Le gaz de schiste révolutionne la donne énergétique des États-Unis

L'ABI - association bagnolaise d'information (je dirai plutôt d'intoxication) - comme d'autres groupes écologistes, milite contre le gaz de schiste, notamment dans le sud-est de la France et le Var. On ne veut pas savoir s'il y a du gaz non conventionnel dans notre pays, où, en quelle quantité, et s'il est exploitable économiquement!

Pendant ce temps aux États-Unis, le gaz de schiste est en train de révolutionner la donne énergétique de tout le pays. Le gaz naturel est devenu si abondant déjà, que son prix est quatre fois moins cher que le pétrole à contenu énergétique équivalent (1$/gallon contre 4.12$ pour le pétrole. L'AIE anticipe que les US seront autonomes en pétrole et gaz dès 2020 [lien]. Ainsi ils seront indépendants de leurs principaux fournisseurs d'aujourd'hui - Canada, Mexique, Vénézuela et pays de golfe persique. Cela modifiera aussi les priorités de leur politique étrangère.

Mais il y beaucoup plus: le gouvernement s'apprête à voter la loi 1380 [lien]. Le gouvernement veut promouvoir la transformation énergétique en subventionnant les constructeurs de véhicules de transport routier qui passeront du diesel au gaz naturel et les stations services qui s'équiperont d'équipements d'approvisonnement en GN. Pendant ce temps, le charbon connaît pour la première fois depuis des décennies une baisse de la production [lien] (production 2011, 1.1 milliard de tonnes); les vieilles centrales se convertissent au GN. Quant aux coûts et prix, le coût d'exploitation du gaz de schiste une fois l'investissement des forages et l'équipement réalisés, est quasi nul. Ce sont les aléas éventuels de forage, le traitement des eaux de la fracturation hydraulique, la pollution possible de nappes phréatiques par défaut d'étanchéité de la colonne de forage à la traversée de la nappe, qui peuvent gréver les coûts. Mais les retours d'expérience sont déjà très nombreux et selon cette étude du "energy study group" de l'université de Yale [présentation ici], les bénéfices tirés des gaz de schiste sont très supérieurs aux coûts, même avec les prix du gaz qui ont considérablement baissé avec l'abondance de la production; Voir cette étude ici d'une équipe de 5 étudiants du "energy study group" de l'université de Yale. La rentabilité dépend principalement du volume de la production cad. du débit et du nombre d'années pendant lesquelles ce débit sera effectif. Pensez aux puits de pétrole en exploitation depuis des décennies en Île de France [lien].

C'est donc une activité promise à un brillant avenir, pour l'économie nord-américaine - production d'électricité, chauffage des bâtiments, transports, et industries chimiques - et grande pourvoyeuse d'emplois pour le futur, en raison de tous les usages énumérés ci-dessus et d'autres à venir. Un bémol toutesfois: on ne connaît pas le volume des réserves de gaz de schiste avec les mêmes degrés de certitude que des réserves de pétrole, et encore moins que des réserves de charbon ou de minerais métalliques cad. la relation production/jour et durée de vie (tout gisement connaît un pic puis une descente). C'est l'expérience qui dira quelle est la durée de vie effective de forages de gaz de schiste. Pour cette raison il est imprudent d'avancer des chiffres d'années de réserve à la consommation actuelle de gaz aux États-Unis; certains parlent de 100 ans, mais d'autres sont sceptiques au vu du ralentissement de la production de forages dans certains bassins - Haynesville et Barnett au Texas et Louisiane ainsi que Woodford dans l'Oklahoma.

En France, nos écologistes sont contre toute forme d'exploitation et de recherche de gaz de schiste sur le territoire français; un anachronisme qui évoque l'ancien régime. Ce sont eux qui fixent la politique de l'État et ainsi tuent la liberté d'entreprendre des sociétés pétrolières pour tenter de trouver si possible des ressources analogues chez nous, afin de satisfaire des besoins des consommateurs français dans le futur, ce qui fournirait de nombreux emplois pour ceux qui nous suivront.

Pour le moment en France nous n'avons que des données de l'inventaire géologique national [lien], cad. qui concernent des régions de France à bassins sédimentaires connus pour leurs conditions favorables à des accumulations de matières organiques - bassin parisien, bassin d'aquitaine, plaine d'Alsace, sud-est de la France - et où des ressources de charbon, de pétrole, et de gaz ont déjà été exploitées. Le gaz de schiste est une ressource potentielle entièrement nouvelle permise par les progrès techniques en matière de forages pétroliers, des techniques de la géophysique. Trouverait-on en France des bassins analogues à ceux de la ceinture de feu (ring of fire) des États-Unis? En France, on se refuse de le savoir. Mais au Royaume-Uni, en Pologne, en Allemagne, en Suède, en Chine et ailleurs, les recherches se déroulent.

Tout ceci ne doit pas empêcher de poursuivre tous les efforts pour développer les énergies renouvelables - hydraulique, solaire photovoltaïque et thermique, éolien, hydrolien..... car ce qui comptera demain c'est la diversité des sources d'énergie.


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Mis en ligne le 18/11/2012