 1983, celui-ci avait permis aux français de faire valoir leur droit à retraite dès l'âge de 60 ans; mais le montant de la retraite était, et l'est toujours, soumis à la condition de la durée de cotisations, c'est à dire au nombre de trimestres validés aux régimes de sécurité sociale. 150 en 1993, puis un trimestre supplémentaire jusqu'en 2004 160 trimestres. A partir de 2012, il faudrait alors 164 trimestres pour pouvoir liquider sa retraite à taux plein. Tout manque de trimestres se traduit par une baisse de la retraite, non à proportion des trimestres manquants, mais d'une décote fixée de manière à dissuader les aspirants à la retraite de liquider leurs droits.

Le COR Conseil d'Orientation des retraites et le Rapport Charpin étaient chargés d'étudier l'évolution des régimes de retraites principalement en fonction de l'allongement de la durée de vie et de proposer les mesures nécessaires à assurer l'équilibre de ces régimes. La question du chômage et de sa structure, qui affecte plus les jeunes de moins de 25 ans et les seniors de 55 ans et plus n'était abordé que de manière analytique.

On ne peut pas considérer l'allongement de la durée de cotisations indépendamment de la situation économique, du chômage en général et de celui des seniors en particulier; le taux d'emploi des plus de 55 ans en France est faible parmi les pays d'Europe zone Euro (37%). Voir INSEE. Les entreprises contraintes à la restructuration se séparent en priorité des personnels non indispensables à la poursuite de leurs activités, et notamment des seniors; il s'agit soit de seniors les plus payés dans l'entreprise, soit de seniors dont les niveaux de qualification n'ont pas suivi le développement technologique de l'entreprise, par manque de formation ou inadaptation.

Si la situation économique reste ce qu'elle est avec une croissance molle, des délocalisations de nouvelles activités dans les pays à bas coûts de MO, si les entreprises continuent de licencier par priorité des seniors de 55 ans et plus, ceux-ci vont de toute évidence souffrir les effets négatifs du passage à 41 ans de cotisations.

Prenons un salarié senior qui serait licencié à 57 ans et qui à partir de là serait en indemnités de chômage; il a commencé à travailler à 21 ans et a cotisé sans discontinuer depuis 36 ans soit 144 trimestres; il lui manquera donc 20 trimestres. Au chômage il continuera d'acquérir des trimestres. À 60 ans, il aura acquis 12 trimestres de plus mais il lui en manquera encore 8; s'il veut prendre sa retraite à 60 ans, il devra accepter un abattement; s'il ne veut pas subir d'abattement il devra travailler 2 ans de plus. Voir ici les liens sur les abattements et leur mode de calcul

C'est pourquoi, le gouvernement annonce que les seniors licenciés ne seront plus dispensés de l'obligation de recherche d'emploi, afin de les inciter à se recaser. Et en plus, que les retraités pourront cumuler une retraite avec un emploi. Mais dans quelles conditions, car c'est possible maintenant mais à des conditions dissuasives pour la plupart des retraités, notamment les cadres.

Je soutiendrai donc la manifestation des syndicats le 22 mai prochain, car l'allongement de la durée de cotisations à 41 ans risque d'avoir des conséquences très néfastes pour les seniors qui continueront à être licenciés. On ne peut pas demander à la fois aux gens de cotiser plus longtemps et en même temps les licencier et les empêcher de cotiser. Seulement 37% des séniors (+55 ans) sont au travail.


Mis en ligne le 30/04/2008 par Pierre Ratcliffe. Contact: (pratclif@free.fr) sites web http://paysdefayence.blogspot.com et http://pratclif.com